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Pierre, comme vicaire de J. C. a exercé la puiffance de vie & de mort, en puniffant Ananias & Saphira. La réponse eft facile. Qu'un Evêque par fa feule parole faffe tomber mort un coupable, nous conviendrons qu'il tient de Dieu ce pouvoir : mais de tirer à conféquence ces miracles pour établir une jurifdiction ordinaire, c'est se moquer vifiblement des auditeurs.

Act. v. 5.

L'Archevêque employe ce paffage de faint Paul: 1. Car.v1.2. Ne favez-vous pas que les faints jugeront de ce monde? comme fi par les faints l'apôtre n'entendoit que le clergé au lieu qu'il entend tous les fidéles, & n'exclud que les payens, comme il est clair par la fuite du difcours. C'eft par la même erreur que le Prelat restraint au clergé ces paroles

de S. Pierre: Vous êtes la race choifie, le facerdoce royal, la nation fainte, qui s'adressent manifeftement à tous les fidéles. Il ne diffimule pas le 1. Pet.11.9. motif d'intereft qui engageoit les Prélats à foutenir cette cause, en difant: Si les Prélats perdoient ce P.1072. C.. droit, le Roi & le royaume perdroient un de leurs plus grands avantages, qui eft la fplendeur des Prelats: ils deviendroient plus pauvres & plus miferables que tous les autres, puifque une grande partie de leurs revenus confifte dans les émolumens de la justice. Ce n'étoit pas par ce motif que faint Auguftin & les autres Evêques des premiers fiécles fedonnoient tant de peine pour terminer les differens des fidéles: auffi ne mettoient-ils pas la gloire de l'épifcopat dans les richeffes & la pompe exterieure. L'Archevêque conclut que les droits une fois acquis à l'Eglife appartiennent à Dieu, comme les autres biens qu'elle poffede, & ne peuvent plus lui être ôtés fans facrilege.

La difpute de Pierre de Cugnieres contre les Prelats ne produifit rien, & augmenta plûtôt l'animofité des deux parties, qu'elle ne la diminua : en forte que les entreprifes continuerent de part & d'au

tre.

XV.

Jurifdition de P'Eglife Greque.

tre. Or je borne ici mes réflexions fur cette matiere,
jufqu'à ce que
la fuite de l'hiftoire m'en fourniffe de
nouvelles fur les moyens que les laïques ont em-
ployés, particulierement en France, pour restrain-
dre la jurifdiction ecclefiaftique, & la refferrer dans
les bornes étroites où nous la voyons aujourd'hui.

Je ne voi point de pareilles conteftations dans l'Eglife Greque, & j'en trouve deux raifons : l'une que les Evêques n'y ont jamais eu ni feigneuries ni offices, qui leur donnaffent part à la puiffance publique & au gouvernement temporel ; l'autre que l'Eglife Greque ne connoiffoit point le droit nouveau qu'adif. n. 8. voit reçu l'Eglife Latine: c'eft-à-dire les fauffes dé

cretales & les maximes établies en conféquence, comme j'ai marqué dans un autre difcours. Les Grecs connoiffoient encore moins le decret de Gratien, les décretales de Gregoire IX. & les autres compilations plus nouvelles que leur fchifme : tout leur droit ecclefiaftique confiftoit au code des canons de l'Eglife univerfelle & autres pieces comprises dans le recueil publié à Paris en 1661. fous le titre de Bibliotheque de l'ancien droit canonique. Leurs Evêques ne jugeaient que des matieres fpirituelles, & n'impofoient que des peines de même nature, c'està-dire des penitences ou des cenfures ecclefiaftiques.

Il n'en étoit pas de même en Syrie, en Egypte & aux autres pays de la domination des Mufulmans. Les Chrétiens leurs fujets avoient confervé, nonfeulement l'exercice de leur religion, mais encore l'obfervation des loix Romaines aufquelles ils étoient accoutumés depuis plufieurs fiecles; & leurs Evêques, comme en étant mieux inftruits que les autres, terminoient fuivant ces loix les differends des particuliers, non-feulement en matiere fpirituelle, mais en matiere profane du moins autant que le permettoient les infidéles leurs maîtres.

De velf. A

HISTOIRE

ECCLESIASTIQUE.

GT-D

LIVRE QUATRE-VINGT-DIXIÈME.

G

I. Differend del' Arche

Illes Afcelin Archevêque de Narbonne, tint un concile à Beziers où affifterent fept Evêques : fçavoir ceux de Beziers, vêque de de Nifmes, de Maguelone, d'Elne, Narbonne de Pamiers, d'Agde & de Lodeve, avec les Ab- avec le Vîbez de la Graffe, de faint Pons, de faint Guil- comte. to. lem, du Desert & d'autres. Ce concile fut tenu XI. Concil. à la fin du mois d'Octobre 1299. & il nous en refte une lettre au Roi Philippe le Bel, où les Prélats difent: Les Vicomtes de Narbonne ont tenu depuis très-long-tems de l'Archevêque tout ce qu'ils avoient dans le Bourg & dans la ville; A

Tome XIX.

&

P. 1430.

& le pere du Vicomte d'aujourd'hui en a prêté AN.1300. en fa prefence la foi & hommage à l'Archevêque. Toutefois le Vicomte au préjudice des fermens de fes prédeceffeurs, que l'Eglife peut & doit le contraindre d'obferver, a reconnu, felon que nous l'avons ouï dire, tenir ce fief de vôtre Majefté, & par furprife s'eft fait donner vos lettres pour autorifer fa faute, & annuler les conventions faites en entre vos prédeceffeurs & ceux de l'Archevêque. C'eft pourquoi nous vous envoyons en qualité de députez Berenger Evêque de Beziers, l'Abbé de faint Papoul & un Chanoine de Maguelone que nous vous fupplions d'écouter Sup. iv. favorablement. Berenger de Fredol Evêque de LXXXIX. Beziers depuis l'année précedente, étoit un de Savoient travaillé à la compilation du

ceux qui

Sexte des decretales, & fut depuis Cardinal.

L'Archevêque de Narbonne s'adreffa auffi au Pape Boniface VIII. & lui porta fes plaintes contre Amauri Vicomte de Narbonne : fur quoi le Rain.1300. Pape écrivit au Roi Philippe une lettre datée .28.29. du dix-huitiéme de Juillet l'an 1300. où il fe plaint que l'Eglife autrefois élevée & favorisée par les Rois, eft maintenant opprimée & réduite en fervitude par leurs officiers. Il exhorte le Roi à rendre juftice à l'Archevêque, fans écouter les mauvais conseils, & il ajoûte : Nous ne laifferons pas de proceder contre Amauri, fuivant nôtre devoir & la plenitude de nôtre puiffance, ainfi que nous verrons être expedient; & nous le faifons citer pour venir en nôtre prefence.

Par la même lettre le Pape écrivoit au Roi n. 27. touchant le comté de Melgueüil près de Montpellier, qu'il prétendoit être un fief de l'Eglife Romaine. C'eft pourquoi il prie le Roi de défendre à fes officiers d'inquieter fur ce fujet l'Evêque & le chapitre de Maguelone, qui étoient

en

en poffeffion de cette terre comme relevant du Pape; & pour établir fa prétension il envoye au Roi une lettre du Pape Clement IV. à faint ». 30, Louis, dont voici la substance. On avoit reprefenté au faint Roi que le comté de Melgueuil lui appartenoit ou à Pierre Pelet Seigneur d'Alais fon vaffal, & non pas à l'Evêque de Maguelone qui en étoit en poffeffion. Le faint Roi voulant éclaircir fon droit, confulta le Pape Clement qui lui répondit: Ce comté eft un fief de l'Eglife Romaine, comme il paroît certainement par de très-anciens titres du faint Siége. Bertrand Pelet, bifaïeul de Pierre, l'a tenu quelque tems, & les comtes de Touloufe en ont été auffi en poffeffion mais le Pape Innocent III. ayant privé Raimond le vieux de fes terres par fentence juridique, fit revenir ce comté à l'Eglife Romaine; & enfuite le donna à Guillaume Evêque de Maguelone & à fes fucceffeurs, à la charge d'un cens annuel. Ils l'ont depuis poffedé paifiblement toutefois depuis que nous fommes fur Chr. to. 3. le faint Siége, nous avons permis à l'Evêque de P: 583; Maguelone d'affigner quelques revenus à Pierre P.657. Pelet, pour le démouvoir de la prétenfion de fes ancêtres, & faire ceffer les clameurs du peuple. Après cette réponse, il ne paroît pas que faint Louis ait infifté fur fon droit.

V. Gall.

Catel Lang.

11.

Le Pape Boniface foutenoit en même tems une prétenfion fur une bien plus grande feigneu- Frétenfion du Pape fur rie, favoir le royaume d'Ecoffe. Alexandre III. l'Ecoffe.

Roi d'Ecoffe étant mort fans enfans l'an 1286. la fucceffion fut difputée entre Jean de Bailleul Hent.Knyh◄ & Robert de Brus. Jean avoit époufé la plus ton. p.2468. proche heritiere, Robert étoit fils de la foeur de cette princeffe. Le Roi d'Angleterre Edouard ayant été pris pour arbitre, prononça en faveur Wei.p«415• de Jean de Bailleul, qui le reconnut pour fouverain, & lui fit foi & hommage: mais enfuite

A 2

pre

Matth.

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