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Plato S. Rep. P. 461. C. 8.70. C.

temps de l'empereur Claude ayant fait plufieurs operations magiques, par l'art des démons qui le poffeɖoient, a été reconnu pour Dieu à Rome votre ville imperiale, a été honoré comme Dieu, d'une ftatuë qui eft dreffée dans le Tybre au milieu des deux ponts, avec cette infcription latine : A Simon dieu faint. Menandre, difciple de Simon, a féduit beaucoup de monde à Antioche; Marcion enseigne encore à present, qu'il faut reconnoître un autre dieu plus grand que le Créateur. Tous ces gens fe difent chrétiens. Nous ne savons s'ils font ce que l'on raconte : de renverfer des lampes, de manger de la chair humaine, & commettre d'autres abominations: mais nous favons, que vous ne les perfecutez ni ne les faites point mourir, même pour leur doctrine.

C'étoit une coûtume chez les payens d'expofer leurs enfans, quand ils ne vouloient pas les nourrir, foit par pauvreté, foit par quelqu'autre raifon, & les philofphes mêmes l'autorifoient. Saint Juftin en prend occafion de parler ainfi : Nous croyons qu'il n'y a que des méchans qui exposent des enfans. Premierement, parce que nous voyons que l'on ne les éleve la plûpart, que pour les proftituer. On ne void chez toutes les nations que des des troupes d'enfans, destinez à de honteux ufages: que l'on nourrit comme des troupeaux de bétail. Vous en tirez des tributs, au lieu de les exterminer de votre empire : & ceux qui

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abusent de ces miferables, outre le crime qu'ils commettent contre Dieu, peuvent abuser par hazard de leurs propres enfans. Telles étoient les mœurs des Romains fous un des plus fages de leurs empereurs : encore ne dis-je pas tout ce que S. Juftin en rapporte. Il continue ainfi : De peur que quelque enfant expofé ne périffe, & que nous ne foyons homicides: nous ne nous marions, que pour nourrir des enfans, ou renonçant au mariage nous gardons la continence parfaite. Même un des nôtres, à Alexandrie, pour vous persuader que dans nos misteres il n'y a rien des infamies qu'on nous attribue: prefenta requête au gouverneur Felix, pour permettre à un chirurgien de le faire eunuque; car on difoit que cette permiffion étoit neceffaire. 1.45. ff.ad Felix ne voulut pas répondre à la requête, & le L. Corn. de fic. jeune homme demeura en repos, content du témoignage de fa conscience.

XLI.

Baptême &

Enfin comme il falloit juftifier les chrétiens,sur le fujet de leurs affemblées, & de leurs ceremo- Euchariftic. nies: S. Justin ne feint point d'en publier le secret, quoique régulierement il ne fût pas permis d'en parler, devant ceuxqui n'étoient pas chrétiens. Il explique donc le baptême en ces termes: Nous expoferons maintenant de quelle maniere nous fommes confacrez à Dieu, & renouvellez par le Chrift; de peur que l'on ne croye que nous le diffimulons diffimulons par malice. Ceux qui font perfuadez de la verité de nôtre doctrine, &

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qui promettent de mener une vie qui y foit conforme: nous les obligeons à jeûner, à prier, & à demander à Dieu la rémiffion de leurs pechez passez : & nous prions & jeûnons avec eux. Enfuite nous amenons au lieu où eft l'eau, & ils font regenerez, en la maniere que nous l'avons été. Car ils font lavez dans l'eau, au nom du Seigneur Dieu pere de toutes chofes, & de nôtre Sauveur J. C. crucifié fous Ponce Pilate, & du S. Efprit, qui a prédit par les prophetes tout ce qui regardoit le Chrift. Nous appellons cette ablution illumination, parce que les ames Y font

éclairées.

Aprés cette ablution, nous amenons le nouveau fidele, & admis, comme nous disons, au nombre des freres : nous l'amenons, dis-je, au lieu où ils font affemblez, pour prier en commun avec attention, tant pour eux-mêmes, que pour l'illuminé, & pour les autres, quelque part qu'ils foient: afin qu'ayant connu la verité, nous puiffions, par les œuvres & l'obfervation des commandemens, arriver au falut éternel. Les prieres finies, nous nous falüons par le baifer. Puis on présente à celui qui préfide aux freres, du pain, & une coupe de vin & d'eau. Les ayant pris, il donne loüange & gloire au Pere, par le nom du Fils, du S. Efprit, & lui fait une longue action,

de

graces pour ces dons, dont il nous a gratifiez. Aprés qu'il a achevé les prieres & l'action de grace, tout le peuple affiftant dit à haute

,

voix, Amen, c'est-à-dire en hebreu: Ainfi foit-il. Enfuite ceux que nous appellons diacres, diftribuent à chacun des affiftans, le pain, le yin, & l'eau confacrez par l'action de graces, & en portent aux abfens.

Nous appellons cette nourriture euchariftie: & il n'eft permis à perfonne d'y participer, s'il ne croit la verité de nôtre doctrine, s'il n'a été lavé pour la rémission des pechez & la nouvelle vie : & s'il ne vit conformément aux préceptes de J. C. Car nous ne les prenons pas comme un pain commun, & comme un breuvage ordinaire. Mais comme par la parole de Dieu, J. C. s'est fait chair & a pris la chair & le fang pour nôtre falut: ainfi la nourriture fanctifiée par la priere de fon Verbe devient la chair & le fang du même J. C. incarné : elle qui deviendroit nôtre chair & nôtre fang, par le changement qui arrive à la nourriture. Enfuite nous nous rappellons ces chofes en mémoire les uns aux autres; ceux qui ont du bien fecourent tous les pauvres, & nous fommes toûjours les uns avec les autres. En toutes ces offrandes nous béniffons le Créateur par fon Fils J. C. & par le S. Efprit.

Etle jour que l'on appelle du foleil, c'est ainsi que les payens nommoient le dimanche, tous ceux qui demeurent à la ville, ou à la campagne, s'affemblent en un même lieu. On lit les écrits desapôtres & des prophetes, autant que l'on a de temps. Le lecteur ayant ceffé: celui qui préfide

fait un difcours au peuple, pour l'exhorter à imiter de fi belles chofes. Puis nous nous levons tous, & nous faifons nos prieres, qui étant faites, on offre, comme j'ai dit, du pain, du vin & de l'eau. Le prélat fait la priere & l'action de graces felon qu'il le peut; & le peuple répond, Amen. On diftribue à tous ceux qui font préfens les chofes fanctifiées, & on en envoye aux abfens par les diacres. Les plus riches donnent librement & felon qu'ils veulent, une certaine contribution: & ce qui eft ainfi recueilli fe garde chez le prélat. Il en affifte les orfelins, les veuves, & ceux que la maladie, ou quelqu'autre cause, réduit à la pauvreté : les prifonniers, les étrangers. En un mot, il est chargé du foin de tous ceux qui font en neceffité. Nous nous affemblons d'ordinaire le jour du foleil, parce que c'eft le premier où Dieu fit le monde: & que J. C. réfufcita le même jour, apparut à ses disciples, & leur enseigna ce que nous vous avons expofé.

Ši vous le trouvez raisonnable, respectez-le : si vous le jugez impertinent, méprisez-le. Mais ne condamnez pas a mort pour cela, des gens qui n'ont fait aucun mal. Car nous vous déclarons, que vous n'éviterez par le jugement de Dieu, fi vous perfeverez dans cette injustice. De nôtre part nous dirons: Que la volonté de Dieu, foit faite. Nous pouvions vous demander justice en vertu de la lettre du grand & illuftre Cefar Adrien vôtre pere. Mais nous avons mieux aimé nous

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