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Nous avons aujourd'hui celebré le faint jour du dimanche: & nous avons lû vôtre lettre, que nous continûrons toûjours de lire pour nôtre inf truction, auffi-bien que la precedente qui nous a été écrite par Clement. Tel étoit l'ancien ufage: de lire ces lettres dans l'églife, aprés les faintes

écritures.

23.

S. Denis ne fe contentoit pas d'inftruire fon Enf. v. bit.. église de Corinthe: il étendoit fon zele fur les autres, par les lettres qu'il leur écrivoit. Nous en connoiffons huit, en comptant celle aux Romains. La feconde étoit adreffée aux Lacedemoniens; où il les inftruifoit de la foi orthodoxe, & les exhortoit à la paix & à l'union. La troifiéme aux Atheniens; pour réveiller en eux la foi & la pratique de l'évangile. Il les reprenoit de la negliger, & d'avoir presque abandonné la fainte doctrine, depuis qu'ils eurent perdu leur evêque Publius, qui avoit fouffert le martyre dans les perfécutions de ce tems-là. Il faifoit mention de Quadrat fucceffeur de Publius: rendant témoignage du foin qu'il avoit pris de les raffembler & de réveiller leur foi. Il parloit auffi. de S. Denis l'aréopagite que S. Paul convertit, & qui fut le premier évêque d'Athenes.

La quatrième lettre de S. Denis de Corinthe étoit adreffée aux Nicomediens: dans celle-là il combattoit l'herefie de Marcion, lui oppofant la regle de la verité. La cinquième étoit adreffée à l'église d'Amaftris dans le Pont. Il fut excité à Tome 1. P PP

l'écrire, comme il le marquoit, par Bacchylide & par Elpifte. Il y nommoit leur évêque Palmas : & ordonnoit de recevoir ceux qui fe convertiffent, aprés quelque cheute que ce foit, de peché ou d'herefie. Ce qu'il difoit aparemment contre l'exceffive rigueur des Montaniftes, qui commençoient à paroître en Phrigie. La fixiéme de fes lettres s'adreffoit à l'églife de Gortine en Créte Il y reconnoiffoit le mérite de Philippe leur évêque, par le témoignage que l'on rendoit des grandes vertus de fon églife: & il les avertissoit de fe garder de la feduction des heretiques.

La feptiéme lettre s'adreffoit aux Gnofiens dans la même ille de Crete. Il exhorroit Pinytus leur évêque, à ne pas imposer aux freres le pesant fardeau de la continence, comme neceffaire: voulant qu'il eut égard à l'infirmité du commun des hommes. Il craignoit fans doute, que par un excés de zele ce faint évêque n'aprochât de l'erreur des Encratides, qui défendoient generalement le mariage. Pinytus écrivit une réponse: où il témoignoit une haute eftime pour Denis: mais 'il l'exhortoit de fon côté, à donner une nourriture plus forte à fon peuple, par des lettres plus parfaites: de peur que s'il continuoit à ne les nourrir que de lait, ils vielliffent fans s'en apercevoir, vivant comme des enfans. Il faut croire que Pinytus vouloit parler de quelqu'autre genre de perfection, que de la continence generale: puifqu'il auroit combatu la doctrine catholique.

Car nous aprenons que cette même lettre montroit fa droiture dans la foi, le foin qu'il avoit de fon peuple, fon érudition & fa fcience des chofes divines.

La huitiéme lettre de S. Denis de Corinthe étoit adreffée à une four nommée Chryfophora, Il fe plaignoit en quelqu'un de fes écrits, que l'on avoit corrompu fes lettres, & difoit : J'ai écrit plufieurs lettres à la priere des freres ; & les apôtres du démon les ont remplies de zizanie, par des retranchemens & des additions: la malediction les attend. Il ne faut pas s'étonner, fi l'on a entrepris de corrompre les écritures du Seigneur, puifque l'on s'eft artaqué même à celles qui en font fi differentes. Voila ce que nous savons des écrits de S. Denis évêque de Corinthe.

vêques.

LIX.

Succeflions d'éEuf. Chr. 1. an.

157.&h ft. IV.c.

Celadion evêque d'Alexandrie mourut l'an cent foixante & fept, aprés avoir gouverné quatorze ans. Son fucceffeur fut Agrippa, qui gouverna douze ans. L'année fuivante cent foixante & 19. huit, huitième de Marc Aurele, mourut Heron evêque d'Antioche, aprés avoir tenu le fiege vingt fix ans. Son fucceffeur fut Theophile, homme de grand efprit & de grande érudition. Il fut le fixième aprés S, Pierre, & gouverna treize ans. L'année cent foixante-neuf mourut l'empereur Lucius Verus, après avoir regné neuf ans, avec M. Aurele fon frere adoptif; qui demeura seul empereur. L'année cent foixante & dix, fuivant l'opinion la plus vrai-femblable, mourut le

pape

Art 169

Beda hift. Aug. lib.

I. G. 4t

Euf. Chron. an. 157. Id. hift. 12

la

Soter, & Eleuthere lui fucceda. Au commence-.
ment de fon pontificat il receut une lettre d'un
roi nommé Lucius, qui regnoit dans la grande
Bretagne, fujet ou allié des Romains; par
quelle il le prioit, que par fon fecours il pût de-
venir chrétien. Le pape Eleuthere lui accorda ce
qu'il demandoit, & les Bretons conferverent la
foi paifiblement, jufques au temps de Diocletien.
A Jerufalem Caffien dix-feptiéme évêque fucce-
da à Marc, la dix-neuvième année du regne d'An-
tonin le pieux, cent cinquante fept de J. C. A Caf
fien fucceda Publius; puis Maxime, puis Julien,
puis Gaïen, puis Symmaque, puis Caïus, puis un
autre Julien, puis Capiton; qui fut le vingt-
cinquiéme évêque de Jerufalem, & dura jusques
à la cinquième année de l'empereur Commode,,
cent quatre-vingt-cinq de J. C.

L

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A dixième année de Marc Aurele, cent
foixante & dix de J.C. Meliton évêque de
Sardis en Afie lui adreffa une requête pour les
chrétiens, où il difoit entr'autres chofes: On
perfecute les ferviteurs de Dieu, & on les pour-
fuit par de nouveaux decrets dans toute l'Àfie:
ce qui n'étoit jamais arrivé. Il faut entendre les
decrets des affemblées populaires. Il ajoûtoit:
Les calomniateurs impudens & avides du bien
d'autrui, fe fervent du prétexte des ordonnances:
pour voler ouvertement jour & nuit, & piller les
innocens. Et enfuite: Si c'eft par vôtre ordre;
j'accorderai que c'est bien fait: un prince juste
n'ordonne jamais rien d'injufte ; & nous recevons
volontiers la récompenfe d'une telle mort. La
feule priere que nous vous faifons, eft de connoî-
tre par vous-même ceux que l'on accufe d'opi-
niâtreté: pour juger enfuite s'ils font dignes de
fouffrir la mort & les fupplices, ou de demeurer
en repos & en fûreté. Que fi ce n'est
pas de vous
que vient ce confeil & cette nouvelle ordonnan-
ce, qui ne conviendroit pas même contre des
ennemis barbares : nous vous prions bien plus
instamment, de ne pas nous abandonner à ces
brigandages populaires.

Il ajoûte: Nôtre philofophie avoit cours aupa-
Ppp iij

I.

Apologie de Mehist, IV, c. 26. v.Valefe. hic.

An. 170.

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