Imágenes de páginas
PDF
EPUB

nairement aux enfans dans la petite vérole confluente, & le plus haut degré de l'efpèce difcrete; ceux-là l'ont regardé comme le falut de ces jeunes malades: les uns blâment généralement la faignée dans cette maladie, les autres l'y regardent comme le principal remède. Cette variété de fentimens ne peut être que trèspernicieuse à la vie des hommes. Parconféquent, le Médecin qui pourroit les concilier, & déterminer les cas où chacun de ces remèdes peut convenir, rendroit un fervice effentiel au genre-humain. Je croi que M. Lobb eft un de ceux qui a le mieux éclairci tous ces points importans. Les jeunes Praticiens trouveront dans fon ouvrage la maniere de fe conduire dans les différens fymptômes & les diverfes circonftances de la petite vérole, en variant un peu les remèdes felon le climat où ils pra→

tiqueront, les faifons de l'année, & le tempérament des malades qu'ils auront à traiter. Si la traduction de cet ouvrage eft aussi utile à mes compatriotes que je le fouhaite, mon but fera rempli. Je fçai qu'il combat un préjugé trop enraciné en France, & fur-tout à Paris, pour trouver une approbation générale. Les Partifans outrés de la faignée, & les ennemis. des narcotiques condamneront d'entrée le Livre de M. Lobb. Tant que l'entêtement fubfifte dit l'illuftre Auteur des meurs » de ce fiècle, l'on ne trouve rien de bien dit ni de bien fait que » ce qui part des fiens, & l'on eft incapable de goûter ce qui vient d'ailleurs; cela va jufqu'au mépris pour les gens qui ne penfent pas comme nous. » Comme ce caractère de préfomption eft plus nuifible dans un Médecin que

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

رو

[ocr errors]

dans tout autre,

[ocr errors]

le bien de la fo

ciété exige les plus grands efforts pour détruire les préjugés de Médecine. Celui de la fréquente faignée dans prefque toutes les maladies fait tous les jours tant de victimes de nos François, qu'on ne fçauroit trop élever fa voix contre cette pratique meurtriere. Quoiqu'elle fe trouve pleinement réfutée par les raifons & l'expérience de notre Auteur, j'ai crû que l'importance de la matière pouvoit me permettre de raffembler ici fous un point de vûe, les cas où la faignée peut convenir en France dans la petite vérole. Les réfléxions que nous ferons à cet égard feront applicables aux autres maladies. Heureux fi elles pouvoient un peu rabatre de la manie où l'on eft à Paris de vouloir guérir toutes les maladies en détruifant le principe de vie ! La conduite qu'on y tient reffemble affez à celle d'un homme qui pour en

fauver un autre d'un embrafement,
lui lieroit les mains & les piés.
Il n'y a certainement point de
maladie où l'abus de la faignée de-
vienne plus dangereux que dans
la petite vérole. La fiévre qui en
eft inféparable, eft le moyen dont
la nature fe fert pour fe délivrer
de la matière nuifible. Vouloir
donc détruire ou trop affoiblir
cette fiévre par les grandes & fré-
quentes faignées, c'eft s'oppofer
directement à la guérifon du ma-
lade. La chofe eft fi vraie que dès
que l'éruption eft faite ou le fort
du combat fini, la fiévre & les
autres fymptômes fe diffipent, ou
du moins diminuent beaucoup
dans les petites véroles difcretes :
il eft vrai que dans les confluentes
& celles dont les puftules font
fort nombreuses, elle fe foutient
dans un degré plus confidérable;
mais c'est parce qu'elle y eft en-
core néceffaire pour opérer la fé--

[ocr errors]

qui font fort jeunes ou fort vieilles; celles d'un tempérament foible, ou ufé; les cachectiques ceux qui font attaqués de confomption, les hydropiques; ceux qui font naturellement pâles &. flegmatiques; les femmes hyftériques, celles qui attendent bientôt leurs règles; les perfonnes naturellement abbatues, & dont le fang eft appauvri ; les gens enclins à fuer, ceux qui ont coûtume de s'évanouir dans la faignée, &c. Nous dirons en un mot qu'il n'eft point de Médecin, ancien ni moderne, qui ne convienne de la néceffité de la faignée avant que l'éruption fe faffe, fi la pléthore eft bien conftatée. Il n'y a aucun dou te fur fon existence, fi le malade, naturellement fanguin & robufte, eft grand mangeur, s'il n'a pas été faigné, ou n'a fouffert aucune hémorragie depuis long-tems, s'il a les veines groffes & gonflées, le

« AnteriorContinuar »