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Coteler. hic. Conft.

Ap. VI. c. 17. E

piph. expof. n. 21.

pour

Antioche, & dit: Il eft à propos pour la gloire de
Dieu, que votre églife choififfe un député: qui
étant arrivé jusques en Syrie, fe réjouisse avec
eux de ce qu'ils font en paix, qu'ils ont recou-
vré leur grandeur, & rétabli leur corps. La cho-
fe mérite, ce me femble, d'envoyer quelqu'un
des vôtres avec une lettre: pour glorifier Dieu
avec eux du calme qu'il leur a donné, & de ce
que par vos prieres ils font arrivez au port. Et
enfuite: la charité des freres de Troade vous fa
lue. C'est d'où je vous écris par Burrus, que vous
avez envoyé m'accompagner avec nos freres d'E-
phefe. Il m'a foulagé en toutes chofes. Et plût à
Dieu que tous l'imitaffent. C'est un modele
les miniftres de Dieu. La grace le récompenfe-
ra en tout. Je faluë votre digneévêque, vos vé-
nerables prêtres, mes confreres les diacres: &
tous en commun & en particulier, au nom de
J. C. de fa chair, de fon fang, de fa paffion, &
de fa refurrection corporelle & fpirituelle, en l'u-
nion qui est entre Dieu & vous. Je faluë les mai-
fons de mes freres, avec leurs femmes & leurs
enfans: & les vierges que l'on nomme veuves.
C'étoit les diaconneffes, à qui l'on donnoit toû-
jours le nom de veuves, parce qu'elles l'étoient
d'ordinaire. Fortifiez-vous en la vertu de l'efprit.
Philon qui eft avec moi vous faluë. Je salue la
maifon de Tavia, & prie Dieu qu'elle-même s'a-
fermisse dans la foi & la charité corporelle & fpi-
rituelle. Je falue ma chere Alcé, & l'incompara-

ble Daphnus, & Eutecnus, & tous en particulier. Dieu vous conferve en fa grace. Ainfi finit l'épître aux Smyrniens.

XI.
Epître de S. Po-

n. 3.

S. Ignace vouloit écrire aux autres églises d'Afie: mais tout d'un coup on le fit embarquer pour lycarpe. paffer à Naples de Macedoine. Il fe contenta d'é- 44 Polyc. n. 8. crire à S. Polycarpe évêque de Smyrne, & le pria de leur écrire. En cette épitre il donne à S. Polycarpe des avis femblables à ceux que S. Paul donnoit à S. Thimothée. Rempliffez, dit-il, votre charge avec une grande application de corps & d'efprit. Ayez foin de l'union,rien n'eft meilleur. Supportez tous les autres, comme le Seigneur vous fupporte. Souffrez de tous avec charité, comme vous faites. Appliquez-vous fans ceffe à la priere, Demandez la fagefle encore plus abondante que vous n'avez. Veillez, puifque vous poffedez l'efprit qui ne dort point. Parlez à chacun en particulier, felon le fecours que Dieu vous donne. Portez les maladies de tous, comme un parfait atlete. Où le travail eft plus grand, le profit l'est auffi. Si vous aimez les bons difciples, on ne vous en a pas d'obligation, Appliquez-vous plûtôt à foumettre par la douceur, les plus corrompus. Toute playe ne fe guérit pas par la même emplâtre, Appaisez les inflammations en arrosant.

Il dit enfuite: Ne vous laiffez pas étonner par ceux qui paroiffent dignes de foi, & enfeignent des erreurs. Demeurez ferme comme une enclume frapée. Il est d'un grand atlete d'être déchi

n. 3.

:

ré & vaincre. Et un peu aprés : Que les veuves ne foient pas negligées : aprés le Seigneur, foyez leur protecteur. Que rien ne fe fafle fans votre volonté : & ne faites rien auffi fans la volonté de Dieu. Que les affemblées foient frequentes. Cherchez-y chacun par fon nom. Ne méprisez pas les efclaves mais auffi qu'ils ne s'enflent pas. Au contraire, qu'ils fervent mieux pour la gloire de Dieu afin d'obtenir de lui une meilleure liberté. Qu'ils ne defirent pas d'être affranchis par la communauté de l'églife, de peur de devenir efclaves de leurs paffions. Fuyez les mauvais artifices, ou plûtôt n'en parlez pas même en converfation. Dites à mes fœurs d'aimer le Seigneur, & d'être contentes de leurs maris, pour l'efprit, comme pour le corps. Exhortez auffi mes freres, au nom de J. C. à les aimer comme il aime fon églife. Si quelqu'un peut demeurer en continence, en l'honneur de la chair du Seigneur : qu'il y demeure, mais fans vanité. S'il s'en glorifie, il eft perdu : & s'il veut paroître plus que l'évêque, il eft corrompu. Quant à ceux & celles qui le marient, ils doivent le faire avec l'autorité de l'évêque afin que le mariage foit felon Dieu, & non felon la cupidité. Que tout fe faffe pour la gloire

:

de Dieu.

S. Ignace continue en adreffant la parole à toute l'église de Smyrne. Car il favoit, qu'encore que fon épître ne fût adreffée qu'à l'évêque : elle feroit lûe publiquement en l'assemblée des

fideles,

fideles, fuivant la coûtume. Il dit donc : Ecoutez l'évêque afin que Dieu vous écoute. Je donnerois ma vie, pour ceux qui font foumis à l'évêque, aux prêtres, aux diacres: puisse-je avoir avec eux mon partage en Dieu. Que tout fait commun entre vous: les travaux, les combats, les courfes les fouffrances, le fommeil, la veille. It revient à S. Polycarpe, à l'occafion de la paix rétablie dans l'église d'Antioche, & dit: Il faut, bienheureux Polycarpe, affembler un concile, & chofir quelqu'un qui vous foit tres - cher, que l'on puiffe nommer le courier de Dieu: afin qu'il ait l'honneur d'aller en Syrie, & de faire paroître la ferveur de votre charité. Un chrétien n'eft pas à lui : il est à Dieu. Il ajoûte un peu aprés

Puifque je n'ay pû écrire à toutes les églifes ; parce qu'il a fallut m embarquer fubitement pour paffer de Troade à Naples, comme Dieu l'ordonne: vous écrirez aux églifes qui font audelà, comme inftruit de la volonté de Dieu, afin qu'ils faffent auffi la même chofe, Ceux qui pourront, y envoyeront par terre; les autres écriront, & chargeront de leurs lettres ceux que vous, en voyerez: afin que vous receviez de cette œuvre immortelle la gloire que vous meritez. Je falue tous les fideles en particulier: & la femme d'Epitrope, avec toute la maison & les enfans. Je faluemcn cher Attale. Je falue celui qui aura thonneur de faire le voyage de Syrie. La grace fera toûjours avec lui, & avec Polycarpe, qui l'en-. Tome 1

A a a

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voye. Je fouhaite que vous vous portiez toujours bien en J. C. notre Dieu, & que par lui vous demeuriez en l'unité & la conduite de Dieu. Je falue ma chere Alcé. Que le Seigneur vous conferve. Ainfi finit l'épitre à S. Polycarpe. Et voilà les 36. Hier. fcript. fept épitres de S. Ignace, connues de toute l'antiquité: aux Ephefiens, aux Magnéfiens, aux Tralliens aux Romains, aux Philadelphiens, aux Smyrniens, & à S. Polycarpe. On les lifoit publiquement depuis dans les églises d'Afie.

Euf. 111. hift, c.

Ign.

XII. Martyre de faint

Ignace.

S. Ignace ayant paffé par mer de Troade à Naples, vint à Philippi, & traverfa par toute la Att. S. Ign. n. 4 Macedoine, jufques à Epidamne, autrement Duras, ville maritime fur la mer Adriatique. Là il

s'embarqua, & paffa dans la mer de Tofcane. Etant à la veue de Pouzole, il vouloit y defcen4.1. dre, fuivant les traces de S. Paul: mais le vent contraire l'en empêcha. Il fallut fe contenter d'eftimer heureux les freres qui y étoient. Le vent leur fut favorable enfuite un jour & une nuit, & ils arriverent à Porto, à l'embouchure du Tibre. Les compagnons de S. Ignace gémiffoient de ce qu'il alloit être feparé d'eux ; lui croyoit ne pou voir affez-tôt quitter le monde, pour aller à Dieu. De Porto ils vinrent à Rome, & le bruit s'étant répandu de l'arrivée du faint martyr : les freres vinrent au devant, pleins de crainte & de joye. Ils fe réjoüiffoient de l'honneur d'avoir S.Ignace avec eux ; mais ils favoient qu'on le menoit à la mort. Il impofa filence à quelques-uns, que

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