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eft échauffé & la fièvre violente (a). En un mot, la température de l'air de la chambre du malade doit être appropriée à l'état de ce dernier ; ce qui demande un jugement délicat de la part du Médecin.

(a) Le Docteur Arbuthnot, qui a développé avec tant de fçavoir les effets de l'air fur le corps humain, nous dit qu'aucune liqueur, prife intérieurement ne raffraîchit notre fang auffi-tôt que l'air frais: que la fcience de tempérer avec sûreté la chaleur fébrile par l'air extérieur est de la derniere importance dans les maladies inflammatoires, telle que la petite vérole: qu'une infinité d'accidens procédent de ce qu'on tient l'air de la chambre d'un fiévreux trop chaud, puifqu'on l'expofe par là aux mauvais effets des vapeurs animales qui détruifent l'élasticité de ce fluïde, & qu'on le prive de l'avantage de la réfrigération par l'air frais d'où il conclut que le jufte ménagement de l'air de la chambre des malades fait une des principales branches du régime dans les maladies inflammatoires (a). Si l'on s'attachoit donc à renouveler & raffraîchir l'air avec prudence dans ces maladies, on verroit fouvent l'ardeur de la fièvre & la violence du pouls s'y modérer promptement. Mais au lieu d'avoir cette fage attention, les partifans indifcrets de la faignée s'imaginent qu'il n'y a que leur favorite fouvent répétée qui puiffe opérer de fi grands effets. Dans

(a) Voyez effai des ffets de l'air fur le corps humain, traduit de l'Anglois du Docteur Arbuthnot.p.66.67, &€**

§. 93. II. Quant aux alimens, l'obfervation des régles fuivantes peut être d'une grande utilité aux malades.

I. Regle. Ils doivent être de digef tion aïfée. Nous fçavons par l'expérience que la qualité diffolvante des fucs digeftifs eft ordinairement foible ou diminuée dans les perfonnes affligées d'une maladie auffi fâcheufe que l'eft la petite vérole confluente, & le plus haut dégré de l'efpèce difcrétes ainfi une nourriture qui feroit difficile à digérer, produiroit immanquablement cette idée, ils faignent leurs malades jufqu'à Fextinction totale des forces, ou tant qu'ils remarquent de la fréquence dans le pouls. Or, comme celle-ci augmente ordinairement par les faignées plutôt qu'elle ne diminue, il arrive qu'on continue à tirer du fang jufqu'à ce que le pouls s'éteint avec la vie. Si la faignée demande jamais d'être faite avec prudence, c'eft certainement dans la petite vérole, où ce remède n'eft néceffaire que lorsque la trop grande violence de la fièvre pourroit empêcher ou empêche actuellement la fortie des puftules. Mais dans ce cas nême, une, ou deux faignées modérées fuffifent ordinairement. Vouloir trop modérer la fièvre, feroit s'oppofer au but de la nature, qui eft d'opérer l'expulfion parfaite du levain de la petite vérole Or, un certain dégré de fièvre eft inféparable de cet ouvrage, & c'est elle seule qui peut l'opérer.

de très-mauvais effets: car les alimens dont les parties ne fe réduiront pas aifément en une fubftance chyleufe par les liqueurs digeftives, opprefferont l'eftomac, cauferont des naufées, & formeront une maffe crue-indigefte, qui chargera le fang d'un chyle aigre ou vifqueux: de ce vice naîtront le dérangement de la tête, l'abbatement du malade, les obftructions des tuyaux excrétoires, la pléthore, & tous les accidens qui en font les fuites fâcheufes.

§. 94. Lorfque les puftules font peu nombreuses, que la fiévre eft diffipée, & l'appétit confidérable, on peut accorder au malade plus de liberté fur les alimens. Mais quand la maladie eft violente, il faut ufer de grande précaution à cet égard. Il est beaucoup plus sûr de ne donner que ce que les fucs diffolvans peuvent digérer avec aifance, que de donner ce qui égale ou excéde leur pouvoir. Le corps humain peut fubfifter long-tems, & cela avec vigueur, avec les alimens de la digestion la plus aifée.

§. 95. On doit remarquer ici qu'il y a une différence très-confidérable dans

la qualité des liqueurs digeftives des perfonnes, & des conftitutions différentes d'où il arrive quelquefois que la nourriture qui eft aifément digérée par l'un, ne l'eft que très-difficilement

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par l'autre on obferve que les appétits des différens malades découvrent géné ralement quelle espèce d'aliment est la plus convenable à leur tempérament particulier; à quoi par conféquent les Médecins doivent avoir égard. Cette obfervation s'accorde avec cet aphorifme d'Hippocrate, paulò deterior, & potus, & cibus, jucundior autem, eligendus potiùs, quam meliores quidem, fed ingratiores. Sect. 2. Aph. 38. Il enfeigne aux Médecins de permettre à leurs malades les alimens folides & liquides qui leur font le plus de plaisir, quoique d'ailleurs moins convenables plutôt que ceux qui leur font plus propres, mais moins agréables à leur goût. Mais en général la diète liquide ou humectante eft la plus propre pour les perfonnes affligées de la fiévre, felon cet autre aphorifme d'Hippocrate, victus humidus febricitantibus omnibus confert, maximè verò pueris, & aliis tali yiftu uti confuetis

§. 96. Par conféquent, les alimens propres pour les perfonnes attaquées de la petite vérole, font dans le goût des fuivans.

1°. Le gruau d'avoine, préparé en faifant bouillir une demi-once d'avoine écachée dans trois poiffons d'eau qu'on fait réduire à un demi-feptier. On peut ajouter à ce gruau, après l'avoir paffé, quelques grains de fel, une dragme de beurre frais, & une ou deux dragmes de fucre fin. On peut y joindre auffi, fi le malade le fouhaite, ou que fon eftomac puiffe le fupporter, quelques tranches de pain fort minces; on peut en retrancher le fucre felon fon goût.

2o. Le gruau de pain, qu'on prépare en faifant bouillir une once de mie de pain bien blanc dans trois poiffons d'eau qu'on fait réduire à un demifeptier on peut, après l'avoir paffé, l'adoucir, l'affaifonner, & le prendre comme le précédent, avec, ou fans tranches de pain.

3o. Le gruau de ris, préparé en faifant bouillir une once de cette graine, groffièrement pulvérifée dans vingt onces d'eau qu'on fait réduire à une

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