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XIV. Voyages de

faint Paul faint Pierre. Gal1 18.

Miracles de

Act. 1x 23.

Il y avoit déja trois ans que Saul étoit converti quand les Juifs de Damas ne pouvant plus le souffrir, tinrent confeil & réfolurent de le tuer. De peur qu'il ne leur échapât, ils obtinrent du gouverneur, qui tenoit la ville pour le roi Aretas, d'en faire garder les portes. Il fut aifé de fairepaffer Saul pour un efpion, d'autant plus qu'il avoit été en Arabie quelque tems auparavant. Mais il fut averti du mauvais deffein des Juifs : & les freres le defcendirent par une fenêtre del fus la muraille de la ville dans une corbeille. Ainfi il fe fauva & vint à Jerufalem, Ily vint pour er in epift.ad voir faint Pierre. Non par curiofité, pour connoî- chrifft.ibid. tre fon visage: ni par neceffité, pour s'instruire & pour affeurer fa doctrine: car il l'avoit receuë immediatement de JESUS CHRIST mais il voulut rendre honneur au chef de l'églife, & le

connoître.

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2.Cor.x1.33.

Gal. 1. 8.

Galat.

Quand il fut arrivé à Jérufalem, tous les difci- A. xx. 26, ples le craignoient, ne croyant pas encore qu'il fût des leurs: Mais Barnabé le mena aux apôtres & leur conta fa converfion. Ainfi Saul demeura quinze jours chés Pierre : & ne vit aucun autre des apôtres, finon Jacques frere du Seigneur. Un jour comme il prioit dans le temple, il fut ravi en éxtase; & vit JESUS qui lui dit : Sors promptement de Jerufalem, car ils ne recevront pas le témoignage que tu rends de moi. Saul répondit: Seigneur, ils fçavent que je mettois en prison, & que je faifois foüetter par les fynago

A&t. x7. XII.I

Gal. 1. 21.

Act. 1x.31.

XV.

gues ceux qui croyoient en vous: & que lorfque l'on répandoit le fang de votre martyr Eftienne j'y affistois, j'y confentois & gardois les manteaux de ceux qui le faifoient mourir. JESUS lui dit: Va je t'envoyerai aux nations éloignées. En effet les Hellenistes avec lefquels il difputoit cherchoient à le faire mourir. Ce que les freres ayant apris, ils le conduifirent à Cefarée, d'où ils l'envoyerent à Tarfe. Il paffa quelque tems en Syrie & en Cilicie. Les églifes de Judée ne connoiffoient point fon vifage : feulement elles favoient fa converfion, & en glorifioient Dieu.

L'églife étoit en paix dans toute la Judée, la Galilée, & la Samarie, & s'édifioit de plus en plus, marchant dans la crainte de Dieu, & remplie de la confolation du faint Efprit. Alors faint Pierre entreprit de vifiter par tout les fideles. Il vint à Lydde où il guerit un paralytique nommé Enée: & ce miracle convertit les habitans de Lydde & de Saronne. De Lydde il alla à Joppé à la priere des difciples : & quand il y fut arrivé ils le menerent dans une chambre où étoit le corps d'une fidelle nommée Thabithe qui venoit de mourir, & qui étoit fort regrettée pour fes aumônes. Saint Pierre la reffufcita: & plufieurs de Joppé fe convertirent. Il y demeura long-tems, demeurant chés un nommé Simon corroyeur.

La feconde année du regne de Caligula, trenJuifs maltraitez te-huitiéme de Ţ C.le nouveau roi des Juifs Agrippa lui demanda permiflion d'aller faire un voyage

à Alexandrie.

c.8 Phil.inFlac.

en fon royaume. L'empereur le lui permit : mais Jof xv. antiq au lieu du chemin ordinaire par la Syrie, il luy .968 D. confeilla d'aller par l'Egypte. Agrippa vint donc à Alexandrie: où le peuple qui haiffoit les Juifs indigné de ce qu'ils avoient un roi, le voulut tourner en ridicule, étant autorisé fecretement par Flaccus prefet d'Egypte : à qui la prefence de ce roi donnoit de la jaloufic: & qui d'ailleurs haïffoit les Juifs.

Il y avoit un fou nommé Carrabas qui fe promenoit tout nud par les rues d'Alexandrie, & étoit le jouet des enfans. Ils le menerent au gymnafe, c'étoit le lieu des exercices publics: & l'ayant élevé lui mirent fur la tête un diadême de papier d'Egypte, fur les épaules une natte pour manteau, & à la main pour fceptre un morceau de rofeau qu'ils trouverent à terre. De jeunes gens l'entouroient avec des perches fur leurs épaules pour representer les gardes. Les uns venoient lui faire la reverence, les autres lui demandoient juftice, d'autres le confultoient fur les affaires de l'état : & ceux qui étoient amaffés à l'entour crioient, Mâri, c'est-à-dire Seigneur en fyriaque.

Le peuple d'Alexandrie s'échauffant de plus en plus, s'affembla le lendemain des le matin au théatre, & cria qu'il falloit confacrer des statuës, c'est-à-dire, mettre des idoles dans les fynagogues des Juifs, fe fervant du nom de l'empereur pour couvrir cette entreprise féditieufe. Flac

10.1. C.

Zuf.Chr.an.39 cus le permit. Ainfi on leur ôta leurs fynagogues: une partie furent abattues ou brûlées dans les autres on mit des ftatues de l'empereur Caligula qui avoit la folie de fe faire adorer comme Phil.de leg. p. un dieu. Flaccus publia enfuite une ordonnance par laquelle il les déclara étrangers, quoiqu'ils fuffent citoyens & avec les mêmes privileges qu'à Antioche; & quoiqu'ils fuffent en fi grand nombre, que dans Alexandrie & le reste de l'Egypte ils étoient bien un million. Enfin il permit à tout le monde de traiter les Juifs comme des captifs pris en guerre.

In Flac. p. 973.

A.

ibid.p.971.C.

Alexandrie étoit divifée en cinq quartiers, qui portoient le nom des premieres lettres de l'alphabet. Il y en avoit deux particulierement attribués aux Juifs. On les réduifit à une petite partie d'un feul quartier. En forte que plufieurs n'y pouvant trouver place, étoient réduits à crrer fur le bord de la mer: dans les tombeaux & les fumiers, étant dépoüillés de tout. Cependant les gentils pilloient leurs maifons, enfonçoient leurs boutiques, enlevoient les marchandifes & les partageoient en plein marché: & les Juifs ne pouvoient plus exercer leur commerce ni leurs métiers. Les gentils pafferent plus avant. Ils tuerent & brûlerent grand nombre de Juifs, & traînerent leurs corps par la ville. Flaccus fit fouëter cruellement plufieurs de leurs fenateurs: & fous prétexte de défarmer la nation; il fit foüiller les maifons, & en tira plufieurs femmes

qu'il

qu'il faifoit tourmenter, quand elles refufoient de manger de la chair de porc. C'eft ainfi que la vengeance divine commençoit à éclater contre les Juifs.

Ces cruautés fervoient de divertiffement pu- Philo.deleg.p. blic, pour la fête de l'empereur : & les Alexan- 2016. A. drins prétendoient lui faire leur cour, en traitant ainfi les Juifs, qui ne vouloient pas le reconnoître pour un dieu, quoiqu'ils lui cuffent rendu tous les honneurs, que leur loi permettoit de rendre à un homme. On lui envoyoit des relations de ce qui s'étoit passé chaque jour, à l'occasion des fynagogues : & l'empereur ne leut jamais avec tant de plaifir, ni poëme, ni hiftoire. Ce qui n'empêcha pas que la même année il ne fit ariêter Flaccus, contre lequel il étoit irrité depuis Philo in Flac. pi long-temps. Il l'envoya en exil & le fit mourir peu de temps aprés.

981.

XVI.

Fin d'Herode

Pilate.

Agrippa arrivant en Palestine furprit totit le monde, par le changement de fortune. Il en étoit Antipas & de parti miferable & accablé de dettes, & revenoit Jof. ant. XVIII. avec le nom de roi & le diadême. Sa fœur Hero- c.9.bell.c & diade en fut la plus touchée, & en conceut une jaloufie extrême. Elle reprochoit à fon mari Antipas, que s'il eût eu du courage, & s'il eût voulu aller trouver l'empereur : il auroit bien plus facilement obtenu le titre de roi, étant déja tetrarque, que fon neveu, qui n'étoit que fimple particulier. Herode aprés avoir réfifté quelque temps, ceda enfin aux importunités de fa fem

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