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peu de perfonnes qui ne s'étoient pas foüillées. L'apôtre l'excite à faire penitence, & à conserver la doctrine qu'elle a reçuë.

La fixième église étoit à Philadelphie. Sa force n'étoit pas grande, mais elle avoit été fidelle à confeffer la foi. J. C. dit qu'il lui a ouvert une porte, que perfonne ne pourra fermer ; & que les Juifs viendront fe profterner à fes pieds. Ce qui marque la propagation de l'évangile. Il promet de la proteger dans la tentation, qui va attaquer toute la terre. C'est-à-dire dans les perfécutions fuivantes, plus longues & plus univerfelles, que celles de Neron & de Domitien. La feptiéme églife d'Afie étoit à Laodicée. L'apôtre lui reproche fa tiédeur & la pauvreté, qu'elle ne connoiffoit pas s'imaginant être en bon état, pour être exempte des vices groffiers. Il l'excite fortement à fe convertir. Voilà les inftructions que S. Jean envoya aux églifes d'Afie, par l'ordre de J. C.

Apoc. 3.7.

111, 147

Enfuite il eut plufieurs vifions, qui lui reprefentoient ce qui devoit arriver dans les fiècles fuivans: particulierement les perfecutions; que fouffriroidl'églife: la punition des perfecuteurs: la ruine de Rome, ou régnoit l'idolâtrie, la deftruction de l'idolâtrie même, & la gloire de l'églife victorieufe. Tout cela lui fut reprefenté, fous des images magnifiques, & le recueil de toutes ces revelations qu'il receut à Patmos pendant fon éxil, eft le livre de l'Apocalipfe. Il dit à la fin Apoc. xx11. 19. Je protefte à quiconque écoute cette prophettes

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LII. Perfecution de Domitien. Hegefip. ap. Euf 1.11. hift. 6. 10.

que fi quelqu'un y ajoûte, Dieu ajoûtera fur lui les playes écrites en ce livre: & fi quelqu'un en diminuë, Dieu ôtera fa part du livre de vie de la fainte cité. Cette proteftation femble regarder principalement les écrivains, qui copioient les livres pour les obliger à tranfcrite fidellement celui-ci, dont il étoit plus facile d'ôter ou d'y ajoûter, fans que l'on s'en apperceût, à cause de son obfcurité.

&

Dans le même temps de cette perfécution, Domitien fçachant qu'il y avoit des chrétiens Juifs d'origine de la race de David, & parents de Jesus, qui avoit été reconnu pour meffie, pour roi : craignit qu'ils ne fiffent quelque entreprise contre l'état. C'étoient les petits fils de Judas frere de J. C. felon la chair, qui furent menez à l'empereur par un foldat. L'empereur leur demanda s'ils étoient de la race de David ; ils le confefferent.Il leur demanda combien de terres ils poffedoient, & combien d'argent. Ils répondirent, qu'à eux deux ils avoient vaillant neuf mille deniers, c'est-à-dire environ trois mille quatre cens livres de notre monnoye : & qu'ils n'avoient pas ce bien en argent, mais en terres, contenant seulement trente-neuf plethres, qui font Lept arpens & quatre perches de Paris. Qu'ils en payoient les tributs, & en fubfistoient, les cultivant eux-mêmes. En même temps ils montrerent leurs mains pleines de calus, & leurs corps endurcis au travail. L'empereur leur de

manda

demanda ce que c'étoit que le royaume de J. C. en quel lieu, & quand il devoit regner. Ils repondirent que fon royaume n'étoit ni terreftre, ni de ce monde, mais celeste & angelique: qui paroîtroit à la fin du monde, quand il viendroit avec majefté juger les vivans & les morts. Domitien les méprisant comme des perfonnes viles, les renvoya en liberté, fans leur faire aucun mal. Il donna même un ordre, pour faire ceffer la perfecution, du moins en Judée. Ces deux confeffeurs gouvernerent depuis les églifes, & vecu. rent jusques au tems de Trajan.

Martial. 1. epig.

42. Fiven. Sat. 3.

A Rome les Juifs étoient maltraitez, & menoient une vie très miferable. On exigeoit avec la derniere rigueur, les tributs dont ils étoient chargez: jufques-là, qu'un vieillard de quatre- swet. Lomit. 6. 12j vingt-dix ans qui prétendoit n'être point Juif, fut vifité publiquement dans la place, pour voir s'il étoit circoncis. La plufpart étoient reduits à la mendicité, vendoient des allumettes, & n'avoient pour tout meubles, qu'une corbeille : & un peu de foin, pour fe coucher. On confondoit les chrétiens avec les Juifs: & plufieurs Romains furent accufez, d'avoir paffé aux mœurs des Juifs, & de n'avoir point de dieux : ce qui fignifioit dans le langage des payens, qu'ils avoient embraffé le chriftianifme.

Flavius Clement, coufin germain de l'empereur fut conful la quatoziéme année de fon regne, quatre-vingts- quinze de J. C. Il avoit deux

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Tome &

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Stat. 1. filv. 6

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15. Epift. Dion.p.

236.

17 18.

Suet. Domit.. enfans encore petits, que l'empereur avoit deftinez pour être fes fucceffeurs à l'empire: & avoit changé leurs noms, en ceux de Vefpafien & Domitien. Le conful Clement étoit chrétien: & la vie paifible & retirée qu'il menoit, comme la plûpart des chrétiens, le faifoit paffer pour un homme avili & incapable d'aucune entreprise. Enf. Chron. an. Lui, & fa femme Flavia Domitilla, qui étoit de 97.6 111 biß. c. la même famille, & parente de l'empereur, furent accufez d'impieté & de judaïfme. Clement fut mis à mort, étant à peine forti du consulat, la quinzième année de Domitien, quatre-vingtfeize de J. C. fa femme Domitilla fut feulement releguée dans l'ifle de Pandantaria près de l'Italie. Plufieurs furent en même tems accufez du même crime. Il y en eut que l'on fit mourir : d'autres qui ne furent que dépouillez de leurs biens. Le conful Clement avoit une niece nom. mée Flavia Domitilla, comme fa tante. Elle fut auffi releguée, mais dans une autre ifle nommée Pontia. Nérée & Achille, fes eunuques, l'y fuiMartyr Adon. virent: ils fouffrirent plufieurs tourmens, & euHier. ep. 27 de rent enfin la tête tranchée fous le confulaire

An. 96.

72 Mai.

Paula.

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Memmius Rufus. Domitilla demeura dans l'Ifle Pontia, logée en des cellules, que l'on voyoit encore trois cens ans aprés.

L'empereur Domitien s'étoit déja rendu trésodieux par fes cruautez: mais la mort du consul Clement hâta fa perte. Celui qui entreprit de le tuer, fut Etiene intendant de Domitilla, accufé

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n. 16.

An. 96.

Erift. Dion, in fin. Domit.

d'avoir détourné de largent. Il portoit exprés, depuis quelques jours, le bras gauche en écharpe : & un peu avant l'action il prit une canne creufe qui cachoit une épée: puis ayant fait dire à l'empereur, qu'il avoit un avis important à luy donner: il lui prefenta un mémoire, comme d'une conjuration qu'il découvroit ; & tandis que l'empereur lisoit, Etiene lui perça les aînes, D'autres lui aiderent & l'acheverent. Ainfi mourut Domitien, le dix-feptiéme de Septembre, la quarante-cinquième année de fon âge, & la quinziéme de fon regne, quatre-vingts-feize de J. C. Apollonius de Tyane étoit à Ephese, où il ha- Philoftr. ibid Suet. ranguoit le peuple, à la même heure, entre onze heures & midi. Il commença à baiffer la voix, comme s'il eût eu peur: puis il parloit négligemment, comme ceux qui regardent quelque cho se en parlant. Enfuite il fe teut, & fembloit avoir perdu ce qu'il vouloit dire. Puis ayant les yeux hagards & fichez en terre, il avança trois ou quatre pas, & cria: Frape le tyran, frape. On eût dit qu'il étoit prefent à l'action. Toute la ville d'Ephese qui l'écoutoit, fut étonnée. Apollonius s'arrêta, comme pour voir le fuccés de l'action: enfuite il dit: Courage mes amis, le tiran a été tué aujourd'hui ; & que dis-je aujour d'hui, tout maintenant : j'en jure par Minerve. Maintenant quand j'ai ceffé de parler. Les Ephefiens crurent qu'il y avoit de la folie: & quoiqu'ils défiraffent que la nouvelle fût vraye, ils crai

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