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pouls plein & fréquent, la coufeur animée, les yeux étincelans, s'il fent une chaleur brûlante dans le corps, ou s'il est affligé du dé

lire,

ou de douleurs violentes dans la tête, le dos, &c. avec de grandes agitations. Tout malade qui fe trouve à peu près dans ces circonftances, doit être faigné une, deux, ou trois fois, felon que les fymptômes énoncés fe foutiennent, ou que la fiévre & la chaleur font plus ou moins violentes. Si après ce nombre de faignées le pouls paroît encore trop élevé, & la circulation trop rapide, on ne doit plus avoir recours qu'aux rafraîchiffans convenables, & bien ménagés, pour calmer la trop grande raréfaction des humeurs, & favorifer la fortie des puftules. Vingt à vingt-cinq onces de fang, tirées à trois ou quatre reprises, fuffisent pour diffiper la pléthore la plus confidérable. Les

réfléxions fuivantes vont mettre ce principe hors de doute.

Premiere réfléxion. La nature toujours fimple & invariable dans fes loix, diffipe la plénitude menftruelle des femmes, & tous les fymptômes qui en dépendent, par perte de dix-huit à vingt onces de fang. Si cette perte s'étend beaucoup plus loin, il en résulte une infinité d'accidens trop connus de tous les Médecins pour les

la

détailler ici.

Deuxième réfléxion. I orfque la nature guérit quelque maladie inflammatoire par une hémorragie, celle-ci n'eft guère portée au-delà de la quantité du fang qu'on évaque ordinairement par une, deux, ou trois faignées. Si l'hémorragie eft beaucoup plus confidérable elle devient mortelle, ou eft fuivie d'accidens très - fouvent incurables..

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Troifiéme réfléxion. Les hémor

ragies forment l'évacuation la moins fréquente, dont la nature fe fert pour opérer les crifes, & guérir par-là les maladies: pour une cure qu'elle fait par cette voie, elle en opére cent par les fueurs, les felles, les urines, ou les éruptions cutanées.

Les vérités d'expérience énoncées dans ces réfléxions, démontrent clairement que la conduite des Partifans outrés de la faignée, eft directement oppofée à celle de la nature. Ces Meffieurs, qui femblent rougir du titre de fes Miniftres, ne prétendent guérir qu'en renverfant fes loix, & en la fubjuguant au lieu de la fervir. En pourtont-ils difconvenir s'ils font attention que la perte pon tanée d'autant de fang qu'ils en répandent fi hardiment dans quinze & vingt amples faignées, tue le malade, ou eft fuivie des accidens les plus fâcheux dans les per

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fonnes même les plus robuftes & les plus pléthoriques? Il paroît donc que fi après deux ou trois faignées, les accidens attribués à la furabondance du fang ne ceffent point entierement, comme ils le font chez le fexe par lat par la perte de dix-huit à vingt onces de ce fluide, ils ne dépendent plus de fa trop grande quantité, mais de fa raréfaction exceffive, & de l'irritation causée dans les vaiffeaux par la matière morbifique. Si l'on juge donc que cette raréfaction puiffe nuire à la libre fortie des puftules, on doit la modérer avec prudence par un régime légerement rafraîchiffant. C'étoit la fage conduite que tenoit l'illuftre Sydenham, qui a fi bien traité de la petite vérole. Ce judicieux Pra✩ ticien, toujours guidé par l'expérience & la probité, avoue ingénument dans fa Lettre au DocLeur Cole, qu'il ne penfoit plus

que la faignée fût aussi propre qu'il l'avoit cru jadis pour modérer l'inflammation du fang, ou la trop grande ébullition fébrile. Une longue expérience lui avoit appris que les rafraîchiffans temperés Fair frais, & fur-tout l'efprit de vitriol étoient les fecours les plus fûrs. Après avoir rapporté (a) les raifons qui lui faifoient éviter la faignée autant qu'il étoit poffible, il nous dit (b) qu'il ne l'ordonnoit que lorfque le malade étoit jeune & robufte, qu'il avoit donné occafion à la maladie par la boiffon immoderée du vin ou de toute autre liqueur fpiritueufe, & que grandes angoiffes d'eftomach, une fiévre violente, un vomiffement énorme, le vertige, & une douleur dans les membres, femblable

de

(a) Vide Sydenh, oper. p. 145. 146. edit, Lugd. Batav. Je citerai toujours la même

édition..

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(6) Ibid. p. 15o, & proceff, integ. p. 1917

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