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fidelité des femmes & les divifions qu'elles caufent dans les familles. Ils élevoient les enfans des autres, les prenant dés l'âge le plus tendre,

pour les inftruire & les former à leurs moeurs. On éprouvoit les poftulans pendant trois années : une pour la continence, les deux autres pour le refte des mœurs. En entrant dans l'ordre, ils lui donnoient tout leur bien, & vivoient enfuite comme freres en forte qu'il n'y avoit entre eux ni pauvres ni riches. On choififfoit des œconomes pour chaque communauté.

Ils avoient un grand respect pour les vieillards & gardoient une grande modeftie, ils retenoient leur colere, ne mentoient ni ne juroient point, excepté le ferment qu'ils faifoient en entrant dans l'ordre. C'étoit d'obéïr aux fuperieurs : de ne fe diftinguer en rien, fi on le devenoit : ne rien enfeigner que comme on l'auroit appris: ne rien celer à ceux de la fecte: n'en point réveler les misteres à ceux de dehors, quand il iroit de la vie. Leur feule étude étoit la morale: qu'ils aprenoient dans la loi, principalement les jours de fabat, affemblez dans leurs fynagogues avec grand ordre. Il y en avoit un qui lifoit, un autre qui expliquoit. Tous les jours ils obfervoient de ne point parler de chofes prophanes avant le foleil levé, & de donner ce temps à la priere. Enfuite leurs fuperieurs les envoïoient au travail. Ils s'y appliquoient jufques à la cinquiéme heure, qui revient à onze heures du matin. Alors ils s'affembloient Tome I. B

Plin.lib. c. 17.

antiq. c.1.p.617.

G.

& fe baignoient, ceints avec des linges; mais ils ne s'oignoient point d'huile. Ils mangeoient en une même fale, affis en filence: on ne leur fervoit que du pain & un feul mets. Ils faifoient la priere devant & aprés le repas: puis retournoient au travail jusques au foir. Ils étoient sobres, & vivoient la plufpart jufques à cent ans. Leurs jugemens étoient féveres. On chaffoit de l'ordre' celui qui étoit convaincu de quelque grande faute: & il lui étoit défendu de recevoir des autres même la nourriture; en forte qu'il y en avoit qui mouroieut de mifere. Mais fouvent on les reprenoit par pitié.

Il n'y avoit des Effeniens qu'en Palestine, encore n'y étoient-ils pas en grand nombre, feulement quatre mille ou environ. C'étoient les plus fuperftitieux de tous les Juifs, & les plus fcrupuleux Jofeph. xvIII. à obferver le fabat & les ceremonies legales; jusques-là qu'ils n'alloient point facrifier au temple; mais y envoïoient leurs offrandes, parce qu'ils n'étoient pas contents des purifications ordinaires. Il y avoit entre eux des devins, qui pretendoient connoître l'avenir par l'étude des livres facrez, jointe à certaines preparations. Ils vouloient même y trouver la medecine & les proprietez des racines & des pierres. Ils donnoient tout au def6.9.p. 442. Eftin & rien au libre arbitre; étoient fermes dans leurs refolutions, méprifoient la mort & les tourmens, & avoient un grand zele pour la liberté, ne reconnoiffant pour chef & pour maître que

Fof.xIII. antiq.

Dieu feul; & prêts à tout fouffrir, plûtôt que d'obéïr à un homme. Ainfi de quelque vertu qu'ils fiffent profeflion, ils étoient bien au-deffous des difciples de J. C.

Entre ceux qui vendirent leurs heritages, pour en aporter le prix aux apôtres; fut Jofeph levite, natif de Chipre, que les apôtres furnommerent Barnabé. Mais un nommé Ananias, de concert avec Saphira fa femme, ayant vendu un heritage, retint une partie du prix : & apporta le refte aux apôtres. Saint Pierre lui dit : Ananias pourquoi t’és-tu laissé tenter par satan, de mentir au Saint Efprit? Ananias mourut fur le champ. Sa femme vint trois heures aprés : & faint Pierre lui ayant demandé combien ils avoient vendu la terre, elle répondit comme fon mari. Saint Pierre lui dit: Vous avez donc concerté tous deux de tenter l'efprit de Dieu. Ceux qui viennent d'enterrer ton mari t'enterreront aufli. Et elle tomba morte à fes pieds. Ce miracle caufa une grande crainte dans toute l'églife & dans tous ceux qui l'apprirent. Les fideles s'affembloient d'ordinaire pour prier au temple, dans la galérie de Salomon: ainfi nommée, parce qu'Herode l'avoit bâtie au lieu que Salomon avoit comblé autrefois. Le reste du peuple n'ofoit se joindre à eux, par la crainte des plus puiffants: mais les loüoit & les honoroit, & la multitude des fideles croiffoit tous les jours. Les apôtres faifoient une infinité de miracles. On mettoit les malades fur des lits

Ad. 17.36.

Att. v. 17.

V. Election des diacres.

Act, VI. 7.

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le long des rues, afin que l'ombre de faint Pierre
portât fur eux quand il pafferoit; on apportoit des
villes voifines les malades & les poffedez du dé-
mon, & tous étoient guéris.

Le fouverain pontife avec deux de fon par-
ti, qui étoient les Saducéens, fit encore mettre
les apôtres en prifon: mais un Ange les délivra.
Le Sanedrin affemblé les ayant envoyé que-
rir dans la prison: on ne les y trouva point quoi-
qu'elle fût bien fermée : ils étoient dans le tem-
ple qui enfeignoient. On les amena dans le con-
feil, & le pontife leur dit : Nous vous avions dé
fendu d'enseigner en ce nom. Pierre & les apô-
tres répondirent: Il faut obéir à Dieu plûtôt
qu'aux hommes : & commencerent à leur foûte-
nir que JESUS étoit le fauveur : les Juifs déchi
rez de rage vouloient les faire mourir. Mais, un
docteur venerable nommé Gamaliel, de la fecte
des Pharifiens, leur confeilla de les laiffer faire,
difant: Si cette entreprise vient des hommes, elle
fera diffipée: fi elle vient de Dieu, vous ne pou-
vez lui réfifter. Ils fuivirent fon avis: & toutefois
en renvoyant les apôtres ils les firent foüetter &
leur défendirent encore de parler au nom de JESUS.
Les apôtres s'en allerent joyeux d'avoir été trou-
vez dignes de recevoir pour lui cet affront. Ils ne
ceffoient tous les jours d'enseigner dans le temple &
par les maifons.

Le nombre des disciples croiffoit toûjours, & il y avoit une grande quantité de facrificateurs

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Entre tant de fideles étoient plufieurs Helleniftes : c'est-à-dire des Juifs, qui étant nés entre les Grecs ne parloient point la langue fyriaque, comme ceux de Palestine; mais feulement la langue grecque, Ceux-ci fe plaignirent, que dans les dif- A, VI. T.' tributions ordinaires leurs veuves étoient méprifées. Les douze apôtres assemblérent la multitude des difciples & leur dirent : Il n'est pas juste que nous quittions la parole de Dieu pour fervir aux tables: Choififfez d'entre vous fept hommes de bonne réputation pleins du S. Efprit & de fageffe, que nous établiflions pour cette œuvre : Et pour nous, nous nous appliquerons à la priere & au miniftere de la parole. Ils choifirent Etiene, Philipe, Prochore, Nicanor, Timon, Parmenas & Nicolas profélyte d'Antioche. Leurs noms font tous Grecs, & l'on peut croire qu'ils étoient la plûpart Hellenistes. Ils les préfenterent aux apôtres qui prierent & leur impoferent les mains. Ce furent les premiers diacres. Ils avoient foin de la nourriture des pauvres, & de la diftribution de ce qui étoit nécessaire à chacun pour sa subfistance, dans cette église où tous les biens étoient en commun. Mais de plus ils fervoient à la table sacrée, c'est-à-dire à l'administration de l'eucharistie : même ils prêchoient l'évangile dans les occafions.

Alors, comme l'on croit, l'apôtre faint Jacques furnommé le jufte fut établi premier évêque de Jerufalem, On le nommoit encore le frere du Sei

Eufeb. Chron. 14.6. 11. hist.

an. 34.

C. I

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