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§. 42. J'ai tâché de rendre ce Livre utile à tous ceux qui trouveront à propos d'en faire ufage, & je me flate que les Chefs de famille, les Apoticaires & les Chirurgiens de campagne ( où ils font fouvent dans la néceffité de pratiquer la Médecine) trouveront dans cet ouvrage des inftructions, qui pourront leur faire éviter les méthodes qui ont été funeftes à plusieurs, & leur fournir en même tems les fecours propres à opérer la guérifon de plufieurs malades, qui fans eux auroient perdu la vie. Mais on ne fçauroit penfer avec raifon que ces perfonnes foient en état de conduire le malade dans tous les cas dangereux de petite vérole, avec autant de fageffe & d'avantage qu'un Médecin expérimenté.

9. 43. Je vais expliquer à préfent pour une plus grande intelligence de cet ouvrage, quelques expreffions dont je me fers de tems en tems.

1o. Par particules fébrifiques, j'entens des particules de matière exiftantes dans nos fluides, & propres à produire les fymptômes de la fiévre, foit qu'elles tirent leur origine d'un chyle mal digeré, tranfmis dans le fang, ou

ou de la matiere de la tranfpiration, & d'autres humeurs excrémenteufes,retenues dans ce fluide; foit qu'elles procédent des exhalaifons infectées des corps malades, ou d'autres matiéres nuifibles répandues dans l'air, & portées de-là dans la maffe du fang par les vaiffeaux abforbans de la peau & du poûmon, ou avec nos alimens. Toutes ces caufes venant à changer en leur propre nature, les particules du fang & de la lymphe, fufceptibles de cette tranfmutation, forment en attirant ou étant attirées, des parties trop maflives pour pouvoir être chaffées du corps avant leur attenuation fuffifante, comme il arrive dans la plupart des fiévres exanthematiques: ou bien les particules febrifiques font d'un caractere propre à rompre la cohésion naturelle des parties conftituantes du fang, comme dans les fiévres accompagnées d'évacuations colliquatives.

Mais que ces particules foient d'une nature épaiffiffante ou diffolvante, elles font dans les diverfes efpéces de fiévres, très-différentes dans leur tiffu, leur configuration & leur maffe: mais je ne prétens point les décrire ici, n'é

tant

tant même pas rendues fenfibles par les meilleurs microscopes. Il nous fuffit de pouvoir connoître par les fymptômes ou les effets des différentes fiévres, celles qui font produites par les causes épaiffiffantes, celles qui le font: par les diffolvantes, & celles qui le font partie par les unes & partie par les autres.Nous pouvons déduire de cette feule connoiffance les véritables indications curatives de chaque efpéce de fiévre, & le régime avec les remédes qui leur conviennent.

§. 44. 2°. Par particules morbifiques, j'entends toute forte de particules de matiere, capables de produire quelque maladie.

§. 45. 3°. Les particules varioleufes font cette efpéce de particules morbifiques qui produifent & foutiennent cette fiévre exanthematique que nous nommons petite vérole.

§. 46. 4°. J'appelle ébullition du fang, le mouvement rapide de ce fluide, qui eft accompagné d'une chaleur extraordinaire; je me fers plutôt de ce terme dans le fens métaphorique que dans le littéral. Je remarquerai ici que lorfque le fang eft dans cet état, on peut

Tome I.

d

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dire qu'il eft raréfié, c'eft-à dire, qu'il occupe plus d'efpace, & que les intervalles laiffés entre fes parties font plus grands que dans l'état naturel : mais je dis qu'il eft évident par plufieurs cures rapportées dans les Hiftoires de la feconde partie de ce Traité, que cette rarefaction peut être diffipée fans le fecours de la faignée & par les feuls remèdes qui modérent la chaleur du fang, & en condenfent les parties.

§. 47. 5°. L'atténuation d'un fluide eft l'action de le rendre plus tenu ou plus clair, quels que foient les moyens qu'on employe pour cela,foit par exemple,qu'on ait recours à l'addition d'une liqueur plus claire, comme il arrive lorfqu'un firop eft atténué en y mêlant de l'eau ; foit qu'on fe ferve de la chaleur, comme lorfqu'on rend par fon moyen les gélées & diverfes efpéces de fubftances oleagineufes, plus claires & plus fluides.

§. 48. 6°. Le mot de divifion qui regarde proprement les particules de matiere confondues avec les humeurs, fignifie l'action de les rendre moindres; ce qui peut s'effectuer en les divifant & les fubdivifant en d'autres affez

petites pour paffer aifément par les tuyaux excrétoires. Enfin le terme d'atténuation regarde la maffe du fang même: à la vérité,on peut dire que toutes les chofes qui diminuent la cohéfion des parties conftituantes du fang,

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qui divifent en plus petites les particules groffieres qui s'y trouvent mêlées atténuent ce fluide. Parconféquent toutes ces fubstances peuvent être nommées atténuantes ainfi que divifantes; quoique très-differentes dans leurs qualités & leurs manieres d'agir. Il ya dans ce fens étendu diverfes efpéces d'atténuans, tels que les rafraîchiffans, les échauffans, les nitreux les acides, les fulphureux, les volatils, les aromatiques, &c. Il peut y avoir certaines chofes dans cet ouvrage que tout le monde n'entendra pas avec la même facilité : mais j'efpere que toute perfonne d'une capacité médiocre, comprendra clairement les inftructions que je

que je donne pour la conduite des malades attaqués de la petite vérole.

§. 49. On doit fe fouvenir ici de deux chofes à l'égard de cette maladie. 1°. Que les atomes varioleux peu

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