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nos pas, & décompofons toutes ces piéces.. ARISTE. Un moment, je vous prie : je veux reconnoître à coup fûr toutes les piéces que vous m'avez rapidemment montré..... je fuis maintenant en état de vous fuivre.

EUDOXE. Chaque Ruche a fa table particuliere, différentes hauffes, & un furtout; la table travaillée felon les dimenfions que nous lui avons donné, renferme quatre chofes particulieres un menton pardevant dont vous connoiffez déja la destination, une élévation au milieu, un trou de huit pouces en quarré, & un tiroir; l'élévation eft de treize pouces huit lignes en quarré fur fix lignes de hauteur. planche 1. fig. 1. P. Q. R. S. cette élévation met les mouches à couvert de l'humidité, & de la pluye qui inondent quelquefois les bords de la Ruche, parce que la Ruche eft pofée fur cette élévation, & que le furtout environne, & circonfcrit la Ruche, & l'élévation jufques dans fon fondement. Le trou qui eft au milieu de cette élévation fig. 1. T. doit avoir huit pouces en quarré il fert à deux fins également intéreflautes, à réchauffer les Abeilles par le moyen d'une chaufferette, quand elles font. engourdies par le froid, & à leur donner à manger quand elles font dans la difette, fans être obligé de lever la Ruche.

ARISTE. Il me paroît que cette ouverture, qui eft immédiatement fous la Ruche, ne peut que nuire aux Abeilles en livrant un pallage

au froid, & aux vapeurs humides qui s'élévent de la terre.

EUDOXE. Ce prétendu inconvénient difparoîtra quand vous aurez remarqué que cette ouverture eft condamnée par deffous par le moyen d'une couliffe, ou d'un tiroir qui fe gliffe par derriere la table fur des liteaux, vous le voyez à moitié tiré planche 1. fig. 1. V. T. cette couliffe a au milieu X. une ouverture de quatre pouces en quarré, garnie d'une plaque de fer-blanc trouée, pour donner de l'air aux mouches pendant les mois de Juillet, d'Août, & de Septembre de crainte que le couvain & le miel ne s'altérent par les grandes chaleurs: cette ouverture s'appelle éventoufe.

ARISTE. Mais l'Hyver & le Printems.

EUDOXE. Pour l'Hyver & le Printems il y a deux petits liteaux de fer- blanc par deffous la grande couliffe où l'on met une petite couliffe de fer-blanc tout unie, & fans trous pour boucher l'ouverture. Cette invention a une utilité évidente qui eft de recevoir en tout tems les immondices & les ordures de la Ruche : on peut, & on doit tirer cette couliffe de tems en tems, la nettoyer avec une aîle d'oye; cette précaution procure aux Abeilles une propreté dont elles font auffi jalouses, qu'elle eft effentielle à leur fanté & à leur travail.

ARISTE. Avez-vous épuifé, Eudoxe, toutes les utilités de votre table? ne laiffez rien échapper, ne me laiffez rien ignorer, je fuis.....

EUDOXE. Comptez fur ma vigilance, & fur le défir fincere que j'ai de vous être utile: s'il m'échappe quelque chofe dans une premiere converfation, une feconde remédiera à cet inconvénient; nous en fommes à la hauffe qui eft la feconde grande piéce de mon Rucher. La hauffe, je crois vous l'avoir dit, prise solitairement, ne forme pas une Ruche, ce n'eft qu'autant qu'elle eft réunie à une feconde cette feconde à une troifiéme, à une quatriéme felon l'exigence des cas: pour un premier effaim on en peut mettre trois ou quatre, & deux ou trois pour un effaim qui vient un peu plus tard; chaque hauffe a une bouche de douze lignes de hauteur, quinze lignes de largeur par le haut & onze lignes par le bas, pour fervir d'entrée aux Abeilles, & un fond dans le milieu duquel il y a une ouverture de fept pouces & demi en quarré le refte du fond est percé de petits trous, planche 5. fig. 8.

ARISTE. Quelle eft la deftination de cette ouverture, & de ces petits trous ?

EUDOXE. Cette ouverture, & ces petits trous fervent à donner l'aifance aux Abeilles de porter leurs matériaux au haut de la Ruche pour y former & y attacher leurs rayons: ces petits trous épargnent aux Abeilles des circuits inutiles qu'elles feroient obligées de faire pour parcourir tous les endroits de leur Ruche.

ARISTE. Je conçois que ces différentes hauffes en les plaçant les unes fur les autres, le fond

toujours en haut, peuvent & doivent composer une Ruche, mais trois chofes m'embarraffent : la premiere eft que ces hauffes ne peuvent pas être tellement réunies qu'elles ne laiffent du jour qui peut être nuifible aux Abeilles, & les occupper fort inutilement. La feconde eft que la derniere hauffe ayant le fond ouvert comme les autres, il eft impoffible que les Abeilles puiffent attacher leurs gâteaux, car il eft incontestable qu'elles commencent toujours leur édifice par le haut, & qu'elles le continuent toujours en descendant : la troifiéme confifte en ce que chaque hauffe ayant une bouche particuliere, cela fournit des iffues très-fuperflues aux Abeilles, iffues d'ailleurs qui ne peuvent contribuer à la bonté de la Cire & du Miel.

EUDOXE. Vos difficultés font raisonnables, je vais les réfoudre par ordre : je remédie au premier inconvénient en mettant un peu d'un pourjet fin entre chaque hauffe pour boucher tout intervalle, tout interftice, & c'eft à recevoir ce pourjet qu'est destinée la moulurè que vous voyez entre chaque hauffe, planche 5. fig. 1. je remédie au fecond en mettant une planche proportionnée dans le fond de la derniere hauffe, planche 4. fig. 3. je mets également de petites planchettes qui condamnent les petits trous: j'attache le tout avec du fil de fer en croix que je ferre à volonté avec des petits coins de bois, fig. 4. refte votre troifiéme difficulté qui fera facilement levée en vous avertiffant que je ne

laiffe que la bouche de la hauffe du bas ouverte les autres font condamnées avec du liége que j'enléve facilement avec mon cou

teau.

ARISTE. Il me paroît que dans votre Rucher, comme dans la fociété, il y a bien des bouches inutiles, & dont on pourroit facilement fe paffer; ne feroit-il pas plus fimple d'avoir des hauffes de deux efpéces dont les unes auroient une bouche, & les autres n'en auroient pas? vous en placeriez une du premier genre dans le bas de la Ruche, & les autres feroient uniquement destinées pour le bas par-là vous vous épargneriez le foin de les condamner, & la dépenfe en feroit un peu moins confidéra

ble.

EUDOXE. Vous allez un peu vîte en befogne: une connoiffance un peu plus étendue de ma méthode vous apprendra que ces bouches ont une utilité très-réelle, où plutôt qu'elles font indifpenfablement néceffaires; en voici une raifon décifive: il arrive fouvent qu'un effaim trop foible, ou même un effaim vigoureux n'a pû faire, à raifon d'un mauvais tems trop continuel, ou par d'autres accidens, toute la provifion que vous efpériez d'abord : aux approches de l'hyver il eft effentiel de ne pas laiffer votre nouveau peuple dans une Ruche trop fpacieufe, le froid pourroit le faire périr; quel parti prenez-vous dans ce cas? celui de détacher, & d'ôter la hauffe du bas, & alors la

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