efclaves chrétiens qui s'y trouvoient en grand nombre, & revint dans la fetsche après avoir pillé toutes les maifons de la ville, & enlevé toutes les richeffes qui s'y trouvoient.

Pendant que Sigifmond régnoit en Pologne, Zolkievski, hettman de la couronne, conduifit les Cofaques de l'Ukraine contre les Turcs, auxquels il livra bataille fur la Zozora. Michel Chmelnizki s'y trouva en qualité de centurion ou

des Tartares; mais ils ne la gardèrent pas long-tems, car vers l'an 1266, les Génois vinrent la leur ôter, & y établirent le fiège de leur commerce dans l'Orient ce qui rendit cette ville pendant quelque tems une des plus floriffantes de l'Afie; mais depuis que les Turcs s'en font emparés en l'an 1474, après que la ville de Conftantinople fut tombée entre leurs mains, la ville de Cafa a beaucoup perdu de fon luftre cependant elle ne laiffe pas d'être encore à préfent la meilleure ville de la Crimée; mais elle n'a quafi point de commerce, à l'exception de celui des efclaves, que les Tartares de la Crimée, les Tartares Koubans, les Mingrelins, les Géorgiens & autres peuples Nomades des environs y viennent amener en foule, & qui font transportés de-là par tous les états de l'empire ottoman, & même jufqu'en Afrique. Cette ville peut avoir à préfent cinq à fix mille feux,

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fotnik. Ce Chmelnizki avoit déjà été en qualité de fecrétaire, ou plutôt de receveur, chez un staroste, c'est-à-dire, ancien de Tfchigirin, qui s'appelloit Jean Danilovitfch. Il avoit un fils nommé Sinovei qu'on appella auffi dans la fuite Bogdan, qu'il fit élever avec foin, & à qui il fit apprendre plufieurs langues.

C'eft vers ce même tems que les Polonois réussirent par leurs intrigues à faire élire hettman des Cofaques-Saporogues

& tout ce que l'on y voit de beau en bâtimens à été conftruit du tems des Génois. Elle eft habitée par des Juifs, des Mingréliens, des Chrétiens, Arméniens & Grecs, & Catholiques Romains, & par des Turcs : cependant les Chrétiens y font les plus nombreux, & jouiffent d'une entière liberté dans l'exercice de leur religion. Les Catholiques romains qu'on y trouve, font pour la plupart de la poftérité des familles génoifes, qui étoient établies en cette ville du tems que les Turcs en firent la conquête.

On trouve l'infcription fuivante au-deffus de la porte de la ville de Cafa:

Tempore magnifici Juftini

Baptifta confulis MDDDDLXXIII.

Il paroît que cette porte a été bâtie du tems d'un conful génois de ce nom.

Cufchka, qui peu après fut pris par les Turcs. Les Polonois lui firent donner pour fucceffeur Borodovka.

Ofman, empereur des Turcs, inftruit de la méfintelligence qui régnoit entre les Poloncis & les Cofaques, & de la jaloufie qui engageoit les premiers à enlever aux autres les occafions de fe fignaler, en profita pour attaquer les Polonois qu'il vainquit. Michel Chmelnizki resta fur le champ de bataille, & fon fils fut pris; mais deux ans après un tartare nommé Jaris, l'achèta & le mena en Tartarie.

En 1621, le même Sagaidatfchii que 1621. les Cofaques avoit élu hettman en 1597, & que les intrigues des Polonois avoient réduit à céder le pouvoir à leurs créatures, trouva moyen de tuer le hettman Borodovka qui s'entendoit avec les Polonois, auxquels il devoit fa dignité; & ayant été élu de nouveau par le confentement unanime des Cofaques, il raffembla, fans perdre de tems, fix mille Cofa

ques de troupes régulières, nombre convenu avec les Polonois, les Cofaques qui accompagnoient ceux-ci, étant cenfés fimples paysans, & il accompagna avec eux les Polonois qui marchoient contre Chotim pour combattre les Turcs qui furent vaincus.

Ce Sagaidatfchii étoit en même-tems préfet du couvent, nommé Kievo-Bradskoi, c'est-à-dire, la fraternité qui eft à Kiow, & il l'étoit en même - tems de l'académie (a) fondée dans la même ville. 1622. Il mourut en 1622, & fut enterré dans fon couvent.

Cette même année, Sinovei Chmelnizki revint de chez les Tartares où il

(a) Il faut entendre ici par académie ce que nous nommons ordinairement univerfité. Celle de Kiow fut foit jufqu'au tems de Pierre I, la feule qui exiftât dans la Grande; foit dans la Petite-Ruffie. Son origine remonte à un tems très-reculé, & fes claffes ont été toujours fort fréquentées. Le nombre des étudians montoit continuellement à quatre mille, & même plus, qui s'y rendoient de tous les côtés. On y enseignoit la philofophie & la théologie.

avoit

avoit été efclave. Il dut fa liberté au toi de Pologne qui le fit officier de fa garde.

Cette année eft encore remarquable par les plaintes amères que Conftantin Ivanovitfch, prince Oftrofchkii (a) porta 'dans le fénat même contre les odieux traitemens auxquels étoient expofés les habitans de la Petite-Ruffie. Il fut fortement appuyé par ceux que le roi de Suède avoit choifis pour faire les mêmes remontrances au fénat. Il le fut auffi par Wladislav, fils du roi de Pologne. Des plaintes fi bien fondées portées par des gens fi refpectables furent inutiles. Les feigneurs polonois fans y avoir aucun égard doublèrent les impôts que payoient les différentes marchandifes parmi les Cofaques. Ceux-ci se déterminèrent enfin, en 1624, à élire pour hettman un 1624. nommé Jaras, fous la conduite duquel

(a) Le même dont on voit la ftatue en marbre au Couvent Petscherski à Kiow.

Tome II.

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