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[1] Voyez le

B. 20.

corporelle que par une caufe incorporelle, cependant comme le Phyficien ne confidére que la fimple fuppofition de ce mouvement & de fes fuites dans les corps qui feront mûs par des caufes incorporelles, & qui ne fuivront, dans leur mouvement, d'autres regles qué celles qui font les fuites de leur nature, de celle de leurs mou vemens & des circonftances corporelles où ils fe trouvent, il pourra regarder ces corps comme s'ils étoient mûs par euxmêmes, laillant au Métaphyficien le foin de pouffer plus loin fes recherches: car en ce cas les caufes incorporelles les remuent comme ils feroient remuez fi le mouvement ne leur venoit que d'eux-mêmes ou de leur effence.

320. Nous avons un exemple de ceci dans les ouvrages de l'art : car quoique le reffort d'une montre reçoive fon mouvement de caufes qui font cachées dans la nature & qui font le fujet des recherches du Phyficien, cependant l'ouvrier, qui explique la machine de la montre, après avoir fait voir comment les divers mouvemens dérivent les uns des autres; lorfqu'il vient au reflort, il dit que celui-là fe remue de lui-même, laiflant aux Phyficiens le foin d'en dire davantage.

321. Mais comme le mouvement étant • une fois fuppofé dans un corps, celui-là peut remuer un autre corps, ainfi que nous le verrons dans la fuite, pour ce qui regardera les corps qui reçoivent leur mouvement par d'autres corps, nous pourrons y connoître intuitivement (4) non feulement

les caufes de ce mouvement, mais encore diverfes circonftances & combinaisons de ces caufes & diverfes maniéres d'agir, ainf nous confidérerons dans ceux-ci non feulement la fimple fuppofition de leur mouvement & les fuites de cette fimple suppofition, mais encore ce qui doit arriver des différentes variations des causes qui le produifent.

322. Quand je confidérerai dans un corps un mouvement qui ne viendra point d'autres corps & que je ne confidérerai que la fimple fuppofition de ce mouvement & de fes fuites, je le nommerai mouvement primitif.

323. Mais quand je confidérerai un corps mû par d'autres corps, j'appellerai le mouvement de ce corps mouvement d rivé.

324. J'ai dit (m) en ne confidérant que [m] N, 322la fimple fuppofition de ce mouvement & de fes fuites, parcequ'il peut le faire qu'il arrive à ce mouvement, du côté des caufes incorporelles qui le produifent, divers accidens, foit par leur libre volonté ou autrement; mais comme nous ne connoif fons pas les maniéres dont ces changemens peuvent arriver, ils ne font pas du reffort de notre Phyfique imparfaite, & notre définition ne doit pas les comprendre. 325. Un Phyficien doit demander & fuppofer dès l'entrée tout ce qui lui eft néceffaire pour l'explication de la machine du monde, fans avoir befoin à chaque nouvel effet qui fe préfente, de nouvelles fuppofitions qui ne puiflent pas fe déduire des premiéres,

326. Je dis, qui ne puiffent pas fe déduire des premiéres, parcequ'il y a des effets particuliers, qui ont befoin de demandes particulieres, lefquelles ne ferviroient de rien pour l'explication de tous les autres, ou qui font évidemment renfermées dans l'effet même, & qu'il ne feroit pas à propos de mettre d'abord à la tête de la Phy— fique. Il y en a même quelques-unes qui ont befoin, pour être accordées, de plufieurs propofitions, quoiqu'elles foient générales, comme celles des fyftêmes & de la fphére qui doivent être à leur place. Mais toutes ces demandes font des fuites de celles qui ont été faites d'abord.

327. Il s'enfuit que depuis le commencement du monde, lorfqu'un corps, qui étoit en repos, commence d'être remué, on ne peut plus en Phyficien attribuer fon mouyement qu'à un autre corps. Car le Phyficien a dû d'abord fuppofer le mouve{n} N. 314. ment dans la nature corporelle (n), mais il a dû y fuppofer tout ce qu'il lui falloit pour déduire enfuite les différens effets; & s'il s'en trouve quelqu'un qui ne puiffe en être déduit, comme la Réfurrection des morts & les autres miracles de Jéfus-Christ, ces effets ne peuvent être expliquez en Phyficien. C'eft pourquoi je ne peux approuver ceux qui expliquans dans leur Métaphyfique la puiffance obédientielle, & foutenans que les créatures, qui ont cette puiffance obédientielle doivent avoir une proportion avec leur effet, fe mettent en peine de trouver cette proportion dans la bouc, dont Jefus-Chrift fe fervit pour ren

are la vûe à un aveugle. Car en cherchant dans la falive dont J. C. fit cette boue une vertu déterfive, ils effaient de faire d'un vrai miracle un effet tout naturel, & de l'expliquer en Phyficiens : ce qui ne démontreroit plus une puiflance furnaturelle qu'ils entreprennent d'expliquer.

(e) Depui le n. 302 jusqu'au 314.

328. Toutes ces demandes fuppofées (0), je remarque en premier lieu, qu'il s'enfuit divers effets de la quantité d'étendue ou de mafle & de la viteffe des corps, & que ces effets font plus ou moins grands, felon que cette étendue ou cette vitesse font plus ou moins grandes. La feule idée des chofes nous fait concevoir que cela doit être ainfi, & l'expérience nous apprend Expérience. que cela eft. Un boulet produira bien plus d'effet en fortant avec rapidité du canon, que s'il alloit auffi lentement que l'ombre d'un cadran. Que deux corps de même matiere aillent également vîte, que l'un foit bien plus gros que l'autre, tout le reste étant égal, le plus gros produira plus d'effet.

329. Il s'enfuit que l'étendue & la vireffe font des forces. Car nous n'avons pas d'autre idée de force, finon que c'est une grandeur qui produit des effets plus ou moins grands felon qu'elle eft plus ou moins grande.

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330. Il s'enfuit que fi le rapport de la viteffe d'un corps que je nommerai A, à celle d'un autre que je nommerai B cít plus grand que le rapport de la masse de Bà la maffe de A, ou fi le rapport de la maffe de A à la maffe de B eit plus

n. 20.

grand que le rapport de la viteffe de B a la viteffe de A, le corps A fera plus fort que B; & fi ces rapports font égaux, les forces font égales.

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331. Il faut entendre ceci de la quantité réelle, & non pas de la quantité apparente de l'étendue : car ce qui nous paroît contenir plus de matiére n'en contient pas toujours plus en effet. Par exemple, un morceau de liége peut paroître plus gros qu'un morceau de plomb, & cependant faire moins d'effet ; quand même il iroit plus vîte, parcequ'il contient moins de liége que le morceau de plomb ne contient de plomb, à caufe des grands pores du liége qui font remplis d'air ou de quelqu'autre matiére encore plus fubtile, laquelle n'aide pas, mais empêche plutôt le liége de fraper.

332. Je remarque en fecond lieu, que nous ne concevons dans les corps par une Voyez le idée intuitive (p), que l'étendue & la vitefle qui foient des grandeurs capables de produire des effets. D'où il s'enfuit que nous ne connoiffons point d'autres forces dans les corps, que leur maffe & leur viteffe.

333. Si quelqu'un veut que l'on reconnoifle autre chofe dans les corps, en quoi il prétende que leurs forces confiftent, qu'il explique ce que c'eft, & qu'il le fasse entendre clairement, finon qu'il n'attende pas de nous, que nous lui expliquions la machine du monde, ni les phénoménes qu'elle contient, dans le fyftême de ces forces. Car une explication doit rendre les chofes plus claires qu'elles n'étoient.

Cc

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