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pteur pour les délivrer de leurs pechez. Car ils ne connoiffoient point d'autre justice, que la pratique des œuvres exterieures marquées par la loi: ils croyoient être fans peché, pourvû qu'ils l'euffent ainfi accompli ; & ils croyoient la pouvoir accomplir par leurs propres forces. Ainfi ils ne connoiffoient la neceflité ni de la pénitence, ni de la confiance au mediateur. Tels étoient les Juifs charnels.

Les Grecs au contraire, c'eft à dire les gentils, feglorifioient de la philofophic, qui leur avoit fait connoître & pratiquer la plupart des préceptes de la morale, fans le fecours de la revélation, & de la loi : & méprifoient les Juifs, qui aprés avoir receu de Dieu tant de graces, lui avoient été tant de fois rebelles, & enfin avoient rejetté & crucifié le Chrift. S. Paul travaille dans l'épître aux Romains à humilier les uns & les autres. D'abord il humilie les Grecs, c'est à dire Rom 1. 18. les payens les plus fages, & les Philofophes : les lumieres dont ils fe vantoient n'ont fervi qu'à les rendre plus coupables. Ils ont, dit-il, retenu la verité de Dieu captive injuftement. Car le connoiffant par les merveilles de fes ouvrages, ils ne l'ont point glorifié, ni fait conoître aux peuples ce qu'ils en conoiffoient. Socrate, par exemple, avoit une haute idée de la divinité: mais étant accufé de ne pas adorer les dieux d'Athenes, il l'a nié, & fes difciples ont Socr. Xenoph. pris foin de l'en justifier. Les fages du monde,

montrant que

Plato apolog lib.mem.init

Rom. 2.21.

1.24.

Rom. I 19.

II. I.

I. 17.

ajoûte S. Paul, n'ayant pas rendu gloire à Dieu,. à caufe des connoiffances qu'il leur avoit donées, & s'étant arrêtés à leurs penfées, comme fi elles fuffent venues d'eux-mêmes; ils font tombés dans l'aveuglement & l'égarement d'efprit, qui les a jettés dans l'idolatrie. Ce qui femble convenir particulierement aux fages des Egyptiens, dont les Grecs avoient pris la plûpart de leurs fuperftitions. En punition de ces crimes, Dieu les a livrés à leurs propres paffions, qui leur ont fait commettre des infamics abominables, & abufer de leurs corps par toutes fortes d'impudicités. Ce qui étoit commun à tous les idolâtres : & fe voit particulierement dans les difcours de Socrate, & de fes difciples, Ce renversement de raison, & ce déréglement du cœur, même dans les plus fages, a attiré tous les vices dont l'apôtre fait ici le dénombrement : & il ne dit rien qui ne fût alors commun à Rome, & dans la cour de Neron, telle que Tacite l'a décrit. Cependant la lumiere naturelle de la raifon n'étoit pas éteinte dans ces payens fi corrompus, quand il s'agiffoit de juger les actions des autres, en qui ils condamnoient tous les vices aufquels euxmêmes étoient fujers; fur tout les Philofophes, qui s'établiffoient juges des mœurs.

L'apôtre vient enfuite aux Juifs, & les humilie en décrivant leur orguëil. Ils s'attachoient à leur nom de Juifs, ou d'Ifraëlites; ils fe repofoient sur leur loi; & ne s'en fervoient pas pour la prati

quer, mais pour l'admirer, & la loüer; méprifant ceux qui n'avoient pas de fi belles connoiffances. Ils fe glorifioient en Dieu, d'une gloire humaine; qui ne fe raportoit pas à lui, mais à cux, pour dire qu'ils étoient fon peuple, choifi & bien-aimé: au contraire, ils le deshonoroient en violant fa loi, qu'ils élevoient fi haut par leurs paroles. Les Juifs n'avoient donc aucun avanta- 119. ge fur les gentils du côté du merite : ils n'étoient pas plus dignes de la grace de l'évangile ; puifque tous, Juifs & gentils, étoient également envelopés dans le peché: & que tous, fans diftinc. 11. 13. 24. tion, avoient befoin de la puiffance de Dieu, pour être justifiez gratuitement par fa grace, en vertu de leur foi en J. C. Il explique comment la foi feule eft le principe de la juftification, fans IV. 4.5. que Dieu ait égard aux œuvres précédentes : puifqu'autrement ce feroit une récompenfe, & non pas une grace.

IV. 14. 11.

Puis il revient à ce qui réunit les Juifs & les Gentils dans la même églife. Ce ne font pas feulement les enfans d'Abraham, felon la chair,ni ceux qui font circoncis comme lui, qui font fauvés : mais les enfans de la promeffe, & les imi- ́1×. 8. tateurs de fa foi. Donc les Juifs ne doivent pas méprifer les gentils. Les gentils, non plus, ne doivent pas méprifer les Juifs, quoique le gros de la nation foit réprouvé : parce que cette nation eft la racine & le tronc fur lequel l'églife des gentils eft entée : en forte qu'elles ne font qu'une

11. 18. 19.

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feule églife,& un même corps d'enfans de Dieu. La févérité de Dieu, à l'égard des Juifs qui ont abufé de fa grace, doit tenir en crainte les gentils qu'il a appellés à leur place. Ici l'apôtre découvre, qu'à la fin des ficcles, aprés que tous les predeftinez des nations feront entrés dans l'églife, tous les Juifs fe convertiront: & ce grand miracle ranimera la foi de tous les autres fideles.

Il exhorte les Romains à l'humilité, à la concorde, & au bon ufage de la Prophetie, & des autres dons furnaturels que Dieu donnoit à quelques-uns pour l'utilité de l'églife. Mais il n'infif te pas tant fur ce point, que dans la premiere épître aux Corinthiens : parce que les Romains en ufoient mieux. Il recommande l'obéïffance aux puiffances temporelles: de peur que quelques-uns n'abusassent de ce qu'il "difoit de la liberté de l'évangile. Et il la recommande à toutes perfonnes généralement,fans excepter, ni prêtre, ni Prophete, ni qui que ce foit. Il donne des régles femblables à celles qu'il avoit données aux Corinthiens : pour ne point scandaliser ceux qui avoient des fcrupules touchant les viandes immolées aux idoles, ou impures de quelqu'autre maniere fuivant la loi. La foibleffe de quelques-uns alloit jufques à ne manger que des herbes pour plus grande feureté. Il veut donc, que ceux qui étant plus éclairés, fe croyent tout permis, ne méprifent point les autres; & que les plus fcrupuleux ne condamnent point les pre

miers. Il donne la même regle pour l'observation des jours: c'est à-dire les jeûnes, les premiers jours des mois, & les autres fêtes des Juifs. Parce que ces œuvres étoient indifferentes d'ellesmêmes, & que tous avoient également bonne intention : les uns croyoient honorer Dieu en obfervant fa loi à la lettre, les autres croyoient l'honorer davantage en ufant de la liberté de l'évangile. Les régles générales font, de conferver la charité, & ne jamais agir contre notre confcience.

XIV. 23.

XV. 16.

S. Paul dit enfuite, qu'il a prêché l'évangile depuis Jerufalem, tout autour de la mer, jusques en Illyrie:fans avoir bâti fur le fondement d'autrui, mais l'anonçant principalement à ceux qui n'en avoient point oui parler : & qu'il défire depuis long-temps d'aller à Rome, mais qu'il en a été empêché jufques alors. Maintenant,dit-il, je m'en vais à Jerufalem pour le fervice des faints. Car lajk Macedoine & l'Achaïe ont trouvé bon d'y contribuer pour les pauvres d'entre les fideles qui y font. Et c'eft leur devoir. Car fi les gentils participent à leurs graces fpirituelles, ils doivent auffi leur fournir les fecours temporels. Quand donc je leur aurai remis ce fecours, j'irai chés vous pour paffer en Espagne. Je vous prie de m'aider de vos prieres, afin que je fois délivré des infideles de Judée ; & que mon service foit une offrande agreable aux faints de Jerufalem. C'est ainfi que cet apôtre regardoit l'aumône comme

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