Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ad Maced.

C. 7.

c. 9.

Auguft. epift. 54. rer,a donné encore une ouverture, par une feconde penitence: mais pour une feule fois. Il parle de la penitence publique, qui ne s'accordoit qu'une fois:comme favent les théologiens. Il dit enfuite : Plus cette feconde & unique penitence eft refferrée, plus l'épreuve eft difficile:il ne fuffit pas qu'elle foit dans la confcience, il faut qu'elle s'exprime par des actions. C'eft ce qu'on appelle d'un mot grec Exomologefe, qui eft un exercice pour abatre l'homme & l'humilier:qui lui preferit une maniere de vie propre à attirer la mifericorde : qui regle même fon habit & fa nourriture:qui l'oblige à coucher dans le fac & la cendre, à avoir le corps craffeux, l'efprit trifte, ne boire&ne manger que des chofes fimples,feulement pour foûtenir la vie : le plus fouvent nourrir fes prieres par les jeûnes:gemir,pleurer,crier jour&nuit vers fon Dieu:fe profterner devant les prêtres : fe mettre à genoux devantlesamis de Dieu,charger tous les freres denous fecourir deleurs prieres. Il parle enfuite contreceux quidiferoient leur penitencesou par mauvaise hon te,ou par la crainte des incommoditez corporelles. Dans le livre de la priere il reprend quelques fuDe orat. 6. 11. perftitions qui s'introduifoient entre les fideles, fans aucun précepte de N.S. ni des apôtres ; & plûtôtà l'imitation des payens:quieft, dit-il,une raifon fuffifante pour les rejetter.Ily enavoit quin'osoient prier, s'ils ne s'étoient lavez tout le corps ; ou du moins les mains.Ce qu'ils prétendoient faire enmémoiredece que Pilate avoit fait, en livrant N.S.aux Juifs. D'autres ôtoient leurs manteaux pour prier

e. io.

6. II.

XLIX. Traité de la priere.

12,

C. 14.

L.
Avis de Tertullien

d'autres s'affeïoient aprés la priere: d'autre affe- . 13.
Etoient de parler haut. Il étoit ordinaire de fe don-
ner le baiser de paix, aprés la priere publique, ex-
cepté les jours de jeûne folemnels, comme la nuit
de pâque. Il y en avoit qui s'abftenoient aussi du
baiser quand ils jeûnoient en particulier. Il con-
damne cet ufage comme celui de s'abstenir des
prieres du facrifice les jours de station, sous pre-
texte qu'après avoir receu le corps de N. S. on
rompoit le jeûne: apparemment à caufe des aga-
pes, ou repas communs, qui fuivoient le facrifice.
Le premier livre de Tertullien à fa femme tend à
lui persuader de ne se point remarier, s'il meurt le
premier;non pour aucun interêt qu'il y ait, mais
pour fon avantage à elle-même. Il dit qu'aucune
des raifons qui portent au mariage, ne convient
aux chrétiens: nj de contenter la chair ni de s'é-
tablir dans le monde, ni de laiffer des enfans.
Quand nous enavons, dit-il, nous fouhaitons de les
envoyer devant, en vûedes malheurs qui nous mé-
nacens : ne defirant nous mêmes que de fortir de
ce fiecle injufte pour aller au Seigneur. Il marque
queplufieurs s'engageoient à la continence: auffi-
tôt aprés le baptême: & que plufieurs la gardoient
dans le mariage d'un confentement mutuel.

Dans le fecond livre il lui déclare, que fielle veut fe remarier elle doitau moins épouferun chrétien; & prouve en general:qu'iln'eft point permis aux fideles decontracter mariage avecles infideles:quoiqu'il leur foit permis de demeurerenfemble, quand ils étoient mariez, avant la converfion de la partie

[ocr errors]

C. 2.

1. Cor. VII. 39.

8.3.

C. 4.

fidele.Quelques exemples de ces mariages illicites. contractez par des femmes chrétienes l'avoient excité à en écrire. Il infifte principalement fur ces paroles deS. Paul: La femme eft libre aprés la mort de fon mari, qu'elle époufe qui elle voudra, feulement au Seigneur. Il marque les inconveniens de ces mariages mal affortis. La femme chrétiene rendra à ce mari payen des devoirs de payene; la beauté, la parure, une propreté mondaine, des caresses honteufes, principalement dans les devoirs fecrets; car ce n'eft pas de même que chez les faints, où tout fe paffe avec retenue & modeftie, comme fous les yeux de Dieu.

Comment pourra-t-elle fervir Dieu,ayant à fes côtez un ferviteur du démon,chargé par fon maître de l'empêcher? S'il faut aller à l'églife, pour une ftation:il lui donnera rendez-vous aux bains, plûtôt qu'à l'ordinaire. S'il faut jeûner il donnera à manger le même jour:s'il faut fortir, jamais les domeftiques neferont plus occupez. Souffrira-t-ilque fa femme aille de rue en rue vifiter les freres, & dans les plus pauvres maifons? Qu'elle fe leve d'auprés de lui pour affifter aux assemblées de la nuit ? Souffrira-t-il tranquillement qu'elle découche àla folemnité de pâque: la laiffera t-il aller fans soupçon à la table du Seigneur, fi décriée parmi eux? Trouvera-t-il bon qu'elle fe gliffe dans les prifons? pour baifer les chaînes des martyrs? Qu'elle lave leurs pieds, qu'elle leur offre avec empreffement à boire&à manger:qu'elle penfe aux abfens & qu'elle

en

en foit occupée: S'il vient un frere étranger,comment fera-t-il logé dans une maison étrangere? S'il faut donner quelque chofe,le grenier,la cave, tout fera fermé.

Quand même le mari payen consentiroit à tout: c'est un mal, d'être obligé à lui faire confidence des pratiques dela viechrétienne. Vous cacherez vous de lui en faifant le figne de la croix, fur votre lit, fur votre corps; en foufflant pour chaffer quelque chofe d'immonde: vous levant même la nuit pour prier? Et ne croira-t-il pas que c'eft quelque operation magique? Ne faura t-il point ce que vous prenez en secret avant toute nourriture: & s'il fait que c'est du pain ; necroira-il pas qu'il eft tel que l'on dit? Tertullien parle de l'euchariftie. Les chrétiens l'emportoient dans leurs maisons, pour pouvoir communier tous les jours,& on voit ici que déslors on communioit à jeun, & fouvent fous la feule efpece du pain. Les payens difoient que ce pain étoit trempé dans le fang d'un enfans; & le secret avec lequel on le gardoit leur faifoit foupçonner du maléfice.

Il continue de montrer à fa femme les inconveniens de demeurer dans une maison pleine de fuperftitions payennes, & d'affifter à des feftins prophanes. Que chantera-t'elle avec fon mari? elle entendra quelques chansons de theâtre,ou de cabaret.Il n'y aura ni mention de Dieu,ni invocation de J. C. ni lecture des écritures, pour nourrir la foi : ni bénediction divine. C'étoit les pires d'entre les payens,qui prenoient des femmes chrétiennes; & Tome XIX. Hhhh

c'étoit les plus foibles chrétiennes qui les cherchoient. Les femmes riches, pour fatisfaire à leur vanité & à leur luxe : pour avoir une chaise, des porteurs de belle taille, des mulles: ce qu'un chrétien même riche ne leur auroit peut-être pasdoné.

Il conclut en réprefentant le bonheur d'un mariage chrétien. L'églife en fait le traité, l'oblation confirme, la benediction en eft le seau,les anges le rapportent au Pere celefte, qui le ratifie. Deux fideles portent ensemble le même joug, ils ne font qu'une chair & un efprit, ils prient enfemble, ils s'inftruisent & s'exhortent l'un l'autre : ils font enfemble à l'églife & à la table de Dieu, dans les perfecutions, & dans le foulagement. Ils ne fe cachent rien & ne s'incommodent point l'un l'autre. On vifite librement les malades. On fait l'aumône fans contrainte. On afsiste auffi aux facrifices fans inquiétude. Ils chantent ensemble les pseaumes & les hymnes, ils s'excitent à louer Dieu. On voit par ces exemples quelle étoit la vie ordinaire des chétiens,

Fin du premier tome.

« AnteriorContinuar »