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tre en garde les Etudians en Médecine contre certains préceptes mal fondés, & établis fur l'autorité de quelques Médecins, célebres par leur grand fçavoir, quoiqu'imbus de quelques notions fauffes. Mais j'infifterai principalement fur l'article de la faignée. Quoique j'en reconnoiffe la néceffité lorfqu'il y a pléthore, & que je croye qu'on puiffe la permettre dans quelques autres cas preffans, comme lorfqu'une révulfion immédiate, faite de la partie affectée, eft abfolument néceffaire pour la guérifon du malade; je penfe néanmoins qu'elle eft généralement dangereufe, lorfque la quantité du fang n'exéde pas fa jufte mesure.

que

§. 626. Je commence par Féxamen du fentiment d'Avicenne, qui confeille (a) de faigner feulement dans le commencement de la petite vérole., fi l'état du malade le requiert; c'est-àdire, s'il y a pléthore. Il infinue. fe tems propre pour la faignée, eft depuis le premier moment de la maladie, jufqu'à fon quatrième jour; mais il obferve que lorfque l'éruption fe fait, cette évacuation ne doit point être em (a) Avicen. Oper. Tam. 2. p. 74. Cal.

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ployée, à moins que la matiere morbifique ne foit très-abondante. Dans ce cas, il dipermet ce remede pour minuer, comme je le fuppofe, la quantité de la matiere varioleufe. Mais il paroîtra évident que la faignée ne doit pas être confeillée pour cette raison, fi nous obfervons, 1°. qu'il ne peut fe faire par cette voye qu'une diminution très-peu confidérable des humeurs nuifibles; 2°. que dans les cas où le fang n'excéde pas fa jufte mesure, cette éva cuation diminue les forces du malade, & affoiblit les fonctions des organes, à proportion de la quantité du fang évacué. La premiere propofition paroîtra évidente, fi nous confidérons que la quantité des fluides dans un corps du poids de 160 livres, monteroit à 100 livres, felon le Docteur Keil (a), fi tout le corps étoit compofé d'arteres; ou à 150 livres, s'il étoit entiérement formé de vaiffeaux, dont les tuniques euffent toutes entr'elles la même proportion, qu'ont celles des veines. Mais pour accorder tout l'avantage poffible aux partifans de la faignée, nous fuppoferons que. la quan (a) De Secret. Animal.

tité des fluidés dans un corps de 160 livres, n'eft que de cent livres, ce qui eft fans doute beaucoup moins que la quantité réelle. Nous devons fuppofer auffi que la matiere varioleufe fe trouve mêlée & confondue avec toute la maffe du fang & de la lymphe; parce qu'il y a plufieurs raifons qui prouvent que ce mélange se fait bien-tôt après l'attaque de la fiévre. Il eft aifé de conclure de ce qu'on vient de dire, qu'une livre de fang ôté par la faignée, ne fçauroit emporter au-delà de la centiéme partie des particules varioleufes ; ce qui contribueroit fi peu à la guérifon du malade, qu'il feroit imprudent de confeiller cette évacuation dans la feule vue de diminuer la quantité de la matiere nuifible. Quant à la feconde propofition, il eft certain que lorfque le fang n'excéde pas fa jufte mefure, ou qu'il eft au-deffous, la faignée diminue les forces du malade à proportion de la quantité de ce fluide, évacuée par cette voye. Suppofé que dans ce cas, une perfonne attaquée de la fièvre foit faignée deux fois par jour, & qu'on lui tire une livre de fang chaque fois, ces

évacuations n'emporteront que fix parties de la matière morbifique; en forte qu'il en reftera encore 94 parties dans la maffe des humeurs, en même-tems la vigueur du malade, & la force de fes organes feront fi affoiblies par ces faignées, qu'il n'en pourra réfuster que des fuites fâcheufes.

que

§. 627. Cet Auteur (§. 626.) infinue, qu'après le fecond jour de la maladie, & lorfque les boutons commencent à paroître, les rafraîchiffans femblent être dangereux; parce qu'ils peuvent retenir les humeurs varioleufes dans le fang, ou occafionnant leur dépôt fur quelque organe principal, empêcher leur tranfport dans les puftules, & attirer ainfi des fymptômes terribles; tels que les infomnies, la difficulté de refpirer, &c. que par conféquent, on doit aider la nature par les remèdes qui échauffent le fang, qui diffipent les obftructions, & qui pousfent la matiere nuifible vers la peau (a). Cette idée est très-jufte dans les cas où le pouls eft foible & languiffant, & la chaleur naturelle trop petite; mais elle

(a) Avicen. tom. 2. p. 74. col. 2.

eft très-fauffe à l'égard des malades qui ont le pouls trop vîte, ou trop fort & la chaleur du corps trop ardente; comme il paroît par ce qui a déja été dit dans cet ouvrage.

§. 628. Méfué (a) enfeigne que la méthode curative, commune à la petite vérole & à la rougeole confifte dans trois chofes, qui font le retranchement de la caufe,le régime du malade, & la diffipation des fymptômes dangereux.On réuffit, felon lui, dans le premier objet, (par où il entend, je fuppofe, la diminution ou l'évacuation de la matiere varioleufe) par la faignée, lorfque les forces & l'âge du malade la permettent: en forte que Méfué confeille cette évacuation, parce qu'elle diminue la quantité des particules nuifibles; mais nous avons montré l'infuffifance de ce moyen, §. 626.

§. 629. Diomedes Amicus établit dans fon Chapitre de curatione variolarum (b), plufieurs préceptes très-utiles pour la conduite des perfonnes attaquées de la petite vérole. Il exhorte fes Lecteurs à obferver où tendent les mou

(a) Méfué Oper. de Febrib. putrid. p. 175-
(b) Tract. Diom. Amici, fol. 155. p. 200.

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