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XXXVIII.
Doctrine Chré-

to 61. B.

qu'ils adorent premierement le Dieu éternel au-
teur de tout, puis en fecond lieu fon fils J.C. qui tienne.
a été crucifié fous Ponce Pilate, & au troifié-
me rang ils honorent l'efprit prophetique. Pour
montrer qu'ils ne font pas infenfez, d'adorer un
homme crucifié : il dit que cet homme est la sou-
veraine raison; qui change entierement fes fecta-
teurs. Autrefois nous aimions la débauche, à
present nous n'aimons que la purété : nous qui
employions l'art magique, nous nous abandon-
nons uniquement à la bonté de Dieu. Nous ne
cherchions que les moyens de nous enrichir, &
nous mettons en commun nos biens, pour en fai-
re part aux autres. Nous nous haiffions jusques à
la mort, & fuivions nos coûtumes, de ne manger
qu'avec nos compatriotes. Depuis la venue de
J. C. nous vivons ensemble familierement, &
nous prions pour nos ennemis. Nous nous effor-
çons de convertir nos perfécuteurs : afin que vi-
vant felon les préceptes de J. C. ils efperent de
Dieu le même bien que nous efperons. Et enfuite:
Nous pouvons en montrer plufieurs, qui ayant été
avec nous, de violents & emportez, le font chan-
gez & laiffé vaincre: ou par la vie reglée de leurs
voifins, ou par la patience extraordinaire des
compagnons de leurs voyages
voyages, ou par la fidelité
qu'ils ont éprouvée dans les affaires.

S. Juftin rapporte enfuite quelques préceptes de la morale de J. C. Ses difcours, dit-il, étoient cours & concis ; car ce n'étoit pas un fophiste :

Ggg iij

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1.68. G.

:

mais fa parole étoit la vertu de Dieu. Et aprés avoir mis les paffages de l'évangile fur la chasteté, & montre qu'il condamne jufques aux penfées, il ajoûte: Il y a plufieurs perfonnes de l'un & de l'autre fexte, qui à l'âge de foixante ou foixante & dix ans confervent la pureté, ayant suivi dés l'enfance la doctrine de J. C. Et je me vante d'en pouvoir montrer de tels, dans toutes les conditions. Car à quoibon parler du nombre infini de ceux, qui de la débauche ont paffé à la vie reglée ? Il continue de rapporter les préceptes de l'évangile: fur l'amour des ennemis, fur l'aumône, & le défintereffement, fur la patience, fur l'obeïffance aux princes.Puis il ajoûte: Ainsi nous n'adorons que Dieu feul: mais nous vous obeïffons avec joye dans tout le refte: vous reconnoiffant pour empereurs & maîtres des hommes, & priant qu'avec la puiffance fouveraine, vous ayez auffi la droite raifon. Que fi vous nous meprifez, tandis que nous prions pour vous, & que nous vous expofons clairement toutes chofes, nous n'y perdrons rien: perfuadez que nous fommes, que chacun fouffrira par un feu éternel la peine que fes actions méritent, & que Dieu lui demandera compte, à proportion de la puiffance qu'il lui a donnée.

Voici comme il parle de la generation du Verbe. Nous croyons que nôtre doctrine doit être receuë, parce qu'elle eft vraye, & nous a été enfeignée par J. C. qui feul eft fils de Dieu propre

ment engendré étant fon Verbe, son premier né & sa vertu, & fait homme par sa volonté. Et enfuite, ceux qui prennent le Fils pour le Pere, font voir quils ne connoiffent pas même le Pere. & ne favent pas que le Pere de l'univers a un fils, qui étant le Verbe & le premier né de Dieu eft aufft Dieu, & a paru autrefois à Moïse & aux autres prophetes en forme de feu, & en image incorporelle; & maintenant fous vôtre empire s'eft fait homme, par une vierge, felon la volonté du Pere, pour le falut de ceux qui croyent en lui, & a bien voulu être méprifé & fouffrir, pour vaincre la mort par fa mort, & par La réfurrec

tion.

1. 96.B..

XXXIX. Preuves par les

P. 72. B.

1..72. C.

Il prouve la verité de la religion chrétienne par les propheties , que les Juifs lifent comme prophéties. nous. Il explique qui étoient les prophetes, & raporte les principales propheties, qui regardent J.C. Et pour connoître l'accompliffement de celles qui décrivoient la paffion: Vous le pouvez apprendre, dit-il, des actes qui ont été faits sous Ponce Pilate & il renvoye à ces mêmes actes pour prouver que J. C. a guéri des aveugles, & des lépreux, & réfufcité des morts. De peur que p. 74. C. l'on ne prît pour une deftinée fatale la prefcience de Dieu, qui paroît dans les propheties : il ré- p. 80. C. fute cette erreur de la deftinée, & prouve le libre arbitre; par le blâme & la loüange, par le changement des mœurs en bien ou en mal parce qu'il n'y auroit ni vice ni vertu, & que e

P.82.B.

p. 83. B.

p. 89. Ai

bien ou le mal ne feroient que dans l'opinion
des hommes. Ce qui eft, dit-il, la fouveraine
impieté & la fouveraine injustice, comme la droi-
te raison le montre. Il dit, que les démons avoient
fait ordonner la peine de mort, contre ceux qui li-
roient les livres d'Hystaspe, de la Sybille, ou des
prophetes. Ce qui ne nous empêche pas, ajoûte-
t-il, de les lire hardiment, & de vous les propo-
fer. Nous n'avons rien de cet Hyftafpe. On void
seulement que le nom eft perfien ; & pour les Sy-
billes : les vers que nous avons fous leurs noms,
& qui dés lors paffoient pour être d'elles, font
fuppofez. S. Juftin marque le temps auquel il écri-
voit, en difant que J-C. étoit né fous Cyrénius,
il y
avoit cent cinquante ans. Il dit, que même
avant sa naissance, il y a eu des chrétiens: parce
que J. C. eft le Verbe de Dieu, & la raifon fouve-
raine, dont tout le genre humain participe: &
que ceux qui ont vêcu fuivant la raison, font
chrétiens, entre lefquels il compte Socrate, sup-
pofant qu'il a fuivi en tout la droite raison: ce
quine fe trouve pas veritable.

Aprés avoir rapporté les principales propheties, touchant les deux avenemens de J. C. la ruine de Jerufalem, & la vocation des gentils: il ajoûte: Tant de chofes que nous voyons, fuffisent pour mériter raisonnablement la créance de ceux qui aiment la verité, & qui ne font ni vains, ni paffionnez. Mais ceux qui enfeignent les fables de vos poëtes: n'en apportent aucunes preuves, aux jeunes

jeunes gens qui les apprennent : & nous montrons
qu'elles n'ont été inventées que par la féduction
du genre humain, par l'operation des démons.
Ces gens qui enfeignoient les fables des poëtes
étoient les grammairiens, & c'étoit prefque tou-
te l'étude de la jeunesse. Il prétend que les philo-
fophes ont pris des prophetes plufieurs de leurs
dogmes, & Platon en particulier de Moïse; puis
il ajoûte : Chez-nous on peut apprendre ces véri-
tez de ceux mêmes qui ne connoiffoient
lettres, qui font groffiers & barbares pour le lan-
gage, mais fages & fideles pour l'efprit.

pas

les

p. 92. C..

XL.

Impierez & cri

Il fe plaint que les chrétiens font les feuls que l'on perfécuté, tandis que l'on fouffre toutes les mes foufferts. autres religions. D'autres, dit-il, adorent des art. 68. D. bres & des fleuves, des rats, des chats, des crocodiles & la plupart des bêtes. Encore tous n'adorent pas les mêmes chofes, le culte eft diférent felon les lieux : enforte que tous font impies, les uns à l'égard des autres. Cependant le feul reproche que vous nous faites, eft que nous n'adorons pas les mêmes dieux que vous, & que nous n'offrons aux morts, ni libations, ni couronnes, ni facrifices. Cependant vous savez bien que les autres ne conviennent pas de ce qu'ils doivent tenir pour dieux, ou pour bêtes, ou pour victimes. Il fe plaint encore, que l'on n'a point per-fecuté les impofteurs, qui depuis l'afcenfion de J. C. ont voulu paffer pour dieux : comme, dit-il, Simon le famaritain du bourg de Gitton, qui du Tome. I. Hhh

P. 69. C

p. 91. B.

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