ils commencèrent la guerre contre les Polonois, dont ils maffacrèrent un grand nombre. La république qui étoit en guerre avec la Suède, ne voulut pas s'expofer en même tems aux attaques de deux ennemis; elle fe relâcha avec les Cofaques, retira les ordonnances données à leur fujet, & par cette fatisfaction réuffit à faire la paix avec eux.

Sinovei Michailow itfch Chmelnizki, que nous avons déjà vu jouer un fi grand rôle dans l'hiftoire des Cofaques, étoit alors auprès du roi de Pologne, dont il avoit gagné la faveur en lui amenant vivans les deux Cantemirs alliés du Czar ruffe. Cependant il n'avoit pu réussir à faire foulager fes compatriotes dans la diète qui fe tint à Warfovie, & à laquelle il affifta en qualité de député des Cofaques.

La guerre continua entre la Pologne & la Ruffie. Celle-ci perdit une bataille près de Smolensk, dans laquelle périrent entr'autres fes généraux Schein & Liflof.

Cette victoire ouvrit la Ruffie aux Polonois qui affiégèrent Belof. Enfin ils conclurent la paix avec les Ruffes.

Pendant le cours de cette guerre, en 1633. 1633, le hettman Jaras mourut, & les Cofaques lui choifirent unanimement pour fucceffeur Simon Pereviaska; mais comme ils s'apperçurent qu'il penchoit pour les Polonois, & que ceux-ci reprenoient leur ancien plan d'oppreffion, ils le dépo→ sèrent & élurent Pavluk. Celui-ci les conduifit à Kamenka contre Koniepolzki, hettman de la Couronne. On en vint aux mains, les Cofaques furent battus & repouffés jufqu'à Boroviza.

Konicpolzki leur accorda la paix, le 1637. 6 décembre 1637, à condition qu'ils lui livreroient leur hettman, en leur promettant qu'il ne lui feroit fait aucun mal; mais les Polonois ne tinrent pas mieux cette promeffe, que tant d'autres qu'ils avoient faites aux Cofaques. Pavluk fut conduit à Varfovie, & y eut la tête tranchée, Les Cofaques lui donnèrent

pour fucceffeur Oftraniza, & à celui-ci pour adjoint un Cofaque nommé Gunia; dont la fageffe leur étoit connue.

Le traitement fait à Pavluk & la con

'duite des Polonois, étoit pour les Cofaques une preuve affez claire que le deffein de leurs ennemis étoit de les détruire entièrement. Animés par la vue des dangers qu'ils avoient à craindre, ils attaquent les Polonois & les défont dans les déferts voisins de la rivière de Stariza. Ceux qui échappèrent à la mort dans cette journée meurtrière demandèrent la paix, & l'obtinrent des Cofaques en jurant folemnellement qu'ils ne feroient plus inquiétés dans la jouiffance de leurs priviléges.

La paix ne dura pas long-tems; elle fut bientôt violée par les Polonois, qui eurent la lâcheté d'enlever Oftraniza & Gunia, & la barbarie de leur ôter la vie, après leur avoir fait fouffrir les plus horribles tourmens. Cafim Sotnisk, c'est-àdire, chef de cent Cofaques de la ville

de Kiow, périt de la même manière avec fon fils. Beaucoup d'autres Cofaques furent la victime de la cruauté des Polonois; les uns périrent fur la roue, les autres, par un genre de fupplice qui ne tomberoit pas dans l'efprit du plus cruel fauvage, & qui eft tout-à-fait digne de la cruauté raffinée des nations politées. On les suspendoit à de longs clous avec lefquels on leur déchiroit les flancs, & d'autres étoient écartelés, rien n'étoit plus capable de toucher ni de fléchir la cruauté 'des Polonois. Ils firent même rôtir des enfans fur des grils; ils en empalèrent d'autres, puis les exposèrent à l'ardeur, des brafiers ardens; on réduifit à l'efclavage ceux qui ne furent pas maffacrés ; on ne refpecta pas même les églises, elles furent profanées & les vases sacrés vendus aux Juifs.

Paltora Kofchuch fut élu en 1638 hett- 1638. man des malheureux reftes des Cofaques. Il les ramaffa dans le deffein d'aller venger avec eux la mort de leurs compa

triotes; mais arrivés à la rivière de Merla, ils revinrent fur leurs pas, parce que le bruit fe répandit que le princ Wifchnovezki s'avançoit contr'eux; mais cette crainte étoit mal fondée car la répu+ blique avoit alors peu de troupes, & le foldat ne pouvoit pas même réfifter à la rigueur du froid.

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Koniepolzki, hettman de la Couronne, craignant que les Cofaques de l'Ukraine ne fiffent alliance avec les Saporogues, & voulant prévenir les fuites fâcheuses qui auroient pu en résulter pour lui, fit bâtir la ville de Kudak près des cataractes du Dnieper, & en donna l'entreprise à des François. Pendant qu'il s'occupoit de ces travaux, Sinovei Chmelnizki vint visiter avec plusieurs Cófaques ce qu'on faifoit. Koniepolzki leur demanda s'ils n'approuvoient pas qu'on conftruisît cette forteresse ? Chmelnizki répondit en latin: Je n'ai encore vu aucun ouvrage de main d'homme qui ne pût être détruit par les

hommes.