Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ee monde visible; puifque toutes ces for-
mes renferment l'étendue, (f) & font com-
me fubfiftantes dans l'étendue, puifque & 32.
l'étendue elle-même ne fubfifte en aucun

(ƒ) N. 31v

(g) N. 56.

(b) N. 58.

autre fujet que foi, (g) qu'il n'y a point
deux fortes d'étendues différentes dans leur & 57.
effence; (b) que toute étendue eft égale-
ment divisible & mobile, également com-
poféc de parties: nous pouvons dire qu'elle
a tous les caractéres que nous pouvons
fouhaiter pour l'effence du corps; par con-
féquent aucun argument tiré du reffort de
la lumiére naturelle ne nous empêche de
la reconnoître pour l'effence du
nous pouvons dire que fi elle ne l'eft pas,
il n'y a que la foi qui puiffe nous le perfua-
der, ce qui regarde la Théologie & n'eft
pas du reffort d'un Philofophe.

corps; &

76. On dira peut-être que de même que nous aurions tort (i) de conclure qu'il n'y a point d'être capable d'exclure l'existence de l'étendue, de ce que nous ne connoiffons par une idée intuitive aucun être qui en foit capable, & que nous ne pouvons pas dire que l'étendue foit un être néceffaire, éternel & infini en conféquence de ce que nous ne pouvons concevoir qu'elle n'exifte point nous aurions tort auffi de conclure qu'elle n'a point de fujet, de ce que nous ne concevons aucun fujet capable de la recevoir.

[ocr errors]

(i) N. $$.

77. Mais la réponse eft aifée, car nous pouvons bien concevoir un effet par une idée intuitive, (4) fans concevoir par une (k) Voyez le idée intuitive la caufe efficiente qui eft n. 20. capable de le produire ou de l'exclure,

(1) N. 21.

comme on peut le voir par ce qui a été dir ci-deffus (1) au fujet du mouvement du fer vers l'aimant ; mais nous avons démontré () N 57. (m) qu'il eft impoffible d'avoir l'idée intuitive d'un mode ou d'une manière d'être, fans avoir en même tems l'idée intuitive de fon

fujet; de forte que la foi feule peut nous faire fufpendre notre jugement là-deffus, & qu'abandonnez aux feules lumiéres de notre raifon nous ne pourrions pas balancer un feul moment.

(a) Depuis

le n. 1286. jufqu'au

1300.

78.

CHAPITRE SECOND.

De la divifibilité du Corps.

A divifibilité eft le pouvoir d'être divifé. Il faut remarquer que l'on

peut penfer une chose indivisible par deux raifons; la premiére eft, parceque fon effence & fa nature n'ayant point de parties, eft abfolument oppofée à la divifion, & ne peut en fouffrir aucune; la feconde, parceque quoique la chofe foit de fon côté capable d'être divifée, il ne fe trouve aucune puiffance capable de la divifer.

79. Comme nous reconnoiffons une toute puiffance capable de faire toutes les chofes qui font faifables de leur part, nous ne reconnoîtrons rien qui foit abfolument indivisible par la feconde raifon; mais nous. pourrons dans la fuite (a) reconnoître des êtres qui feront indivifibles aux forces de la nature corporelle, quoique divifibles de leur côté, & c eft ce que nous nommerons.

Atomes. Quand nous examinons ici la di vifibilité du corps, nous entendons chercher s'il peut y avoir quelque corps indivifible par la premiere raifon c'eft ce qu'il faut tâcher de faire avec ordre.

ne con

80. En confidérant l'étendue qui, comme nous avons fait voir (b) devroit être regardée comme l'effence du corps, à fidérer que nos lumieres naturelles, nous remarquons que nous ne pouvons concevoir de longueur finie qui n'ait deux bouts & un milieu, lefquels font éloignez les uns des autres. Que l'on faffe attention à l'idée que l'on a de longueur finie, & on verra que fi on ne conçoit point de distance entre les extrémitez & le milieu, on ne conçoit plus de longueur.

81. Je dis longueur finie, parceque dans une longueur infinic il n'y a pas d'extrémitez, ou bien le milieu en eft infiniment éloigné, & on accordera aifément qu'une longueur infinie a des parties & en contient même une infinité.

(b) N. 75

82. Il s'enfuit (c) qu'il n'y a point de longueur finie qui ne foit compofée au moins 80. de deux diftances, favoir une distance entre le milieu & un de fes bouts, & une autre distance entre le même milieu & l'autre bout..

83. Or toute diftance ou éloignement dans l'étendue eft une longueur, & fe mefure par la longueur; car l'idée de diftance locale ou d'éloignement dans l'étendue emporte avec foi l'idée d'une longueur entre les chofes qui font éloignées. Cela eft fi clair que &quelqu'un vouloit le nier, je ne voi pas

(c) Du

(d) N. 22.

(e) Des n.

par où l'on pourroit s'y prendre pour dif puter avec lui & l'en convaincre.

84. J'ai dit toute ditance ou éloignement dans l'étendue; car il y a des éloignemens, diftances & longueurs de tems qui ne fe mefurent point par la longueur locale ou de lieu. Par exemple, la diftance de Noel à Pâques ne peut fe mefurer par la diftance de Paris à Rouen. Il y a auffi des distances ou éloignemens de qualitez & d'effences, qui confiftent dans leur oppofition ou leurs différences, comme la diftance entre le' corps & l'efprit qui font fi éloignez d'être d'une même nature. Et quoique ces diftances foient en quelque façon métaphoriques, elles pourroient caufer quelque obfcurité dans la propofition préfente, fi je n'avois pas eu le foin de parler expreffément de la diftance des lieux, & de rappeller ce qui avoit déja été dit (d).

85. Il s'enfuit (e) qu'il n'y a point de lon80, 81, & gueur finic qui ne foit compofée du moins de deux longueurs ; & comme les deux longueurs, dont chaque longueur eft compofée, font des longueurs auffi-bien que celle N. 80. qu'elles compofent, elles ont auffi (ƒ) deux bouts & un milieu éloignez les uns des autres, elles font compofécs (g) de deux di(b) N. 83. ftances, & par conféquent (b) de deux longueurs. Et on peut dire le même de ces nouvelles longueurs, & ainfi de fuite à l'infini.

t) N. 82.

86. D'où il s'enfuit qu'on ne peut concevoir de longueur fi petite, que l'on n'en: puifle encore concevoir une autre plus pesite; car les longueurs dont elle fera.com

pofée (1) feront chacune plus petite qu'elle, (i) Par lo par cet axiome fi connu, qu'un tout eft plus, n. 85. grand que chacune de fes parties.

87. Confidérons préfentement que nulle longueur, compofée de deux longueurs. chacune plus petite qu'elle, ne peut être indivifible de fa part, précisément à cause de fa petiteffe. Cette vérité eft assez claire par elle-même. Car fi une longueur est compofée de deux longeurs chacune plus petite qu'elle, & que cependant elle foit indivifi Ele de fa part, on conçoit affez que ce ne fera point par la petiteffe,puifque tout ce que cette petiteffe peut faire, c'est que certains agens qui ne peuvent atteindre jufqu'à elle, à caufe de leur groffiereté, ne puiffent pas divifer cette longueur; mais elle ne fera pas que cette longueur foit indivisible de fon côté, puifqu'elle ne l'empêche pas (k) d'être compofée de deux autres longueurs plus petites qu'elle.

88. Il s'enfuit (4) qu'il n'y a point de longueur, fi petite qu'elle puiffe être, qui fait indivifible de fa part & de fa nature, précifément à caufe de fa petitefle, & que cette petiteffe ne peut rendre cette longucur indivifible tout au plus qu'aux caufes naturelles qui ne peuvent atteindre à une partie fi petite.

(k) Par fup

pos.

() Des n. 85, 86, &C

87.

(m) N. 26

89. Et comme toutes les dimenfions de l'étendue fe réduifent à la longueur, & peuvent fe méfurer par la longueur (m), il s'enfuir (2) qu'il n'y a point d'étendue fi pe tite qu'elle puiffe être, qui foit indivifible 30. de fa nature précisément à cause de sa peti- 88. teffe.

27, 28, 29,

(n) Du Do

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »