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l'Ile de Crete, de Rome même. Les uns étoient Juifs de naiffance, les autres profelytes : c'est-àdire gentils convertis à la religion Judaïque. Les uns étoient habitans de Jerufalem, car ils venoient s'y établir de toutes les provinces : les autres s'y trouvoient feulement en paffant affemblés à l'occafion de la fefte; & ils y étoient venus cette année en plus grand nombre qu'à l'ordinaire, perfuadés que le Meflie alloit paroître. Car il étoit certain fuivant les propheties, particulierement de Daniel, que fon temps étoit accompli, & cette créance étoit répandue par tout l'orient. Ce peuSuet. Vefp.c.4, ple meflé de tant de nations fut extrêmement furpris, d'entendre les apôtres tous Galiléens parler les langues qui étoient naturelles à chacun d'eux.

Dan. IX 25.

Jofeph. lib. VII.

p.12.

Act. 11. 14.

Jof.de vita c. 1020. D.

Joël 11. 28.

S. Pierre prit la parole, & leur dit : Ceux-ci ne font pas yvres comme vous pensez, puisqu'il n'eft encore que l'heure de tierce. Car les Juifs n'avoient accoûtumé de manger les jours de feste qu'aprés les prieres du matin finies, à l'heure de fexte ou midy: c'eft le S. Efprit, continua S. Pierre, qui eft répandu fur eux, fuivant la prophetic de Joël. Enfuite il commença à leur prêcher JESUS de Nazareth qu'ils avoient crucifié, leur déclarant que c'étoit le feigneur & le Chrift: & les exhortant à fe faire tous baptifer en fon nom, pour recevoir la remiffion de leurs pechez & le don du S. Efprit. Trois mille fe convertirent à cette fois, receurent le baptême, & augmente

rent le nombre des difciples. Ils perfeveroient A. 11.42.) dans la doctrine des apôtres, affidus à écouter leurs inftructions: ils étoient tous les jours enfemble dans le temple à prier: ils faifoient dans les maifons la fraction du pain, ce qui fignifie l'euchariftie, qu'ils ne pouvoient celebrer qu'avec les fidelles baptifez: & ils prenoient enfemble leurs repas avec joye & fimplicité de cœur. Tous les fidelles mettoient leurs biens en commun : ils vendoient leurs heritages, & diftribuoient à chacun ce qui lui étoit neceffaire.

Dieu faifoit par les mains des apôtres un grand A. v. 12. nombre de miracles qui tenoient en crainte tout le peuple. Saint Pierre & Saint Jean monterent au temple à l'heure de la priere de none à trois heures aprés midy, c'étoit le temps du facrifice du foir. Un boiteux étoit à la porte, qui avoit plus de qua- Jfxivant c.8. rante ans, & n'avoit jamais marché. Comme il leur demanda l'aumône, Saint Pierre lui dit : Je n'ay ni or ni argent, mais ce que j'ay je te le donne: Au nom de J. C. Nazaréen, leve-toy & marche. Il fut guery fur le champ ; & entra dans le temple, marchant & fautant. Tout le peuple accourutà ce miracle, & Saint Pierre en prit encore occafion de leur prêcher J. C. Il y eut cinq mille hom mes qui fe convertirent.

Middoth, capo

Les facrificateurs & le capitaine du temple, Thalmand.Cod. c'est-à-dire, celui qui commandoit les levites por- 1.1. tiers, qui y faifoient la garde jour & nuit, furvin

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Sanhedr. c. I. §.
5.c.4.5.3.4.

rent avec les Sadducéens, irritez de ce que les apôtres prêchant J. C. enfeignoient la refurrection des morts. Ils les arrêterent & les mirent en prifon. Le lendemain le Sanedrin s'affembla. Cod. Thalm. C'étoit le confeil fouverain des Juifs: compofé des chefs de chaque troupe de facrificateurs, des docteurs levites, & des anciens de toutes les tribus. Ils étoient en tout foixante & onze; & ne jugeoient que les affaires les plus importantes : comme le crime d'une tribu, ou d'une ville entiere, le fouverain pontife, ou un faux prophete. Alors les principaux du Sanedrin étoient Anne, Caiphe, Jean & Alexandre. Anne ou Ananus étoit e Nafi, c'est-à-dire le prefident. Il avoit été fouverain pontife quelques années auparavant. Car alors ils ne l'étoient que pour un tems, & au gré des gouverneurs Romains; la plufpart pour un an. Caiphe gendre d'Anne l'étoit toutefois depuis fept ans, ce qui fut fingulier en fa Jof, 11. Bull. 25. perfonne. C'étoit luy qui avoit condamné J: C. & il avoit dans le Sanedrin un titre, qui le rendoit comme un fecond prefident. Jean étoit fils d'Ananus : & Alexandre furnommé Lyfimaque & frere de Philon dont nous avons les écrits, étoit le plus riche des Juifs. En ce confeil étoient auffi tous les parens du pontife. Quand ils eurent tous pris leur féance qui étoit en demi cercle, le prefident dans le fonds: les apôtres furent amenés au milieu de la place. On leur demanda en quel nom ils avoient fait cette action : & Pierre rem

ply du S. Efprit répondit hardiment: Au nom de J. C. Nazaréen que vous avez crucifié. Ils admirerent la fermeté de Pierre & de Jean, fachant que c'étoient des hommes du commun & fans lettres : & ne pouvant contredire ce miracle; ils fe contenterent de leur défendre d'enseigner au nom de JESUS, ni d'en parler en façon quelconque. Saint Pierre & Saint Jean leur répondirent: Jugez vous-mêmes s'il eft jufte de vous obéïr plutoft qu'à Dieu. Car nous ne pouvons nous empêcher de dire ce que nous avons vû & entendu. Ils les laifferent aller : & les apôtres vinrent trouver les fidelles; qui ayant appris d'eux ce qui s'étoit paffé, en rendirent graces à Dieu, luy demandant la force de prêcher fon nom & les miracles pour foûtenir fa parole. Aprés cette priere, le lieu où ils étoient affemblez fut ébranlé, & ils furent tous remplis du faint Efprit.

IV.

Eglife de Je

Act. 1V.32.

Toute la multitude des fidelles n'avoit qu'un cœur & qu'une ame. Personne ne difoit que rien rufalem. El.cfût à luy en particulier, mais tous leurs biens nicas. étoient communs; enforte qu'il n'y avoit point de pauvres entre eux. Car ceux qui avoient des terres ou des maisons les vendoient & en mettoient le prix aux pieds des apôtres. Les fidelles Matth. x1x 214 de Jerufalem renonçoient ainfi à leurs biens; pour pratiquer exactement le confeil de J. C. de tout quitter pour le fuivre : & pour n'avoir rien qui Aug.de cateles attachât à cette malheureufe ville : fçachant qu'elle devoit estre ruinée & tout le païs désolé, Matth.xx1v.94 ̧.

chiz c. 23.

Jo. XIII. 35.

Philo. Qued.

876.D.

12.p.705.

:

avant qu'il fe paffât une generation, comme J. C. l'avoit prédit d'ailleurs la charité qui les uniffoit étoit la marque qu'il avoit donnée pour connoître fes disciples.

Il y avoit depuis long-tems des Juifs qui pratiom. pr. liber. p. quoient la vie commune. On les nommoit Efféens, ou Effeniens, comme plus faints que les autres. Car Jof. 11. bell. e, de tous les Juifs, c'étoit ceux qui avoient le plus . de reputation pour la vertu. Ils fuyoient les grandes villes & habitoient dans des bourgades : leur Occupation étoit le labourage & les mêtiers innocens; mais ils ne s'appliquoient ny au trafic ny à la navigation. Ils n'avoient point d'esclaves mais fervoient les uns les autres. Ils méprifoient les richeffes n'amaffoient ni or ni argent; & ne poffedoient pas même de grandes pieces de

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fe contentant du neceffaire pour la vie : & 'étudiant à fe paffer de peu. Ils vivoient en commun mangeantensemble, & prenant à un même veftiaire leurs habits qui étoient blancs. Plufieurs logeoient fous un même toit. Les autres ne comptoient point que leurs maisons leur fuffent propres: elles étoient ouvertes à tous ceux de la même fecte. Car l'hofpitalité étoit grande entre eux, & ils vivoient familierement enfemble fans s'être jamais veus. Ils mettoient en commun tout ce que produifoit leur travail; & prenoient grand foin des malades.

La plupart des Effeniens renonçoient au mariage & vivoient en continence: craignant l'in

fidelité

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