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ces chrétiens avoient d'autres affaires chacun chez

eux.

AN.1301

Je ne voi que les Genois qui cette année firent un effort pour le fecours de la Terre fainte, encore y furent-ils excités par la devotion de quelques femmes nobles des premieres familles de la ville, dont on en nomme neuf entre les autres. Elles contribuerent de leurs biens jufqu'à leurs Rain. 13011 joyaux & leurs pierreries pour équiper une flot- ".33. te, & elles attirerent d'autres femmes, dont quelques-unes refolurent de s'expofer aux perils &' aux fatigues du voyage pour le fervice des croifez. Le Pape Boniface leur écrivit, loüant leur zele & leur courage; & il écrivit auffi aux quatre nobles Genois. qui devoient commander 7.34. la flotte; & craignant que les interêts particuliers les détournaffent de la fin principale de l'entreprise, il leur défendit de rebâtir ou fortifier aucune place dans la Terre fainte, fans une per-miffion particuliere du faint Siege. La lettre eft du neuviéme d'Août 1301. Le Pape donna la n. 35. commiffion à Porchetto Spinola de l'ordre des Freres Mineurs, d'être le promoteur de cette entreprife & d'exciter les peuples à cette croifa-de. Or ce religieux avoit été facré Archevêque de Genes, & ayant renoncé au titre, il étoit encore adminiftrateur de cette Eglife, dont le Pape lui rendit enfuite le titre. Mais cet armement des Genois n'eût aucun fuccès remarqua ble.

Porchetto Spinola fut employé par le PapeBoniface à reconcilier les Genois avec Charles le Boiteux Roi de Sicile car quelques-uns Rain. 13008 d'entr'eux, particulierement des familles Doria "10. 31. & Spinola, avoient pris le parti de Frideric d'Arragon & des Siciliens qui le reconnoiffoient pour Roi. C'eft pourquoi le Pape declara les Genois excommuniés par fa fentence publiée à Rome le

A 5

jeu

jeudi faint feptiéme jour d'Avril 1300. mais ils AN.1301. furent touchés de cette cenfure, & envoyerent à Rome des ambaffadeurs pour faire leur paix

11.17.

avec le Pape & le Roi Charles. Porchetto en fut le mediateur & fit convenir la république de Idem. 1301. Genes d'un traité de commerce avec ce prince, qui fut approuvé & autorifé du Pape par fa bulle du premier de Juin 1301. enfuite de quoy le Pape donna commiffion à Porchetto d'abfoudre. des cenfures ceux qui les avoient encouruës. La lettre eft du vingt-fixiéme d'Août.

12. II. 12.

1.48.

Charles de Valois arriva peu de jours après à Anagni où étoit la cour de Rome, accompagné de plufieurs Seigneurs & de cinq cens chevaliers Idem. 1301. François. Il fut reçu fort gratieufement par le Villani VIII. Pape & les Cardinaux ; & le troifiéme de Septembre le Pape le fit capitaine general de l'Eglife Romaine, avec pouvoir de faire la guerre aux ennemis par lefquels elle étoit attaquée, & de traiter avec eux s'ils fe foûmettoient. Le Pape le fit auffi Comte de Romagne & Paciaire ou pacificateur de Tofcane, & en cette qualité il Rain. n.14 entra le jour de la Touffaint à Florence, où le Pape renvoya un mois après le Cardinal Matthieu d'Aquafparta en qualité de legat, pour travailler avec Charles à réunir les factions qui déchiroient cette grande ville. Or le principal objet du voyage de Charles de Valois étoit d'aider leRoi Charles le Boiteux à recouvrer l'ifle de Sicile c'eft pourquoi le Pape lui donna des décimes à lever en France, en Italie, en Sicile, en Sardaigne, en Corfe, dans la principauté d'Achaïe, le duché d'Athênes & les ifles voifines.

#7.15.

VI.

:

Cette année commencerent les fameux diffeEvêque de Pamiers rends entre le Pape Boniface & le Roi Philippe emprifon- le Bel, à l'occafion de Bernard de Saiffet premier né. Evêque de Pamiers. Ce Prélat fut denoncé au Sup. liv. Roi, comme ayant voulu perfuader au Comte LXXXIX.

29.38.

de

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de Foix & au Comte de Comminges, de fe ré

volter & foustraire à l'obéïffance du Roi la vil- AN. 1308. le & comté de Toulouse, nouvellement réuni à Differends. la couronne. On l'accufoit auffi d'avoir dit que p. 627. &6. la ville de Pamiers n'étoit point du royaume, qu'il ne tenoit rien du Roi, que c'étoit un faux monoyeur, qu'il n'étoit pas legitime, & enfin qu'il ne valoit rien. Le Roi fit informer de ces faits, qui furent prouvez par une information juridique commencée le mercredi d'après la Tri- p. 634 nité vingt-quatriéme de Mai 1301. Enfuite le p. 629. Roi fit venir à Senlis les grands de fon royau-me, avec plufieurs docteurs, clercs & laïques ; & par leur confeil il fit arrêter l'Evêque de Pamiers qui étoit prefent, & le mit à la garde de Gilles Afcelin Archevêque de Narbonne fon metropolitain, afin qu'il lui fît fon procès jufqu'à la dégradation, & que le Roi pût enfuite le punir felon qu'il l'avoit merité. L'Archevêque de Narbonne fe chargea donc du prifonnier, du confentement de l'Evêque de Senlis, qui lui prê ta territoire pour cet acte de jurifdiction, & enfuite il obtint auffi le confentement de l'Arche-vêque de Reims..

En même tems on réfolut qu'un envoyé du p.630. Roi iroit informer le Pape de tout ce qui s'étoit paffe; & ajoûteroit : Quoique le Roi pût & dût envoyer auffi-tôt au fupplice un homme convaincu de tels crimes, qui font ceffer tout privilege toutefois il a voulu fuivre les traces de fes ancêtres, qui ont toûjours confervé les droits de leur Eglife & de l'Eglife Romaine leur mere. C'eft pourquoi il vous prie, faint Pére, de faire en cette occafion le devoir de vôtre charge, en dépouillant le coupable de fon ordre & de tout privilege clerical en forte que le Roi puiffe en faire juftice, comme d'un fcelerat incorrigible. L'inftruction de l'envoyé continuoit ainfi. Le

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Pape

Pape répondra vrai-femblablement qu'il ne peut AN,1 301. condamner un homme fans qu'il foit convaincu, & qu'il faut prendre l'une des deux voyes, ou de lui envoyer l'Evêque, ou d'examiner l'affaire en France; & en ce dernier cas, il faudra voir fi on procedera devant le metropolitain & fes fuffragans, ou devant un legat ou d'autres commiffaires du faint Siege. Il faudra fçavoir encore fi le Pape commettra feulement l'inftruction de la caufe, ou le jugement & même l'exécution; & on doit déliberer fur tous ces points.

Fape con

VII. Mais le Pape Boniface aïant apris l'emprifonPlaintes du nement de l'Evêque de Pamiers, écrivit au Roi tre Philip- Philippe une lettre qui commence ainfi : Suivant pe le Bel. le droit divin & humain les prélats & les personRam. n.28. nes Ecclefiaftiques, fur lesquelles les laïques n'ont Differ

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reçu aucun pouvoir, doivent jouir d'une grande liberté. On l'obfervoit du tems de vos prédeceffeurs; & nous fommes d'autant plus affligez que vous ne les imitiez pas, après que Dieu a tant étendu vôtre royaume. Car nous avons apris que vous avez fait amener fous fûre garde en vôtre prefence, nôtre venerable frere l'Evêque de Pamiers, & l'avez mis à la garde de l'Archevêque de Narbonne, fous pretexte de la fûreté de fa perfonne. C'eft pourquoi nous vous_prions & vous enjoignons de laiffer venir cet Evêque en nôtre prefence librement & fûrement, & lui faire reftituer tous fes biens, meubles & immeubles, & ceux de fon églife, que vous avez fait faifir; & ne pas ufer à l'avenir de pareilles voyes. Car vous devez fçavoir que vous avez encouru la peine canonique, pour avoir temerairement mis la main fur cet Evêque, à moins que vous ne propofiez devant nous quelque excufe raifonnable. Nous ordonnons auffi par une autre lettre à l'Archevêque de Narbonne, de délivrer

l'Evê

l'Evêque & le laiffer venir vers nous, nonobftant l'ordre qu'il a reçu de vous pour le garder. Cette AN.1301, lettre eft du cinquiéme Decembre 1301.

Le même jour le Pape écrivit au Roy une Differ.p.48. bulle qui commence Aufculta fili, où après une Rain. n.3 1. exhortation à l'écouter avec docilité, il dit; Dieu Jerem.1.10. nous a établi fur les Rois & les Royaumes pour arracher, détruire, perdre, diffiper, édifier & planter en fon nom & par fa doctrine. Ne vous laiffez donc pas perfuader que vous n'ayez point de fuperieur, & que vous ne foiez pas foumis au chef de la hierarchie Ecclefiaftique: Qui penfe ainfi eft un infenfé, & qui le foûtient opiniatrement eft un infidéle, féparé du troupeau du bon Pasteur. Or l'affection que nous vous portons ne nous permet pas de diffimuler que vous opprimez vos fujets Ecclefiaftiques & feculiers, les Seigneurs, la Nobleffe, les communautez & le peuple; de quoi nous vous avons souvent averti fans que vous en ayez profité.

Pour venir plus au détail, quoiqu'il foit certain que le Pape a la fouveraine difpofition des benefices, foit qu'ils vaquent en cour de Rome ou dehors; & que vous ne pouvez avoir aucun droit de les conferer fans l'autorité du faint Siége: toutefois vous empêchez l'execution de fes collations, quand elles precedent les vôtres, & vous pretendez être juge en vôtre propre caufe. En general vous ne reconnoiffez d'autres juges que vos officiers pour vos interêts, foit en demandant, foit en défendant. Vous traînez à vôtre tribunal les prélats & les autres Ecclefiaftiques de vôtre royaume tant reguliers que feculiers, tant pour les actions perfonnelles que pour réelles, même touchant les biens qu'ils ne tiennent pas de vous en fief. Vous exigez d'eux des décimes & d'autres levées, quoique les laïques n'ayent aucun pouvoir fur le clergé. Vous ne permettez pas aux

Préc

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