tion féduite de quelques anciens dont ces compilateurs ne font que les fidéles échos. Ceux-là font les auteurs de cette multitude de petits traités & de méthodes dont tout le mérite ne confifte fouvent que dans la répétition de ce que l'on fçavoit déja, ou dans l'énumération de quelques expériences, de quelques obfervations particulieres fur la maniere ordinaire de gouverner les Abeilles. Quelques-uns enfin ont heureusement réuni ces deux objets, la pratique & l'hiftoire, l'ufage & la fpéculation. Des Académiciens auffi habiles obfervateurs que citoyens zélés fe font mis fur les rangs, & nous ont donné tout ce que nous pouvions espérer de mieux dans l'un & l'autre genre. La matiere pourroit donc paroître épuisée, & l'ouvrage que nous préfentons au public regardé comme une production fuperflue qu'on devroit lui épargner. Nous aurions en effet gardé un éternel filence, fi nous n'avions cu en vûe que de perfectionner l'ancienne méthode, ou de répéter ce qui a été

dit par tant d'autres fur ce fujet. Mais notre plan différe effentiellement de celui de tous ceux qui nous ont précédé. Bien convaincus que le commerce de la cire eft très- important, que la consommation en devient tous les jours plus grande, & que malgré cela le nombre des ouvrieres qui peuvent feules nous la fournir, n'augmente pas, que les particuliers font auffi indifférens que jamais pour l'entretien de ces infectes précieux, nous avons attentivement examiné d'où pouvoit venir cette difette de cire dans un Etat qui eft auffi propre que tout autre à élever des Abeilles, & où les fujets ne négligent rien de ce qui porte l'empreinte de l'utile & de l'intéreffant; & il nous a été facile de reconnoître, par notre propre expérience, que la difficulté d'approcher & de gouverner ces infectes redoutables, & le peu de profit que rapporte cet entretien, quoique dirigé fur les meilleures régles, étoient l'unique caufe du dégoût des particuliers pour une occupation d'ailleurs fi

amufante & fi avantageufe. Malgré les confeils & les préceptes des auteurs les plus éclairés & les mieux intentionnés, malgré les réformes utiles qu'ils se font efforcés d'introduire dans l'ancienne conftruction & dans la maniere d'y gouverner les Abeilles, la cire n'en eft pas moins chere, les Abeilles n'en font pas plus communes, parce qu'il a été impoffible, en confervant les Ruches ordinaires, de remédier aux accidens multipliés qui les font périr ou qui les empêchent de profiter & de fe multiplier. Malgré les louables efforts de tous ceux qui fe font intéreffés au fort de ces infectes la pratique cruelle de les étouffer pour avoir leurs provifions s'eft encore généralement répandue, parce qu'on n'a pû la remplacer par rien de mieux. Le froid eft toujours refté en poffeffion de faire mourir la plus grande partie de ces mouches pendant l'hyver & au commencement du printems, les fouris, les mulots & ces légions d'ennemis qui en veulent à leur vie ou à leurs provifions, de leur ôter

l'une & d'envahir ou de ravager les autres. La méthode ordinaire de tailler les Ruches ou de les transvaser cft encore auffi meurtriere & auffi commune que jamais; les pluyes & l'humidité infectent encore les Abeilles & moififfent leurs provifions. On n'eft pas plus familiarifé aujourd'hui avec elles qu'autrefois. On ne les approche encore qu'en tremblant. On n'a pas plus de facilité à les nourrir, à les nettoyer, à leur donner les fecours néceffaires, & à faire la recolte de leurs provisions. Pour parer à tous ces inconvéniens on a cherché une nouvelle maniere de les loger & de les élever, qui, en nous facilitant l'accès de leurs Ruches, nous affurât leur confervation, & qui en fourniffant des moyens aifés de nous emparer de leur fuperflu, les laiffât multiplier autant que nous le défirerions. Nous ofons nous flatter d'avoir exactement rempli ces objets importans par la nouvelle conftruction de Ruches de bois dont on va expliquer l'économie & la maniere d'y gouverner les Abeil

les. Ce n'est point ici une invention frivole enfantée par le loifir & par le défir feulement de paffer pour auteur ou pour inventeur. Il en coûte fouvent affez peu pour en acquérir le titre, & nous convenons fans peine qu'il nous en coûteroit beaucoup trop pour en avoir la réputation & la célébrité. Nous fommes même fi éloignés de toute ef péce de fauffe gloire dans ce genre, que dans la jufte crainte de ne pouvoir contenter le public, nous avons eu recours à un de nos amis qui s'eft chargé d'arranger & de difpofer les matériaux que nous lui avons fournis fur notre méthode particuliere de gouverner les Abeilles, & qui, en fournif fant tout le refte, s'eft efforcé de donner à cette production la meilleure forme qu'il lui a été poffible. Dans cette préface, comme dans tout le cours de cet ouvrage, il veut bien être notre interprête & parler toujours en notre nom, comme s'il n'y avoit ici qu'un feul auteur. Nous n'avons cherché qu'à être de quelque utilité à notre patrie; fi nous