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ceffaire & prefcrit par la nature même du lieu & du tems afin de parcourir un espace de licu précis & déterminé, il faudroit que le tems pût être mefuré par le lieu & le lieu par le tems, que chaque partie du tems s'ajuftât à chaque partie du licu, afin que le tout s'ajuftât avec le tout.

234. Mais le lieu & le tems font d'une nature toute différente, le tems ne peut fe mesurer par le lieu, la diftance de Paris à Orleans ne peut fe mesurer par la diftance de Noël à Pâques, d'où il s'enfuit qu'il n'y a point de tems précis & déterminé prefcrit par la nature & par l'effence du tems & du lieu pour parcourir un espace

de licu déterminé.

235. Il s'enfuit encore que la nature du tems & du lieu n'empêche point que quelque efpace de lieu que ce foit ne puifle être parcouru en quelque efpace de tems que ce foit.

à

236. Il s'enfuit aufli qu'il n'y a point d'efpace de tems fi petit, pendant lequel, ne confidérer que la nature du tems & du lieu, des efpaces de lieu de plus grands en plus grands à l'infini ne puiflent être parcourus, de forte qu'aucunes de leurs parties ne foient parcourues en même tems que les autres, mais feulement les unes après les autres.

237. Il s'enfuit de plus que réciproquement il n'y a point de tems fi grand pendant lequel, à ne confidérer que la nature du tems & du lieu, des efpaces de lieu de plus petits en plus petits à l'infini ne puiffent être parcourus, fans qu'il y ait la moin

(d) N. 229 230, 231, &

232.

(e) Depuis le n. 229, juf

qu'au 232.

de que

dre interruption dans le mouvement.
238. Il n'y a donc point de vitcffe fi gran
l'on ne puiffe en concevoir encore
une plus grande (4), puifque les efpaces
de tems & de lieu peuvent être augmen-
tez & diminuez à l'infini, & récipro-
quement il n'y a point de vitefle fi petite
que l'on ne puiffe en concevoir une plus
petite; d'où il s'enfuit que la viteffe & le
mouvement par fa viteffe contiennent du plus
& du moins, & font une efpéce de grandeur.

239. Il s'enfuit encore que quoiqu'il y ait plus de tems en une heure qu'en une minute qui eft la foixantiéme partie d'une heure, & plus d'espace de lieu en une lieue que dans la foixantiéme partie d'une lieue ;cependant la viteffe d'un corps qui parcourt une lieue à chaque heure allant tou jours également vîte, n'eft pas plus grande que celle d'un corps qui parcourt à chaque minute la foixantiéme partie d'une lieue (e), car le corps qui parcourt ainfi une lieue par heure, parcourt une foixantiéme partie de lieue par minute.

240. Il s'enfuit que tous les degrez de viteffe qui fe trouvent pendant une heure dans un corps qui parcourt ainfi une lieue par heure, fe trouvent dans ce même corps qui parcourt à chaque minute la foixantiéme partie d'une lieue.

241. Et par conféquent les degrez de viteffe ne fe fuccedent point les uns aux autres, mais exiftent tous enfemble dans le même corps, même partie du corps, en même tems & même partie du tems, tous, dans la premiére, tous dans la feconde,

tous dans la troifiéme minute, &c.

242. Ainfi quoique le mouvement foit (f) N. 207. fucceflif (f) la viteffe du mouvement est

permanente.

243. Et quoiqu'il y ait plus de mafle dans un corps entier qui parcourt une lieue à chaque heure & une foixantiéme partie de lieue à chaque minute d'heure qu'il n'y en a dans fa moitié, dans fon quart & dans toute autre de fes parties, il n'y a cependant pas plus de vitefle dans le tout que dans chaque partie.

244. D'où il s'enfuit que la vitefle est de cette cfpéce de grandeur que l'on appelle dans les Ecoles intenfion, c'est-àdire dont les parties ne font point les unes hors les autres chacune en fa place, que toutes les parties ou tous fes degrez font en même tems, même partie du tems même lieu, même partie du licu, même fujet, même partie du fujet (g) les unes au-dedans des autres, pour parler avec L'Ecole.

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245. Ainfi la viteffe n'eft point une étendue, quoiqu'elle fubfifte dans l'étendue, & la vitefle ne peut fe mesurer par la masse non plus que la mafle par la viteffe.

246. Cela n'empêche cependant pas que le rapport géométrique d'une viteffe à une autre vitefle, ne puiffe fe mefurer par le rapport géometrique d'une mafle à une autre maffe.

247. On voit ici que le mouvement` qui eft une grandeur fucceffive (1) fubsiste, dans l'étendue qui eft une grandeur perimanente, & la viteffe qui eft une gran-

(g) Intrà f

invicem

(b) N. 207.

() N. 242. deur permanente (i) fubfifte dans le mouvement qui eft fucceffif; la viteffe qui eft k)N. 243. une intension (k) subsiste dans l'étendue l'on appelle extenfion.

(1) Depuis

qu'au 248.

que

248. Une derniére remarque qui me reste à faire fur le mouvement & le repos avant d'établir quelques propofitions fondamentales, c'eft que le corps eft toujours en

mouvement ou en repos.

249. Toutes ces veritez (1) fuppofécs, le n. 179, ju je dis & foutiens en premier lieu , que moins un corps a de viteffe, plus il ap proche du repos : car moins un corps a de viteffe, moins il décrit d'efpace à cha1) N. 231. que tems (m), & par confequent l'éfpace. parcouru à chaque tems par ce corps, approche d'autant plus du plus petit espace que ce corps puifle parcourir en ce tems. Or cet efpace le plus petit que ce corps puifle parcourir & occuper à chaque tems, eft l'efpace qu'il occuperoit s'il étoit en N. 219. repos (n).

250. D'où il s'enfuit que le repos eft le plus petit extrême d'une progreffion arithmetique dans la viteffe en diminuant. Car fupofons un corps qui foit mû d'abord avec cinq dégrez de vitefle, lefquels lui faffent parcourir cinq toifes à chaque minute qu'enfuite il n'ait plus que quatre dégrez qui lui faffent parcourir quatre toifes à chaque minute, enfuite plus que trois dégrez, puis plus que deux, enfuite plus qu'un, & enfin point du tout, c'est-à-dire, qu'il ceffe d'être mû & qu'il fe repose, on aura cette progreffion arithmetique d. 4d. 3d.2d. Id. o.

251. Il s'enfuit même que le repos eft à l'égard de la viteffe un extrême d'une progreffion infinic géométrique en diminuant. Par exemple, de la progreffion qui fuit 4d. 2d. Id. I dI dI &c. à l'infini: le premier extrême de cette progreffion eft 4d& l'autre cft o, c'eft-à-dire le repos.

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4 8

252. Ainfi le repos eft en genre de viteffe ce que zero eft dans le nombre ☛ c'est pourquoi comme dans le nombre non feulement tout nombre, non feulement tou te unité, mais auffi toute fraction d'unité, quelque petite qu'elle foit, vaut plus que zero; de même dans la viteffe, tout nombre de dégré, tout dégré, toute partie de dégré eft une viteffe plus grande que le repos, parcequ'il fait parcourir au corps plus d'efpace à chaque tems que le repos (0).

253. Il s'enfuit que le repos eft comme l'infiniment petit de la viteffe, ou la plus petite viteffe qui puifle être dans un corps. Cette expreflion, toute veritable qu'elle eft, paroît étrange à ceux qui n'y font pas accoutumez. Ils s'imaginent que pour dire qu'une chofe eft la plus petite viteffe, il faut qu'elle foit une viteffe; or le repos n'eft point une vitefle, l'expreffion latine eft plus favorable, car on dit fort bien en latin minimè, point du tout, ou le moins qu'il puiffe y avoir. Dans les chofes qui fe divifent & qui peuvent être diminuées à l'infini, la plus petite partie qui en puiffe éxifter, c'eft qu'il n'en éxiffe point du tout car fi peu qu'il en éxifte, ce pen contient des parties plus petites que lui,.

() N. 22

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