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aprés que tu l'auras copié, & le corriger exactement fur l'original, de tranfcrire auffi cette con juration & la mettre dans la copie.

XVIII. Martyre de S.Sym

Acta mart. felecta,

Dans la même, perfecution des Gaules, fous Marc Aurele, fouffrit à Autun Symphorien fils de phoen. Faufte d'une famille noble & chrétienne. Il avoit été baptisé par S. Benigne, & levé des fonts par S. Andoche. Il étoit dans la fleur de fon âge, inftruit dans les bonnes lettres & les bonnes mœurs. La ville d'Autun étoit une des plus anciennes & des plus illuftres des Gaules: mais auffi des plus fuperftitieules. On y adoroit principalement Cybelle, Apollon & Diane. Un jour le peuple s'étoit affemblé pour la folemnité profane de Cybelle, qu'ils appelloient la mere des dieux; Héraclius homme confulaire étoit alors à Autun, appliqué à rechercher les chrétiens. On lui présenta Symphorien, que l'on avoit arrêté, comme séditieux: parce qu'il n'avoit pas adoré l'idole de Cybelle, que l'on portoit dans un chariot, suivie d'une grande foule de peuple. Heraclius étant affis fur fon tribunal, lui demanda fon nom & fa condition. Il répondit: Je fuis chrétien, je m'appelle Symphorien. Le juge dit: Tu es chrétien? A ce que je voy, que tu nous as échapé, car ce nom n'eft pas fréquent parmi nous. Pourquoi refuses-tu d'adorer l'image de la mere des dieux ? Symphorien répondit: Je vous le viens de dire, je fuis chrétien, j'adore le vray Dieu, qui régne dans le ciel : mais pour l'idole. du démon, si

vous me le permettez, je la baiferai à coups de marteau. Le juge dit: Celui-ci n'eft pas seulement facrilege, il veut être rebelle. Que les officiers difent s'il eft citoyen de ce lieu? Un officier dit :: Il est d'ici, & d'une famille noble. Le juge dit: Tu te flattes, Symphorien, de ta naissance, & peut être ne fais-tu pas l'ordonnance des empereurs qu'un officier la life. On la lut. Et enfuite le juge dit : Que dis-tu à cela, Symphorien ? Pouvons-nous renverser les ordonnances des princes? Il y a deux chefs d'accufation contre toi, de facrilege contre les dieux, de rebellion contre les loix. Comme Symphorien continua de détester l'idole, le juge le fir battre par fes licteurs, l'envoya en prifon.

&

Il fe le fit amener deux jours aprés, & lui dit : Tu ferois bien mieux, Symphorien, de fervir les dieux immortels, & recevoir un préfent du trefor public, avec l'honneur de la milice: on nommoit ainfi les charges. C'est pourquoi, si tu veux, je ferai orner de fleurs les autels: afin que tu offres aux dieux l'encens qui leur eft dû. Symphorien montra par fa réponse, qu'il méprifoit les promeffes du confulaire, & encore plus les divinitez qu'il lui proposoit: & détefta les cruelles & extravagantes fuperftitions du culte de Cybelle. Enfin le juge prononça contre lui fa fentence, & le condamna à mourir par le glaive. Comme on le menoit hors de la ville, pour l'executer, fa mere lui crioit de deffus la muraille:

Mon fils, mon fils Symphorien, fouviens-toi du Dieu vivant : éleve ton cœur en haut, & regarde celui qui regne dans le ciel. On net'ôte pas aujourd'hui la vie, on te la change en mieux. Aprés qu'il eut été executé, des hommes pieux enlèverent fon corps fecrettement, & l'enterrerent dans une petite celule, près d'une fontaine hors le champ public. C'étoit quelque lieu destiné aux

exercices.

XIX. Mort.de M. Au

empereur.
An. 180.

Comm. p. 83.

L'empereur Marc Aurele mourut la vingtiéme année de fou regne, cent quatre-vingts de J. C. rele. Commode Comme il étoit en Pannonie faisant la guerre aux Marcomans: il tomba malade, & fe fit mourir volontairement, en s'abftenant de prendre de la nourriture. Il étoit âgé de cinquante-neuf ans, & en avoit regné dix-neuf & dix jours. Le lendemain de fa mort le dix-huitiéme d'Avril, l'an de Epift. Dion.in J.C. cent quatre-vingts, fon fils Commode, qui étoit à l'armée, fut reconnu empereur, à l'âge de dix-neufans. Il s'abandonna à toutes fortes d'impudicitez, & fut tres-cruel, jufques à faire mourir un tres-grand nombre de fenateurs mais il ne perfécuta point les chrétiens. Peut- être fut-il adouci en leur faveur par Marcia l'une de fes con Herod. 1. Ep. Dio. cubines: qu'il traitoit prefque comme une époufe in Com. p. 284. D. légitime, & lui avoit donné tous les honneurs des imperatrices, hors celui du feu, que l'on portoit devant elles. Car cette Marcia étoit fort affectionnée aux chrétiens.

Cette même année premiere de l'empereur

Xxx iij

XX.
Traité de Theo-

1615.

Commode, mourut Agrippin évêque d'Alexandrie, aprés avoir tenu le fiege douze ans; & Julien lui fucceda. D'autres le mettent deux ans plûtot, la dix-huitième année de Marc Aurele. Mais il eft certain que Theophile évêque d'Antioche ne mourut que fous l'empereur Commode, & au plûtot cette année cent quatre-vingts: puifqu'il marque le temps de la mort de M. Aurele dans fon traité à Autolyque, que nous avons

encore.

Autolyque étoit un payen, homme d'esprit & phile Autolyque. curieux: mais prévenu contre la religion chré tienne, qu'il traitoit, comme les autres, de doctrine extravagante & fans fondement. Theophile lui répondit par cet ouvrage divifé en trois livres. Pof. Justin. edi, Dans le premier, fur la queftion que lui avoit fait Autolyque touchant le vrai Dieu, il parle ainfi: Si vous me dites, Montrez-moi votre Dieu; je vous dirai auffi, Montrez-moi que vous êtes homme. Montrez que vous regardiez des yeux de l'ame, & que vous écoutiez des oreilles du cœur. Les yeux du corps ne voyent que les choses terrestres & sensibles. Les aveugles ne voyent pas la lumiere du soleil, qui n'en brille pas moins. Ainfi les yeux de votre ame font offufquez par vos pechez. C'est un miroir craffeux. Montrezvous donc tel que vous êtes. N'êtes-vous, ni adultere, ni impudique, ni voleur, ni ufurpateur, ni médifant, ni colere, ni envieux, ni avare : obéïffes-vous à vos parens : ne vendez-vous point

vos enfans? Dieu ne fe fait point connoître à ceux qui vivent de la forte, s'ils ne fe purifient auparavant. Vous me direz : Vous donc qui voyez, décrivez-moi la forme de Dieu : A quoi il répond par l'énumeration de ses principaux attributs : Puis il ajoûte:

Comme l'ame de l'homme eft invisible, & fe fait connoître par le mouvement du corps: ainfr nous ne pouvons voir Dieu de nos yeux: mais nous le connoiffons par fa providence & par fes ouvrages. Celui qui voit un vaiffeau voguer en mer, & entrer dans le port, ne doute pas qu'il· n'y ait dedans un pilote qui le gouverne. Ainfi nous devons croire qu'il y a un Dieu, qui gouverne l'univers, quoique nous ne le voyions pas des yeux de la chair. On croit qu'il y a un empereur fur la terre, quoique tous ne les voyent pas: mais on le connoît par fes loix, par fes officiers, par fes images. Et vous ne voulez pas connoître Dieu par fes œuvres & par les effets de fa puiffance? Pourquoi ne voulez-vous pas croire? Ne voyez-vous pas qu'il faut commencer par la foi, en toutes chofes? Que moiffonneroit le laboureur, s'il ne confioit fon grain à la terre ? Comment pourroiton passer la mer, fans fe confier au pilote ? Quel malade pourroit guerir, s'il ne fe confioit au medecin? Quel art, quelle fcience peut-on apprendre, fi on ne commence par croire celui qui Fenfeigne ?

P. 74. D.

Il montre la fauffeté des dieux des payens, & . 76. C.

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