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ront en grande partie pour eux. La nouveauté feule eft capable de les rebuter & de les décourager; à plus forte raison fi cette nouveauté entraîne après elle des dépenfes inévitables quoique bien compenfées. Il a donc été néceffaire de propofer & de faire d'abord goûter notre méthode aux perfonnes, qui, par leurs talens font en état d'en fentir les avantages, & que leur fituation autorife à faire des épreuves & à mettre les autres à même de l'imitation. Ce nouveau plan qui eft autant conforme à la décence qu'à la raison, nous a engagé à répandre dans cet ouvrage un abrégé de l'hiftoire des Abeilles, & à traiter en paffant les matieres intéreffantes que le fujet nous a paru amener de lui-même. Nous difons un abrégé de l'histoire des Abeilles, car nous n'avons pas prétendu la traiter avec cette étendue, cette profondeur & cette univerfalité qu'on trouvera dans les mémoires pour fervir à l'histoire des infectes, par M. de Reaumur. En nous livrant à ces grandes difcuffions, nous nous ferions

visiblement écartés de notre plan, nous n'aurions groffi notre ouvrage que de redites & de répétitions, & nous aurions infailliblement surchargé le public d'une production bien inférieure à tous égards, à ce que nous poffédons déja sur cette matiere. Nous avons choisi ce qu'il y avoit de plus curieux dans cette petite branche de l'histoire de la nature, ce qui étoit le plus propre à faire connoître ces infectes utiles, & à nous intéresser à leur entretien.

Nous avouons ingénuement, & cet aveu fervira tout à la fois à acquitter notre reconnoiffance, & à raffurer ceux qui craindroient de marcher fur nos traces, que pour rendre plus exacte & moins imparfaite cette portion de notre ouvrage, nous avons profité des travaux des naturalistes qui ont le plus attentivement obfervé les Abeilles. Nous avons puifé plufieurs expériences, plufieurs obfervations dans la même fource que M. Bazin, c'est-à-dire, dans les mémoires de M. de Reaumur. Nous nous fommes quelquefois fervis

de l'abrégé des mémoires fur les Abeilles qu'a inféré dans l'Encyclopédie M. d'Aubenton le digne collégue de M. de Buffon dans la compofition de l'hiftoire naturelle. Les faits & même quelquefois les expreffions qui rendent certaines expériences, feront les mêmes dans l'ouvrage de M. Bazin & dans le nôtre, parce que nous avions le même guide & que nous avions la même confiance en lui. Si nous ne nous fommes pas toujours fcrupuleufement attachés aux obfervations de ces grands hommes, & fur-tout aux inductions & aux conféquences qu'ils en ont tiré, fi même nous nous fommes permis de dire notre fentiment & de nous éloigner du leur, de combattre leurs conjectures & de leur en fubftituer d'autres qui nous ont paru mieux fondées, nous croyons l'avoir fait avec toute la modestie qui nous convient, & avec tous les égards qui font dûs à leur célébrité, & plus encore à leur mérite & à leurs lumieres. Malgré le grand poids & l'autorité bien refpectable qu'ont juftement

acquifes

acquifes les obfervations du petit nombre de naturaliftes qui ont fuivi de plus près les Abeilles, nous penfons qu'on peut & qu'on doit faire quelque différence entre elles. Les unes ont pour objet les travaux, la génération, la multiplication, l'anatomie & la connoiffance des différentes parties du corps des Abeilles. Les autres concernent les procédés merveilleux, les manœuvres ingénieufes, l'industrie raifonnée, l'amour décidé pour le bien commun, ou même cet inftinct fingulier qu'on femble accorder avec complaifance à ces infectes. Les premieres doivent être regardées comme inconteftables, parce qu'on a eu tout le tems, tous les moyens & toute la facilité de les vérifier, de les répéter & de les conftater. Les fecondes, fur lesquelles nous nous fommes principalement écartés de nos conducteurs ordinaires, ne nous paroiffent pas avoir le même dégré de certitude & d'autorité. Ce font moins des faits qu'on ait bien vû & revû que des conféquences qui n'ont

pas une liaifon néceffaire avec les procédés que l'obfervateur a remarqué. D'ailleurs, il y a des obfervations qu'on ne peut faire hors de la Ruche, & il eft bien difficile de fe mettre à portée d'en bien voir le dedans. Les manoeuvres qu'on a le plus à coeur de fuivre, fe font fouvent dans des endroits trop éloignés des yeux du spectateur ou trop peu éclairés, & en général tour le fait trop tumultuairement dans une Ruche, & avec trop de vivacité, pour qu'on puiffe être bien fatisfait de ce qu'on a vû. Nous avons fans doute des obligations effentielles à la fagacité & au travail conftant des naturalistes qui dans ces derniers tems ont obfervé les Abeilles. Ils ont corrigé ou plûtôt détruit bien des rapports dictés par l'amour du merveilleux. Un grand nombre de faits, qui dans l'hiftoire des Abeilles parurent des merveilles & des prodiges aux ansciens, ou ont été entiérement rejettés, ou ont perdu ces titres trop faftueux & fi peu mérités. Mais feroit-ce faire injure à ces obfervateurs d'ailleurs & laborieux

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