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cufations légitimes qu'il eût eu à craindre dans la paix, ne tint compte d'y envoyer. Agrippa, qui avoit déja effayé inutilement de ramener par la raifon le peuple de Jerufalem, y envoya trois mille chevaux, qui étant favorifez par les pontifes, les principaux citoyens, & tous ceux qui vouloient le repos; fe rendirent maîtres de la ville haute, contre les féditieux, qui tenoient le temple, & la ville baffe. Ces deux parties le battirent pendant fept jours. Le jour que l'on portoit le bois au temple,plufieurs ficaires étant entrez dans le temple avec les autres, forcerent les troupes d'Agrippa, les chafferent de la ville haute, & les réduifirent au palais haut d'Herode : ayant brûlé le palais des Afmonéens,qui étoit alors celui d'Agrippa, la maifon du pontife Ananias, & les archives, qu'ils brûlerent exprés, afin de perdre les actes publics qui contenoient les obligations des particuliers; & par ce moyen attirer à leur parti les gens oberez.

Le lendemain quinziéme de Loüis, ou d'Aoust,ils affiegerent la fortereffe Antonia, & la prirent au bout de trois jours. Ils tuerent tous les foldats Romains qui y étoient, & la brûlerent. Le chef de ces féditieux étoit Manahem, fils de Judas de Galilée : ce faux docteur qui avoit été chef de révolte du temps de Quirinus. Manahem alla à Maffada, pilla le magafin d'armes qu'Herode y avoit fait, & en arma fes troupes. Peu de temps aprés il attaqua le haut palais, prit la partie que

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l'on appelloit le camp, la brûla, & demeura ainfi le maître. Mais Eleazar, capitaine du temple, fe jetta fur lui dans le temple, comme il faifoit fa priere avec grand appareil en habit roïal. Il fut pris & executé à mort aprés plufieurs tourmens avec les principaux chefs de fon parti. Quelque peu de ficaires, qui accompagnoient Manahem regagnerent Massada, fous la conduite d'Eleazar fils de Jaïr fon parent. Le peuple en fe défaisant de Manahem,croyoit avoir appaifé la fédition. Mais Eleazar, le capitaine du temple, travailloit pour lui-même. Il attaqua les Romains, qui aprés la prife du palais s'étoient retirez dans les trois tours, Hippique, Phafaël, & Mariamne. Ils fe rendirent: mais les feditieux les tuerent tous contre la parole donnée, quoiqu'ils fuffent defarmez, & que ce fût le jour du fabat.

Le même jour, & à la même heure, les gentils s'éleverent contre les Juifs à Cefarée en Paleftine, où ces derniers défordres avoient commencé. Florus même excitoit les payens, & ils tucrent plus de vingt mille Juifs: en forte qu'il n'en refta plus à Cefarée. Car Florus fit prendre ceux que l'on avoit épargnez, & les envoya enchaînez dans les ports.

A ce maffacre de Cefarée, toute la nation des Juifs entra en fureur; ils fe partagerent, & se mirent à ravager les bourgs des Syriens, & les vil les voifines, Philadelphie, Gebonite, Geraffe, Pella, Scythopolis: puis ils attaquerent Gadare,

Hippos, & la region Gaulanite. De ces villes ils minoient les unes,& brûloient les autres. Ils marcherent encore contre Cedafe des Tyriens, contre Ptolemaïde, Gaba, & Cefarée.Ni Sebaste,ni Ascalon ne put refifter à leurs efforts: mais aprés les avoir brûlées, ils renverferent Anthédon & Gaza. Plufieurs villages furent pillez au tour de ces villes; & une infinité d'hommes furent pris & tuez. Les Syriens, de leur côté, n'épargnerent pas plus les Juifs. Ils prenoient ceux qui étoient dans les villes, & les égorgeoient: joignant à leur ancienne haine, la neceffité de les prévenir, pour fe mettre en fûreté. Ainfi chaque ville étoit divifée comme en deux armées : & toute la Syrie dans une confufion terrible. Les plus moderez étoient excitez au maffacre par le pillage. Car c'étoit un honneur à qui entaffoit dans fa maison plus de dépouilles. On voyoit les villes pleines de corps morts, les vieillards jettez fur les enfans, les femmes expofées à découvert.

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Il y eut une ville où les Juifs mêmes s'armerent contre leurs freres. Ce fut à Scythopolis. Mais les habitans ne pouvant s'y fier, les obligerent, comme pour preuve de leur fidelité, à s'enfermer avec leurs familles dans un petit bois; & là ils les égorgerent tous au nombre de plus de treize mille. Simon, fils de Saül, qui avoit paru le plus zelé contre fa nation, voyant ce trif te évenement, fe voulut punir lui-même d'y a voir contribué. Il s'écria: Je n'ay que ce que je

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merite: mais je ne dois perir que de ma main. Alors il regarde toute fa famille avec des yeux égarez. Il prend fon pere par fes cheveux blancs, & le perce de fon épée; puis sa mere qui n'y réfifta pas: puis la femme & fes enfans, qui alloient presque au devant des coups. Enfin il éleva le bras, pour mieux faire remarquer une fi belle action, & s'enfonça dans le fein son épée jusques aux gardes. Telle étoit la fureur des Juifs.

L'exemple de Scythopolis anima les autres villes. A Afcalon on tua deux mille cinq cens Juifs, à Ptolemaïde deux mille. On en tua plufieurs à Tyr, & on en mit la plûpart aux fers. Il n'y eut qu'Antioche, Sidon, & Apamée qui les épargnerent: mais à Alexandrie le maffacre fut grand. Le peuple étoit assemblé dans l'amphiteatre, pour déliberer fur une députation, qu'ils devoient envoyer à l'empereur. Il s'y trouva plufieurs Juifs. Leurs adverfaires les voyant, s'écrierent tout d'un coup, qué c'étoit des ennemis, & des efpions : & en même temps ils fe jetterent fur eux. Les Juifs s'enfuirent. On en prit trois, & on les traînoit comme pour les brûler vifs. Tous les Juifs vinrent au fecours. Ils commencerent par jetter des pierres aux Grecs, puis prenant des flambeaux, ils coururent à l'amphiteatre, à deffein de brûler tout le peuple qui y étoit : & l'auroient fait, fi Tibere Alexandre, gouverneur de la ville, ne les cût retenus. Il leur envoya dire, qu'ils priffent garde de ne pas irrriter les troupes

Romaines : ils fe moquerent de fes avis, & lui dirent des injures à lui-même. Alors il lâcha fur eux les deux légions qui étoient à Alexandrie, & cinq cens foldats de Lybie, qui s'y trouverent par hazard. Il leur donna ordre, non feulement de les tuer, mais de piller leurs biens, & de brûler leurs maifons. Les foldats les attaquerent dans le delta d'Alexandrie, qui étoit leur quartier. Les Juifs le défendirent autant qu'ils purent, avec ce qu'ils avoient de gens les mieux armez. Mais enfin ils plierent; & les Romains les tuerent fur la place, & dans leurs maisons, sans distinction d'âge, ni de sexe en forte que tout le quartier nageoit dans le fang, & que les corps entaffez montoient jufques au nombre de cinquante mille. Alexandre, par pitié conferva le refte. Les foldats Romains, accoûtumez à l'obéïffance, fe retirerent auffitôt : mais il fut bien difficile d'arracher le peuple d'Alexandrie d'autour de ces corps morts, tant il haïffoit les Juifs.

Ceftius Gallus, gouverneur de Syrie, voyant par tout les Juifs en armes, crut ne pouvoir plus demeurer en repos. Il partit d'Antioche avec la douziéme légion, les troupes auxiliaires des rois Antiochus & Agrippa, & quelques autres. Agrippa l'accompagnoit en perfonne: & comme il conoiffoit mieux le païs, il fervoit de guide, Ceftius s'avança à Ptolemaïde, & enfuite à Cefarée, d'où il envoya un détachement contre Joppée. Elle fut prise & brûlée, & on y tua tous les Juifs au Cc uj

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XVIII. Guerre de Ju

fous Ceftius. 11. Bell,

Jof. co 2.1.8:7.

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