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horter le peuple à fe communiquer leurs biens par cet exemple des oifeaux. On crut ainfi qu'il entendoit leur langage. Mais il eft aifé de juger qu'il avoit remarqué en paffant ce blé répandu, & avoit inventé le refte.

f. 404.

Il paffa aux autres villes d'Ionic. A Smirne trouvant les citoyens ftudieux, & curieux des belles connoiffances, il les y encouragea, & les exhorta à s'eftimer plus eux-mêmes, que leur ville. Elle paffoit pour la plus belle qui fût fous le soleil, pausan.tib.7. tant par fa fituation fur le bord de la mer, que par l'agrément de fes bâtimens, les galeries, les peintures, l'or dont elle étoit ornée, Alexandrele grand l'avoit bâtie telle qu'elle étoit alors. Les Ephefiens rapellerent Apollonius pour les délivrer d'une pefte. Etant arrivé, il les affembla, & leur dit: Prenez courage, je feray ceffer aujourd'huy la maladie. Il les mena tous au théatre, où y avoit un temple d'Hercule libérateur. Là il aperceut un pauvre vieillard couvert de haillons, & portant une beface, qui demandoit l'aumône. Frapez, dit-il, cet ennemi des dieux : jettez luile plus de pierres que vous pourez. Les Ephefiens avoient peine à s'y réfoudre : ce miserable leur faifoit pitié, & leur demandoit grace d'une maniere fort touchante. Mais Apollonius ne ceffa point de les preffer, qu'ils ne l'euffent affommé & accablé de pierres, en forte qu'ils en éleverent fur lui un trés-grand monceau. Aprés un peu d'intervalle, Apollonius leur dit d'ôter les pierTome I. е

il

6.4.5.

res, & de voir quel animal ils avoient tué. Ayant découvert la place, ils ne trouverent qu'un grand chien: & ne douterent point que le vieillard n'eût été un fantôme, & un mauvais démon. Ils éleverent à la place même une ftatuë d'Hercule. C'eft ainfi qu'Appollonius délivra Ephese de la peste. On croira, fi l'on veut, que le démon fit paroître un fantôme pour favorifer fon prophete.Mais il eft affez vrai-femblable qu'il n'y eut que de la hardieffe & de l'induftrie. Qu'en faifant ôter les pierres, il y fit mettre un chien mort; & que l'on ne chercha pas plus avant. Car il est aisé d'imposer à un peuple prévenu.

Allant en Grece il s'arrêta à Ilium, & prétendit qu'Achille lui étoit aparu, & lui avoit revelé ...plufieurs fecrets de l'Iliade. Puis il vint à Athénes: où d'abord le hierophante refusa de l'initier aux myfteres d'Eleufine, comme un magicien,& un homme qui n'étoit pas pur du commerce avec les démons. Mais Apollonius paya de hardieffe, & voyant les Athéniens fort fuperftitieux, il leur parla des ceremonies de leur religion. Comment: il faloit facrifier en chaque temple à chacun des dieux; à quelle heure du jour, ou de la nuit, on devoit offrir des facrifices, des libations, ou des prieres. Il prétendoit favoir les raisons mystericufes des ftatues, & de leurs diverfes poftures. Sur les libations il donnoit ces préceptes importans :qu'il ne faloit point boire dans la coupe dont on les faifoit; mais la garder pure pour les dieux.

Qu'elle devoit avoir des oreilles, & que c'étoit par là qu'il faloit verfer la libation, parce que c'eft par cet endroit qu'on boit le moins. Un jeune folâtre qui étoit préfent à ce difcours, s'éclata de rire. Mais Apollonius dit, qu'il étoit poffedé du démon. En effet, il commença à en donner des marques. Apollonius commanda au démon de fortir, & pour figne de fa fortie, de renverfer une ftatuë. Ce qu'il fit, & le jeune homme devint fi fage, qu'il prit même l'habit de philosophe, & la maniere de vivre d'Apollonius. S'il avoit commerce avec les démons, comme les payens même l'en accufoient; on peut bien croire, qu'ils s'entendoient avec lui, pour entrer dans les hommes & en fortir, afin de lui donner crédit; & d'obscurcir les miracles des chrétiens, qui les chaffoient tous les jours

Il reprit les Athéniens de leur maniere de célébrer les baccanales; en ce qu'au lieu des fpectacles reglez, ce n'étoit par toute la ville que danfes effe minées: où les uns étoient habillez en heures, les autres en nymphes, les autres en bacchantes, en reprefentant les poëfics d'Orphée. Il les rapelloit au courage & à la vertu de leurs ancêtres. Il condamna auffi les spectacles de gladiateurs qui fe donnoient à Athènes. Il vifita tous les temples de la Grece qui étoient fameux par des oracles, & tous les lieux où fe faifoient les combats confacrez aux dieux. Etant à l'Ifthme de Corinthe, il dit: Cette langue de terre fera coupée,ou plûtôt ne le fera pas

Suet.Ner.c.15. Ce qui fut pris pour une prédiction de l'entreprife de Neron,qui commença à la faire couper, & n'acheva point. Mais il étoit difficile qu'une telle prophetic ne s'accomplit. Enfin Apollonius vint à Rome après avoir parcouru toute la Grece.

L.

S Paul en Ma

cedoine. Seconde épître aux Corinthiens.

2 Cor. II. 12.

A&.xx.2

2.Cor VII.6.

2. Cor. IX. 2.

2. Cor. I. I. ibid. 1. 8.

Cependant S. Paul étant parti d'Ephefe, alloit en Macedoine. Etant venu à Troade, & y trou vant la porte ouverte pour l'évangile, il n'y cut point de repos, parce qu'il n'y rencontra point Tite fon difciple. Il paffa le détroit de l'Hellefpont, vint en Macedoine, la parcourut, & exhorta les freres par plufieurs difcours. Tite l'y vint trouver, & le confola par les bonnes nouvelles qu'il lui apporta de Corinthe: lui racontant combien ils avoient été touchez de fa lettre précédente, le regret qu'ils avoient de fon absence, leurs larmes, leur zele pour le contenter. Il lui dit encore, que dés l'année précédente l'Achaïe étoit prête à fournir fa contribution pour les fideles de Judée : & l'apôtre fe fervit de cet exemple pour exciter les exciter difpofez à contribuer abondamment à proportion de leur pauvreté.

Core niens, quoique déja

S. Paul étant ainfi inftruit de l'effet de fa premiere épître aux Corinthiens, leur en écrivit une feconde adreffée en fon nom, & au nom de Timothée, à l'église de Corinthe, & aux fideles de toute l'Achaïe. Il leur marque d'abord qu'il a fouffert en Afic une perfecution extrême, & au deffus de fes forces, jufques à defirer la mort. Ce

qui femble marquer quelque tentation plus vio-
lente,que la fédition de Demetrius. Il ajoûte, que ibid. 15.
s'il a changé le deffein qu'il avoit de les aller voir,
comme il leur avoit promis par la lettre prece-
dente : ce n'eft, ni par legereté, ni par une con-
duite humaine : mais pour les épargner, & pour
s'épargner la douleur de traiter feverement ceux
qui ne s'étoient pas encore corrigez de leurs pe-x. 18.
chez, & de voir les autres dans l'affliction extrê-

ibid 23.11. 1 2.

VIIG XII 20.

me où ils étoient du crime de l'inceftueux. C'est 2.Cor.11.6. pourquoi jugeant qu'il étoit affez puni, par la correction que l'église de Corinthe lui avoit faite, & la douleur qu'elle avoit témoignée de fon cri- 8. me: il les prie de lui pardonner, & de le recevoir à la paix, & leur demande cette indulgence comme une preuve de leur obéïffance. Il en rend raifon. De peur que le coupable ne foit accablé 7. d'une trifteffe exceffive; & que nous ne nous laiffions furprendre aux artifices du démon, en pouffant ce miferable au defespoir. Suivant ces maxi-11. mes, les pasteurs ont fouvent ufé d'indulgence envers les pecheurs,touchez de la ferveur de leur contrition,ou de quel qu'autre raifon importante.

S. Paul employe la plus grande partie de cette épître à relever fon miniftere, & à montrer combien fa conduite eft au deffus de celle des faux apôtres, qui abufoient de la crédulité & de la pieté des fideles. Ils les traitoient d'une maniere dure & infolente, exerçoient fur eux un empire 3x1,20abfolu, comme fur des efclaves : les pilloient &

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