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penfer, autrement qu'il confirmeroit les mauvais foupçons qu'on avoit de lui. Après l'en avoir preffe plufieurs jours inutilement, enfin ils lui declarerent qu'il devoit leur donner fa confeffion de foi telle qu'ils la defiroient, où qu'ils le brûleroient lui & les fiens comme ennemis de l'Eglife. On marqua donc le jour, le peuple s'affembla, on preffa encore le patriarche de répondre. Il n'en dit pas plus que devant : fçavoir, qu'il étoit en voyage & qu'on ne pouvoit l'obliger à répondre que dans un concile.

Ils fe difpofoient à le brûler, quand un d'entr'eux s'avança & leur dit : Cette execution ne fera pas avantageufe à vôtre nation. Ce patriarche doit être puiffant à Alexandrie & avoir des parens confiderables, qui chercheront à vanger fa mort fur ceux d'entre vous qui vont trafiquer en Egypte. Ils trouverent qu'il avoit raison & se contenterent de donner au patriarche un terme de dix jours dans lefquels il devoit fortir du païs. Il paffa en terre ferme, mais il fut arrêté à Thebes par le feigneur du lieu, qui le mit dans une étroite prifon puis le relâcha en ayant reçu du foulagement dans une maladie.

Cependant le patriarche de C. P. continuoit de c. 23. c. 28. faire des proceffions deux ou trois fois la femaine & de tenir des conciles fans Evêques. Il étoit même le feul des quatre patriarches qu'on nommoit aux prieres publiques: celui d'Alexandrie étoit banni, comme nous venons de voir; le fiege d'Antioche étoit vacant, & quand il eût été rempli, le nouveau patriarche auroit été aliené de celui de C. P. à caufe du monaftere des Hodeges qu'on avoit ôté à fon Eglife. Le Patriarche de Jerufalem nommé auffi Athanase avoit été chaffe de fon fiege fur les accufations de Broulas Evêque de Cefarée de Philipes, qui fut intrus à fa place: mais on trouva qu'il étoit lui

même

même chargé d'excommunication. C'est l'état où George Pachymere laiffe l'Eglife Greque en finiffant fon hiftoire, qui contient quarante-neuf ans, vingt-quatre de Michel Paleologue & vingtcinq d'Andronic & finit par confequent en 1307. Maur. Da- Il marque la mort de Constantin Meliteniote vid. p. 63. fidéle compagnon de Veccus, qui mourut en Path.c.31. prifon étant démeuré ferme dans la foi catholi

que & l'union avec l'Eglife Latine. Il demanda

pour toute grace à l'Empereur d'être enterré dans Allat. conf. une des ifles defertes voifines de C. P. ce qui lui p.769.773. fut accordé. George Methochite compagnon de Grac. Or- fa prison y demeura feul & perfifta dans la même fermeté. Nous avons plufieurs écrits de l'un & de l'autre contre les fchifmatiques.

thod, to. 2.

1.4.5.

Le Roi de Naples Charles le Boiteux negocia plufieurs affaires avec le Pape à la conference de Rain. 1307. Poitiers. Premierement comme il prenoit le titre de Roi de Jerufalem, il promit que quand on feroit le paffage general pour le recouvrement de la Terre fainte, il iroit en perfonne, ou y envoyeroit un de fes fils avec trois cens chevaliers & vingt galeres. Que fi les Tartares prenoient la Terre fainte fur les Sarrafing & offroient de la m. 24. rendre aux Chrétiens, il y envoyeroit avec les autres Princes cent chevaliers pour fa part & cinq galeres. D'ailleurs il fe trouvoit chargé d'une dette confiderable envers l'Eglife Romaine › pour les fommes qu'elle avoit prêtées au Roi fon pere & à lui, afin de foutenir la guerre contre la maifon d'Arragon; & cette dette étoit de trois cens foixante-fix mille onces d'or dont il obtint du Pape la remise d'un tiers, c'eft-à-dire cent vingtdeux mille, & en donna fa reconnoiffance le vingtuniéme de Juillet.

XVIII.

Le Pape donna encore à Poitiers une bulle en Charobert faveur de Charobert petit-fils de Charles le BoideHongrie. , pour lui confirmer le royaume de Hon

declaré Roi

teux

bi.

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grie, contre les prétenfions d'Otton Duc de Baviere. En cette bulle le Pape Clement rapporte AN1307. ce qui s'étoit paffe fous Boniface VIII. & confir- n.15.16. me la fentence qui ajugeoit la poffeffion du roy-Sup. liv. aume à la Reine Marie de Hongrie femme de Charles le Boiteux & à Charobert leur petit fils. 24. Or après la mort du Pape Boniface & de Venceflas Roi de Bohême competiteur de Charobert, quelques Hongrois avoient appellé Otton Jo Thurocz Duc de Baviere & l'avoient fait couronner en 6.87. 1305. à Albe royale par Benoît Evêque de Vefprim & Antoine Evêque de Chonad. C'eft pourquoi le Pape Clement, par la même bulle, ordonne aux Hongrois, fous peine des cenfures les Rain.n.19. plus rigoureufes, de fe defifter de tout ce qu'ils 20. ont entrepris en faveur d'Otton, au préjudice de Charobert & de Marie : défend à Otton fous les mêmes peines de fe dire Roi de Hongrie, ou de s'emparer de ce royaume; & s'il y prétend quelque droit, le Pape lui donne un an de terme pour le venir pourfuivre devant le faint Siege, après quoi il n'y fera plus reçu. La bulle eft du dixiéme d'Août 1307. Elle fut addreffée à l'Ar- n.21. chevêque de Strigonie & à l'Evêque de Colocza pour être publiée en Hongrie avec ordre de citer devant le faint Siege Antoine Evêque de Chonad, pour rendre compte du couronnement d'Otton. Enfin pour tenir la main à l'execution & rétablir la paix en Hongrie, le Pape y envoya en qualité de legat Gentil de Montefiori Cardinal prêtre du titre de faint Martin aux monts, avec de très-amples pouvoirs.

Voilà ce que Charles le Boiteux obtint à Poitiers pour Charobert fon petit fils; & on peut croire que ce fut auffi à fa priere que le Pape donna commiffion pour informer des miracles de fon fils Louis Evêque de Touloufe. On avoit commencé dés le tems de Boniface VIII. à faire Tome XIX, F

quel

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quelques diligences pour parvenir à la canonisaAN.1307. tion de ce prince: mais la mort du Pape en ayant arrêté le cours, les archevêques d'Ârles,

d'Embrun & d'Aix avec leurs fuffragans & la ville Rain, n.22. de Marseille, representerent au Pape Clement V. qu'outre les vertus que le faint Prélat avoit pratiquées de fon vivant, il s'étoit fait & se faisoit continuellement des miracles à fon tombeau, & le Pape commit Gui Evêque de Saintes & Raimond Evêque de Lectoure pour informer de la vie & des miracles de Louis. La commiffion eft du troifiéme d'Août 1307.

7 XIX.

La plus grande affaire qui fut traitée à la conCapture ference de Poitiers & qui en étoit le principal fudes Tem- jet, fut celle des Templiers. Nous avons vû en pliers. Cont. Nang. plufieurs endroits de cette hiftoire que depuis tom. XI. long-tems cet ordre étoit fort decrié pour fa mauSpicil p.624. vaife foi, fon indocilité & l'abus de fes privileges. Sup. liv. Le proverbe de boire comme des Templiers, qui LXXII. n. dure encore après tant de tems, montre quelle LXXIX. n. étoit leur réputation fur cet article.

44.

49.

n. 18.

54.

to. 1.p.99.

696.

L'occafion des pourfuites faites contr'eux est LXXXIII. racontée en deux manieres, dont celle-ci me paLXXXIV. n. roît la plus vrai-femblable. Dans un château royal du diocese de Toulouse un nommé Squin de FloBaluz. vit. rian bourgeois de Beziers & un Templier apoftat furent pris pour leurs crimes & mis enfemble dans une forte prifon. Defefperant de leur vie à caufe des reproches de leur confcience, ils fe confefferent l'un à l'autre, comme faifoient alors ceux qui fe trouvoient fur mer ou en quelque Joinu.p.71, autre grand peril. Squin ayant oui la confeffion du Templier fit appeller le lendemain le plus grand officier d'un autre château royal, auquel il offrit de reveler au Roi de France un fait fi important qu'il en pourroit tirer plus d'utilité que de l'acquifition d'un nouveau royaume. C'est pourquoi, aioûta-t-il, faites-moi mener devant lui

bien lié & garoté car je ne découvrirai ce fait à homme du monde qu'au Roi, quand il m'en devroit couter la vie.

L'officier du Roi effaya par careffes, par promeffes & par menaces de perfuader à Squin qu'il lui découvrît le fait en queftion; & n'y ayant pû réüssır, il écrivit le tout au Roi Philippe, qui lui manda aussi-tôt de lui envoyer Squin à Paris fous bonne garde. Quand il fut arrivé, le Roi le tira à part, pour favoir la verité de la chose: lui promettant fûreté de fa perfonne & même recompenfe. Squin lui raconta de fuite la confeffion du Templier, favoir que dès l'entrée dans l'ordre & fouvent depuis, il s'étoit engagé à plufieurs erreurs contre la foi & à d'autres crimes qu'il avoit fpecifiés en détail. Auffi-tôt le Roi fit prendre quelques Templiers; & les fit interroger fur les faits qu'on lui avoit denoncés, qui furent trouvés veritables.

Le Roi en parla au Pape dès leur entrevûë de Lion en 1305. & lui en fit enfuite parler à Poitiers, comme le Pape reconnoît dans une lettre au Roi du vingt-quatrième d'Août 1306. où il Baluz. to. 21 témoigne que le Roi le faifoit par zele pour la P.75. Dupui. P. foi, & ajoûte: Nous avions peine à croire ce 100, qu'on nous difoit alors fur ce fujet, & qui nous paroiffoit même impoffible: mais ayant depuis oui dire des Templiers plufieurs chofes incroya bles & inoüies , nous fommes contraints de héfiter & de faire quoi qu'avec une extrême douleur tout ce que demande l'ordre de la justice. Or le maître des Templiers & plufieurs commandeurs de l'ordre, tant de vôtre royaume que des autres, ayant appris que l'on attaquoit leur reputation auprès de nous de vous, & de quelques autres feigneurs temporels; nous ont demandé instamment, non pas une mais plufieurs fois, de nous faire informer de la verité tou

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