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(o) N. 56. & $7.

(p) Par les n.

85. & 89.

90 C'elt pour cette raifon que les Gaffendiftes qui admettent de petites maffes, lefquelles ne font pas les plus petites que l'on puiffe concevoir, dans lefquelles on peut défigner, par la pensée, des moitiez, des quarts, demi-quarts, & ainfi de fuite à l'in fini, & qui difent cependant que ces maffes font indivifibles de leur nature; ces Philofophes, dis-je, n'apportent pas la petiteffe de ces étendues pour raifon de leur indivifibilité; mais la fimplicité de la fubftance qu'ils difent être le fujet dans lequel cest mafles exiftent.

91. S'il eft donc vrai, comme nous l'avons prouvé, () que l'étendue foit nonfeulement une même chofe fond, au quant ou pour parler avec l'Ecole réellement identifiée, avec une fubftance; mais encore qu'elle-même confidérée précisément foit une fubstance, elle n'eft point une fubftance fimple, mais une fubitance compofée de plufieurs fubftances, puifqu'elle fera compofée (p) de-plufieurs étendues, & que chacune de ces étendues eft fubftance, étant de même nature, & ayant les mêmes propriétez que le tour.

92. Il s'enfuit aufli que fi l'étendue eft une fubflance, elle ne peut être indivisible par la fimplicité de la fubftance, puifqu'elle ne fubfifle point en une autre substance (9) Par fup- qu'elle-même, (9) qui foit fimple, & qu'elle n'eft point fimple elle-même, mais compofée de parties qui font autant de substan→

pos:

ccs.

93. Cette conféquence eft contre le fyflême de Spinofa. Pour entendre le fystême

de cet Auteur, il faut remarquer qu'il dit', dans la premiere partic de fa Morale, 1o Def. 3. que par fubitance il entend ce qui eft en foi-même, ce qui eft conçu par foi, c'eft à dire ce dont l'idée n'a pas befoin de l'i dée d'une autre chofe qui la forme.

94. Quand on dit que la fubftance eft en elle-même, cela fignifie qu'elle n'eft point façon ou maniére d'une autre chofe que de foi-même, qu'elle n'eft point dans un fujet diftingué de foi-même. Elle eft auffi conçue par foi-même, c'est à dire, que pour la concevoir on n'a pas befoin de l'idée d'une autre chofe, on n'a que faire de concevoir un fujet dont elle foit la façon ; mais que cet Auteur entend-il quand il dit que l'idée d'une fubftance n'a pas besoin de l'idée d'une autre chofe qui la forme ? Qu'est-ce que former, dans le fens de cet Auteur? Est-ce être fujet d'un mode ou d'une manière d'être ? Un fujet forme-t-il fes manières ? Une cire fe fait-elle ronde, ou un agent diftingué d'elle forme-t-il en elle la figure qu'elle a? Spinofa entend - il par former être la caufe efficiente ? Un fujet eft-il la caufe efficiente de fes manières d'être ? L'idée d'un fujet eft-elle la caufe efficiente de l'idée des maniéres d'être de ce fujet? L'idée d'une fubstance n'a-t-elle point befoin de caufe efficiente, & une fubftance n'en a-t-elle point befoin elle-même, ou fi elle n'en a pas befoin, cela eft - il fi clair qu'il n'ait que faire d'être prouvé, & que l'on puiffe dès l'entrée d'une fcience en faire une définition qui ferve de principe in contestable pour tout le corps de la fcience?

b) N. 3.

95. Spinofa dit encore, Def. 4. que par attribut il entend ce que l'esprit conçoit de la fubftance, comme conftituant l'effence de cette fubftance. Suivant cette définition les modes & les propriétez ne font plus des attributs. Quoique cette notion foit éloignée de la notion commune d'attribut qui eft de donner ce nom à tout ce qui peut être attribué à une chofe; cependant on ne doit point trouver à redire à cette définition. Il a été libre à Spinofa de reftraindre ce mot à telle fignification qu'il lui a plu pour fon propre ufage.

96. De cette fignification & de cette définition de Spinofa, fçavoir que l'attribut d'une fubftance eft l'eflence même de cette fubftance, il faut conclure (r) que l'attribut non feulement eft, quant au fond, une même chofe avec ce qui fubfifte en foimême; mais encore que considéré précifément en lui-même, comme diftingué de tout ce qui n'eft pas précisément lui, il eft fubfiftant en lui-même, & non point un fimple mode, une fimple propriété, perfcction ou rapport d'une chofe fubfiftante en elle-même. Cette conféquence doit être reçue d'autant plus volontiers par Spinofa, qu'il dit dans la 10° propofition de la première partie de fa Morale, que chaque attribut d'une fubftance doit être conçu par lui-même, & qu'il prouve cette propofition par les définitions 3 & 4.

97. Spinofa dit encore dans la propofition 14 qu'il n'y a au monde, & que l'on ne peut concevoir d'autre fubflance que Dieu; & dans la propofition 2 de la 2° par

tie de fa Morale, il dit que l'étendue eft un attribut de Dieu, d'où il s'enfuit que l'étendue eft un attribut de la fubftance, que l'étendue eft conçue de foi-même, c'est à dire qu'elle ne renferme point l'idée d'une autre chofe que foi, qu'elle exprime l'effence de la fubftance; que par conféquent elle fubfifte en foi-même, & non point en un autre que foi, que confidérée précisément elle eft fubftance.

98. Cependant dans la propofition 12 de fa première partie, il dit que l'on ne peut concevoir aucun attribut de la fubftance, duquel il s'enfuive que cette substance puiffe être divifée. Et dans la propofition 13, que la fubftance abfolument infinie ft indivisible.

99. Je détruirai dans un autre Ouvrage toutes ces erreurs; mais ici je me contenterai de montrer à Spinofa, qu'il eft impoffible de reconnoître l'étendue pour fubftance, fans reconnoître en même temps plufieurs fubftances. Car quoiqu'une partie d'étendue foit parfaitement femblable à une autre partie d'étendue, & qu'en ce fens ces deux parties ne foient qu'une même chofe, en prenant ce mot même pour semblable, il eft cependant certain que l'une de ces parties n'eft pas l'autre, & que l'une eft véritablement diftinguée de l'autre. L'une de ces deux parties ne fubfifte pas dans l'autre, l'une n'eft point façon de l'autre, on fçait ce que c'eft que façon ou manière d'ê

tre. La rondeur & le mouvement font deux

façons d'un corps, mais une pierre n'est point la façon d'une autre pierre; elle ne

fubfifte point dans cette autre pierre com me la figure ronde fubfifte en un morceau de cire. Une partie d'étendue n'eft pointfaçon d'une autre partie: ces deux parties ne fubfiftent point non plus en un troifiéme être différent d'elles, qui leur foit commun & dont elles forent deux façons; comme le mouvement & la figure fubfiftent en un même corps, elles fubfiftent chacune à part & féparée l'une de l'autre. Il est bien vrai qu'elles fubfiftent dans l'étendue entiere, mais c'est comme deux parties dans leur tout & non pas comme un mode ou une maniére ou façon dans fon fujet. Il n'y a perfonne qui ne fente affez la différence prodigieufe entre une façon ou maniere d'être à l'égard de fon fujet, & une partie à l'égard de fon tout; un bras n'eft point à l'égard du corps entier, ce que la rondeur eft à l'égard d'une cire qui eft ronde; les idées de ces deux manières, dont une chose eft dans l'autre, font tout à fait différentes. Chaque partie d'étendue n'étant point mode d'une autre partic, ni de l'étendue entière, ni d'aucun autre être, est une substance; & par conféquent autant qu'il y a de parties dans l'étendue, ce font autant de substan

ces.

100. Spinofa nous dit dans la Scholie de la propofition 15, que l'étendue, en tant que corporelle materielle, peut bien être divifée, mais non pas en tant que fub. fance & intelligible; que cette divifion eft un effet de l'imagination, & non pas de l'entendement. Il paroît que par l'éten due en tant que corporelle & materielle, il

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