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remède par elle-même. Elle n'eft nullement produite par la furabondance du fang, mais par l'irritation des vaifleaux, caufée par les exhalaisons varioleufes qui ont reflué dans le fang. Toute l'attention du Médecin doit par conféquent fe réduire à calmer cette irritation par les anodins, à délayer la matière nuifible, & à l'évacuer fans trouble par la tranfpiration, les urines & furtout par les felles, felon la fage pratique que le fçavant Docteur Freind nous a laiffée là-deffus.

Les véficatoires font ici d'une grande utilité. Propres par leur nature à foutenir le reffort des vaiffeaux, ils produifent leur évacuation fans augmenter la foibleffe des malades. Ils ne diffipent d'ailleurs que les humeurs féreufes ou lymphatiques, avec lesquelles la matière varioleufe fe trouve principalement mêlée. Appliqués à la

nuque, ou entre les épaules, ils foulagent merveilleufement la tête, les yeux, & la poitrine. Si le malade fent un point de côté, ou un mal de gorge, il ne faut point négliger les réfolutifs fur la partie affectée. S'il étoit tourmenté d'une oppreffion confidérable & menacé de fuffocation, il faudroit joindre à ces fecours celui des fangfues, appliquées au col, ou celui des ventoufes plutôt que la faignée. Si du moins rien ne peut arracher aux zélateurs de ce remède, la préférence aveugle qu'ils lui ont vouée dans tous les cas qu'ils épargnent un peu plus qu'ils ne font, le fang de la victime expirante; & qu'ils ne le répandent que lorfque le malade encore jeune, & naturellement fanguin & robufte, n'a pas été faigné dans le commencement. Mais ce n'eft jamais le cas, lorfque les Partifans outrés de la faignée ont été appel

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lés dès le commencement de la maladie. Il arrive alors au contraire que les accidens fâcheux qui furviennent enfuite, ne font que trop fouvent l'effet de la trop grande effufion de fang. Parmi le grand nombre d'exemples que je connois de cette trifte vérité, je ne puis m'empêcher d'en rappor ter un tout récent. Un jeune hom me de vingt-cinq à trente ans attaqué de la fiévre & des autres fymptômes qui précédent ordinairement la petite vérole, effuya huit amples faignées les trois premiers jours de la maladie. Ces évacuations affoiblirent fi fort la nature qu'elle ne fut plus en état d'opérer la fortie des puftules qui refterent toujours plates; & la victime expira vers le fixième jour. Cette pratique devient encore plus meurtriere dans les mains de ceux qui gorgent leurs malades de rafraîchiffans. Il eft vrai que

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ces remèdes, modérés dans leur qualité,conviennent généralement mieux que les cordiaux ; mais il n'eft pas moins vrai qu'après l'éruption, il eft ordinairement néceffaire de les marier fagement avec les légers atténuans. Sans cette fage précaution, on empêche fouvent le développement & la féparation de la matière varioleuse que la nature eft occupée à pouf fer vers la peau. Mais il n'y a que la qualité du pouls, le tempérament plus ou moins vif,ou phleg matique du malade, & une infinité d'autres circonftances qui fe préfentent journellement au Médecin, qui puiffent lui apprendre les cas où les rafraîchiffans feuls: conviennent, ceux où ce font les cordiaux, & ceux enfin où la proportion des uns doit l'emporter alternativement fur celle des autres dans le fage mélange qu'il convient d'en faire.

Si la petite vérole étoit toujours benigne & réguliere, le feul régime approprié au tempérament du malade, feroit fuffifant. Dans les petites véroles compliquées même, il y auroit moins de danger d'abandonner la maladie à la natu

re, que d'épuifer cette deniére par les grandes & fréquentes faignées, comme on ne le fait que trop fouvent.Cela eft fi vrai que le nombre de ceuxqui meurent de la petite véroledanslesProvinces où l'on faigne le moins, n'eft rien en comparaifon de ceux qui périffent entre les mains des Partifans outrés de la

faignée. Il paroît enfin par la pratique de Mr Lobb, qu'il eft en général moins dangereux de s'abftenir de la faignée dans la petite vérole, que de l'y employer. Nous obfervons d'ailleurs dans fes Hiftoires que ceux qui avoient éprou vé cette maladie dans fon plus haut degré, étoient ordinairement

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