Imágenes de páginas
PDF
EPUB

anciennes herefies, puis il ajoûte: On dit qu'ils A318. avancent beaucoup d'autres impertinences contre le facrement de mariage: touchant la fin du monde & la venuë de l'Ante-christ, qu'ils difent être proche. Mais comme ces propofitions ne font appuyées ni de raison ni d'autorité, elles fe détruifent d'elles-mêmes & ne meritent pas d'être refutées, il fuffit de les condamner. Voulant donc procurer la converfion de ces malheureux, ou du moins empêcher qu'ils ne corrompiffent les autres nous avons prié le Roi de Sicile Frederic de les chaffer de cette ifle & les remettre aux fuperieurs de l'Ordre; ce qu'il a commandé à fes officiers d'executer : mais les rebelles s'en font garantis par la fuite : quelques-uns font demeurés cachés en Sicile, d'autres fe font difperfés chez les infidéles, fous pretexte d'y prêcher la foi. C'est pourquoi nous vous exhortons tous & vous enjoignons de ne donner aucune aide, confeil ou faveur à Henri de Ceva, ni aux autres faux freres qui fe font refugiés en Sicile: au contraire de les prendre & les remettre entre les mains des fuperieurs de l'Ordre des Freres Mineurs, pour être chatiés comme ils le meritent. La conftitution eft du vingt-troifiéme de Janvier 1318.

XLIII. Freres Mi

neurs brû

feille.

198.

Le General de l'Ordre Michel de Cefene voulant faire executer la bulle Quorumdam exigit, lés à Mar. trouva de la refiftance principalement en quatre Religieux, Jean Barran de Toulouse, Deodat Baluz. 1. Michel, Guillaume Sauton, & Ponce Roque de Miell. p. Narbone, qui foutinrent opiniatrement en prefence du General que le Pape Jean n'avoit pas le pouvoir d'ordonner le contenu de cette bulle, & qu'ils n'étoient point tenus de l'executer principalement en ce qu'elle leur enjoignoit de quitter leurs habits finguliers pour en prendre d'autres à la difcretion du General; & de lui obéir dans

la

la referve du bled, du vin & des autres provifions, & en tout le refte. Ils foutinrent que cette AN.1318. ordonnance du Pape étoit contre le confeil de l'Evangile & contre leur vou de parfaite pauvreté. Le general ayant fait rediger par écrit cette declaration des quatre Freres, les envoya à Frere Michel Lemoine Religieux du même ordre, inquifiteur en Provence, avec ordie de proceder contre eux jufqu'à condamnation & punition.

L'inquifiteur les interrogea juridiquement s'ils perfiftoient dans les réponfès qu'ils avoient faites devant le pere General. Ils répondirent qu'oüi & qu'ils n'en vouloient rien retracter : ni obéir à ce qui leur étoit ordonné touchant le changement d'habit & le refte, parce qu'ils ne le pouvoient en confcience. Ils ajoûterent qu'ils prétendoient s'en tenir jufqu'au jour du Jugement aux proteftations & aux appellations qu'ils avoient formées contre les ordres à eux fignifiés de la part du Pape par Frere Etienne Albert miniftre provincial de Provence. L'inquifiteur leur remontra que ces proteftations contenoient des erreurs manifeftes contre l'autorité de l'Eglife & la primauté du faint Siege ; & qu'aucune regle de re ligieux ne doit être égalée à l'Evangile, puifqu'elles ont toutes reçu leur force de l'autorité faint Siege, qui par confequent peut les expliquer les changer & les abolir comme il lui plaît.

Après avoir exhorté plufieurs fois les quatre Freres à quitter leurs erreurs, l'inquifiteur prit le confeil de plufieurs Evêques & de plufieurs docteurs en théologie : qui jugerent tous que les articles foutenus par ces Freres étoient des herefies, & que ceux qui les foutenoient opiniatrement devoient être jugés comme heretiques. Raimond Evêque de Marfeille, à la priere de l'in

M 6

l'inquifiteur, effaya auffi de perfuader charitableAN.1318. ment aux quatre Freres de retracter leurs erreurs. L'inquifiteur leur fit même certifier par quelques Cardinaux que le Pape ayant fait lire en confiftoire public l'interrogatoire contenant leurs confeffions faites devant le general Michel de Cefene, declara de vive voix qu'elles étoient heretiques & qu'ils devoient être jugés comme tels. Enfin les quatre Freres demeurant inflexibles dans leur opiniatreté, l'inquifiteur leur donna pour terme peremptoire à oüir leur fentence définitive le feptiéme jour de Mai 1318. avant Tierce.

[ocr errors]

Ce jour donc il prononça fa fentence dreffée par écrit, & declara les quatre Freres Jean, Deodat, Guillaume & Ponce heretiques & défenfeurs de dogmes pernicieux; & comme tels jugea qu'ils devoient être degradés & abandonnés au jugement feculier : défendant à toutes perfonnes fous peine d'excommunication de foutenir les mêmes erreurs. Il ajoûta: Nous favons qu'elles tirent leur fource de la doctrine contenuë dans les écrits de Frere Pierre-Jean d'Olive fur l'Apocalypfe, condamnés au feu par tout l'ordre des Freres Mineurs de l'avis de plufieurs docteurs en théologie ; & que le Pape a commis quelques Cardinaux & quelques docteurs pour examiner ces écrits. C'eft pourquoi nous défendons à qui que ce foit, tant que cette affaire fera pendante devant le Pape, de rendre aucun honneur audit Pierre-Jean comme à un faint ou à un homme reconnu pour catholique.

[ocr errors]

De plus fachant certainement que Bernard d'Afpa frere du même Ordre a foûtenu que le Pape n'a pas eu le pouvoir de ftatuer ce que la même constitution porte touchant les greniers & les celliers, & qu'on ne lui doit pas obeïr en ce point; & voyant qu'étant arrêté par nôtre ordre il n'a point voulu abjurer cette erreur : nous

[ocr errors]

le condamnons à être emmuré perpetuellement & degradé de tous les ordres; & à porter toû- AN.1318.. jours deux croix jaunes fur fon habit de deffus: l'une fur la poitrine & l'autre entre les épaules. Le tout fous peine d'être livré au bras feculier comme impenitent.

Cette fentence fut ainfi prononcée à Marseille dans le cimetiere de N. Dame d'Agourt l'an 1318. indiction premiere le feptiéme jour de Mai, en préfence de Raimond Evêque de Marseille, de Scot Evêque de Comminges, de deux abbés, des fuperieurs des quatre Ordres Mendians de la Ville & de plufieurs autres témoins.. Auffi-tôt l'inquifiteur requit humblement l'Evêque de Marfeille de proceder à la degradation des quatre freres heretiques ce qu'il lui accorda. Et fur le champ il fe revêtit comme pour une ordination on prépara un autel. Il fe fit amener les condamnés revêtus comme pour faire fonctions de leurs or-dres. Ces trois premiers Jean, Deodat & Guillaume étoient prêtres, Ponce n'étoit que diacre. L'Evêque les exhorta encore à quitter leurs erreurs ; & fur leurs refus il les dégrada canoniquement chacun en particulier, les dépouillant de tout ordre, benefice & privilege clérical : puis il leur fit rafer la tête enforte qu'il n'y refta aucune marque de clericature.

Enfin ils furent laiffés au jugement feculier & reçus par Raimond de Villeneuve, chevalier viguier de Marseille & Roger de faint Martin fousviguier, que l'Evêque & l'inquifiteur prierent de leur épargner la vie. Mais comme cette priere Baluz to.1. n'eft que de formalité fuivant le ftile de l'inquifi- p. 117.693. tion, le viguier ne laiffa pas de les condamner à Rain.1318. être brûlés & les fit exécuter le jour même Emeric. diveille de l'apparition de faint Michel. Ils fu- rect. p. 283. rent honorés comme martyrs par ceux de leur D. 328. fecte.

n.53:

Chrift en

Denis Roi de Portugal envoya au Pape Jean AN.1318. Pedro Perés Chanoine de Conimbre & un gentilXLIV. homme nommé Jean Laurent chargé de fa proOrdre de curation pour folliciter l'érection d'un nouvel Portugal. Ordre militaire : ce que le Pape lui accorda, & Bauz. to..il inftitua ce nouvel Ordre fous le nom de la P.741. milice de JESUS-CHRIST dans les royaumes de P. 159. Portugal & d'Algarve pour la défense de la foi chrétienne contre les Sarrafins du païs & ordonna que le chef de cet Ordre feroit à Caftel-Marin au diocefe de Silve. Le Pape donna à ces chevaliers tous les biens qui avoient appartenu aux Templiers dans les deux royaumes. Cet Ordre de Christ devoit fuivre la regle de Cifteaux felon les conftitutions de Calatrava; & être fujet à la vifite & la correction de l'Abbé d'Alcobaça au diocese de Lisbone auquel le maître de l'Ordre devoit prêter ferment au nom de l'Eglife Romaine, comme auffi au Roi de Portugal. C'eft ce que contenoit la bulle du quatorziéme de Mars 1319. & le cinquiéme de Mai fuivant le Roi Denis étant à Santaren approuva & confirma cette inftitution par fes lettres. L'année précedente 1318. le Pape ayant envoyé au même Roi des reliques, reçut de lui un prefent de quatre mille pieces d'or.

Rain. 1318.

n. 40.

XLV.

royaume

La Pologne étoit fans Roi depuis deux cens Pourfuites quarante ans c'est-à-dire depuis que Boleflas le pour réta- cruel fon quatrième Roi s'etoit attiré la haine blir le publique pour le meurtre de faint Staniflas Evêque de Pologne. de Cracovie. Le Pape Gregoire VII. le declara Sup v déchu de la dignité royale & fes fujets abfous de LXII.7.62. fon obéiffance: les grands fe revolterent contre lui Longin. lib. & il mourut en Carinthie abandonné de tout le edit. 1711. monde. La Pologne revint au gouvernement des Ducs comme avant Boleflas fon premier Roi, & fe trouva notablement affoiblie par ce partage b.9.p.959. de l'autorité fouveraine. En 1316. Ladiflas Lo

3. P. 295.

Etec

« AnteriorContinuar »