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de mouvement (s), & qu'elle ne nous (s) N. 134. montre point les trois aurres (t), cepen- (t) Depuis le dant la quatrième n'eft pas moins admira- n. 181, jufble que les trois premiéres ; & que fi les qu'au 183. trois premiéres ne font pas ordinaires, c'est qu'elles ne font pas néceffaires comme la quatrième, pour l'ordre & l'arrangement de ce monde vifible, fuivant les regles de la nature de l'état où il a plû à Dieu de nous mettre, & qu'il pourra nous mettre un jour dans un état dont la nature demandant quelqu'une de ces trois premiéres fortes de mouvement, cette efpéce nous sera auffi familiére que la quatriéme nous l'eft à préfent. Ne feroit-ce point même par la premiére elpéce (u) que le Corps de JefusChrift étant reffufcité, cefla d'être créé dans le tombeau, & commença à l'inftant d'être créé hors du tombeau fans paffer par le milicu & fans pénétrer la pierre; qu'il ceffa en naiffant, d'être créé dans le fein de la Vierge, & commença d'être créé hors ce même fein fans blefler fa virginité; qu'il ceffa d'être créé où il étoit & commença d'être créé au lieu où étoient les Apôtres lorfqu'il leur parut les portes fermées, fans qu'il fût befoin de pénétrer la porte ni les murs.

201. Il s'enfuit que fi l'expérience ne nous montroit pas la quatriéme forte de mouvement & les viteffes différentes dont elle eft capable, nous aurions autant de peine à la croire poffible que les trois premiéres efpéces, & nous ne nous représenterions pas plus un mouvement d'un jour capable d'être contenu tout entier dans

(u) N. 181.

une minute, qu'une maffe groffe comme la terre, capable d'être de la groffeur d'un grain de moutarde.

202. Mais puifqu'une fois nous connoifExpérience 1. fons par expérience cette quatrième forte de mouvement, & la propriété qu'elle a d'être fufceptible de différentes viteffes, cette connoiffance nous fervira de principe pour raifonner, & nous examinerons autant que nos lumiéres pourront s'étendre, la nature & les propriétez de cette quatriéme façon de changer de lieu, laiffant là les trois autres, dont l'existence ne nous cft point connue par nos lumiéres naturelles.

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(x) N. 3.

(y) N. 20.

203. Ce fera donc cette quatriéme forte de changement de lieu que nous entendrons dans la fuite quand nous parlerons du mouvement local ou du changement de lieu, ou fimplement du mouvement.

204. Nous avons du mouvement une

idée qui ne nous représente pas feulement
d'autres chofes
que lui aufquelles il fe rap-
porte, mais lui-même, c'est-à-dire (x) fon
effence; d'où il s'enfuit (y) que l'idée que
nous avons du mouvement, eft une idée
intuitive: il s'enfuit auffi que le mouvement
n'est pas un pur néant, puifque l'on ne peut
pas concevoir & ne rien concevoir.

205. Il s'enfuit encore que le mouvement eft poffible de fon côté, c'est-à-dire que s'il étoit impoffible, ce ne feroit pas fa nature qui le rendroit impoffible & que ce ne pourroit être que faute de puiffance capable de le produire.

206. Et comme d'un côté nous favons

qu

'il existe une toute-puiffance, & que de l'autre nous connoiflons même par expérience (2) l'existence du mouvement; il s'enfuit que le mouvement eft poffible & de La part, & de la part des caufes qui doivent le produire.

(2) N. 2016

(a) N. 203.

(6) N. 184.

207. Le mouvement dont il eft ici question (a) eft fucceffif par fon effence (b), c'eft-à-dire que fes parties font eflentiellement les unes après les autres, & cette propofition eft aflez claire d'elle-même : car fi les parties du mouvement n'étoient point les unes après les autres, ce ne feroit plus un mouvement de la quatrième forte, mais de quelqu'une des trois premiéres (c); je répondrai dans un autre Ouvrage à toutes les difficultez plus fubtiles 182 & 183. que folides', que l'on a coutume de propofer contre cette vérité, le deffein de ceJui-ci ne me permet pas d'être fi long.

(e) N. 181,

(d) N. 175.

(e) N. z.

(f) N. 20

208. Nous avons auffi une idée du repos (d) qui ne nous repréfente pas feulement d'autres chofes que lui aufquelles il fe rapporte, mais lui-même, c'eft-à.dire (e) fon effence; d'où il s'enfuit (f) que l'idée que nous avons du repos eft intuitive, qu'il n'eft pas un pur néant, qu'il eft poffible de fa part, & que s'il étoit impoffible ce feroit faute de caufes capables de le produire; & omme d'un côté nous favons qu'il existe un Dicu Tout-puiflant, & que de l'autre nous connoiffons par expérience Expérience a l'exilence du repos, il s'enfuit que le repos eft poffible de tous côtez.

209. Nous concevons par une idée inzuitive, non feulement quelque repos par

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ticulier, mais nous concevons même le re pos général de toutes les parties de l'étendue les unes à l'égard des autres, c'elt-àdire que nous pouvons nous représenter unc exclufion générale de tout mouvement dans toute l'étendue & dans toutes Les parties.

210. Quelqu'un dira peut-être que le tepos général de toutes les parties de l'étendue & l'exclufion de tout mouvement feroit inintelligible, fi nous connoissions toutes les combinaisons des caufes qui fer, vent à remuer les corps, & que l'union de ce repos avec cette combinaison est un pur néant.

211. Mais je lui répondrai que du moins on ne peut pas nier que ce repos ne puifle être confideré fans avoir égard à cette com binaifon, & que confideré de cette façon il ne foit intelligible, de même que quoique l'unité d'indiftinction entre les deux figures ronde & quarrée foit inconcevable; cependant chacune de ces figures confiderée féparément, peut être conçue; de même on peut concevoir non feulement Voyez le par une idée abflractive mais intuitive (g) toutes les parties de l'étendue en repos les unes à l égard des autres, du moins en les confidérant féparément de la combinaifon générale de tous les autres êtres. Cela est fi vrai qu'il y a même des Philofophes qui foutiennent l'existence d'une étendue immobile (4).

.20.

(b) Depuis

le n. 63, juf qu'au 70, & depuis le n. 4+, julqu'au

$58.

212. Il s'enfuit que le repos général de toutes les parties de l'étendue les unes à l'égard des autres n'cit pas un pur néant,

qu'il n'eft point impoffible de fa part, & que s'il eft impoffible, cela vient ou faute de caufe capable de le produire : ce qui n'eft pas, puifque Dieu peut tout, ou parcequ'il eft exclu par la combinaison des caufes qui produisent le mouvement.

213. Le mouvement, par fon existence, exclut l'existence du repos dans le fens dans lequel le corps eft en mouvement, & réciproquement l'existence du repos exclut celle du mouvement dans le fens dans lequel le corps eft en repos. Cette propofition eft aflez claire d'elle-même & n'a pas befoin d'être prouvée. J'ajoûte ces mots: Dans le fens dans lequel le corps eft en mouvement, & dans le fens dans lequel le corps eft en repos, parceque le corps peut être en mouvement en un fens & enrepos en un autre fens, comme on l'a vu ci-deflus (i).

214. Il s'enfuit (k) que ce qui exclut l'existence du repos n'eft pas un pur néant, non plus que ce qui exclut l'exiftence du mouvement; que chaque mouvement particulier & le repos qui exclut ce mouvement font également poffibles de leur part, & également capables de ne point exifter, pouvant s'exclure mutuellement; que ni ce mouvement ni ce repos n'exiftent par eux - mêmes ou par leur effence, mais qu'ils reçoivent leur exiftence de quelque cause étrangère; il s'enfuit auffi que ni le mouvement ni le repos ne font des fuites néceffaires du corps confidéré indépen demment de tout état de folitude ou d'af femblage de causes étrangères : car fi cela

(1) N. 129

& 166.

(k) N. 204,

205 & 208.

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