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fies de notre fang font changées en leur nature: mais ce changement eft auffi évident que le fait le plus notoire. Il eft indubitable qu'il y a plufieurs éxemples parmi les phénomènes naturels de tranfmutations de fubftances, d'une nature en une autre ; quoique ces transmutations foient un mystère de la phyfique, dont l'explication embarraffera toujours les plus grands Philofophes.

§. 569. 5o. Nous devons remarquer que toutes fortes de particules du fang ne font point capables d'être changées dans la nature varioleufe, & que trèspeu le font, dans quelques corps; ce qui eft, je penfe, la raifon pourquoi quelques malades, attaqués de la petite vérole, ont très-peu de puftules & qu'à peine perfonne a deux fois cette maladie.

$.570.6°. Que quelle que foit la masse des atômes varioleux dans le moment qu'ils fe mêlent avec le fang, il faut qu'ils attirent quelques particules de ce fuïde, ou qu'ils en foient attirés, de manière à former dans les perfonnes qui prennent la maladie, des parties trop maffives pour circuler aifément dans les petits vaiffeaux, où elles pro

Tome I.

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duifent une irritation inflammatoire d'où réfultent tous les fymptômes. Car s'il n'y avoit pas une attraction & une union pareille entre les particules varioleufes, & certaines parties de nos fluïdes; & que ces particules ainfi réunies ne devinffent pas trop groffes pour paffer par les tuyaux excrétoires & par les pores cutanés, je ne comprens pas comment les puftules & les autres fymptômes de la petite vérole pourroient arriver.

§. 571.7°. Que fi toutes les parties intégrantes des fluïdes d'un corps fe trouvent incapables de prendre la qualité varioleufe, la petite vérole ne fçauroit être produite dans ce corps; parce qu'alors les exhalaifons varioleuses ne pouvant pas fe multiplier, ou s'unir avec aucune partie de nos humeurs, refortent par les tuyaux excrétoires fans produire la maladie, Ainfi les Médecins, les Apoticaires, les gardes malades, &c. qui ont déja eu la petite vérole, ne la reprennent pas, quoique placés très-fouvent comme dans une athmofphère d'exhalaifons varioleufes; parce que celles qu'ils reçoivent prefque continuellement par les vaif

feaux abforbans de la peau & par ceux du poumon, ne trouvant plus dans leurs fluïdes, de parties difpofées à prendre leur nature, & à s'unir avec elles, elles refortent du corps fous leur première forme.

cette vue

1o.

§. 572. II. Je dois montrer en fecond lieu qu'il eft probable de guérir la petite vérole dans l'état fébrile, de manière à prévenir l'éruption des puftules, & les autres périodes qui la fuivent; & par conféquent les fymptômes terribles qui y terminent fouvent la vie du malade. J'obferverai dans s'il y a des remèdes que › qui puiffent dans quelques heures altérer le tiffu & la qualité des parties contagieufes, reçues dans le fang, & détruire le pouvoir qu'elles ont de changer certaines parties de nos fluïdes en leur propre nature; ces remèdes, donnés à tems & en affez grande quantité, pourront alors guérir la petite vérole dans l'état fébrile, & en empêcher tous les périodes fuivans; 2. que s'il y a des remèdes, qui, dans quelques heures, puiffent rendre toutes les parties intégrantes de nos liqueurs, incapables d'être affimilées

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ou changées par les particules contas gieufes en la nature varioleufe, alors la petite vérole peut être guérie dans. l'état fébrile, & fes autres périodes prévenus. On peut conclure ce fait de ce qui a été dit (§. 571.)

§. 573. Si l'on peut donc obtenir une de ces deux chofes (§. 572.); c'est-àdire, fi la propriété qu'ont les exhalaifons varioleufes de changer en leur nature quelques-unes des parties de nos fluïdes, peut être entiérement détruite; ou fi toutes les particules intégrantes du fang peuvent être rendues incapables de l'affimilation varioleufe : fi l'un de ces deux effets, dis-je, peut être produit en peu d'heures par quelques remèdes, la petite vérole peut être guérie dans l'état fébrile, de manière à prévenir l'éruption des puftules, &c.

§. 574. Les remèdes, dont l'usage peut produire de tels effets (§. 573.) dans l'état fébrile de la petite vérole, ont été regardés par le Docteur Boerhaave comme des fpécifiques à l'égard de cette maladie. J'entens par fpécifique un remède capable de changer, de détruire, ou d'éloigner la cause

d'une maladie particuliere, & de guérir par-là la perfonne qui en eft affli gée. Comme le quinquina eft appellé le fpécifique des fièvres intermittentes, parce qu'il est assez efficace pour changer, où détruire la caufe qui les produit; de même, fi l'on peut découvrir un remède, qui puiffe altérer avec le même fuccès la matière varioleufe, & divifer affez fes particules pour les rendre incapables de changer en leur nature les parties de nos humeurs, & les mettre en état de fortir promptement hors du corps par les vaiffeaux excrétoires; un tel remede peut, felon moi, être regardé comme un spécifique de la petite vérole.

§. 575. Pour confirmer la feconde chofe propofée (§. 564.), il me reste à faire voir qu'il y a des remedes qui femblent pouvoir guérir la petite vérole dans l'état fébrile, de maniere à prévenir l'éruption des puftules, & les périodes fuivans de cette maladie.

§. 576. La probabilité de tels remedes eft appuyée, felon moi, fur les faits rapportés dans les hiftoires fui

vantes.

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