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périence que les matieres n'en font point fi rebutantes qu'elles ne puiffent attirer la curiofité des Efprits qui fe plaisent aux choses folides. L'épreuve découvrira la vérité de ce que je dis ; mais j'ai crû par avance que c'étoit juger favorablement de la difpofition des Lecteurs, que de me perfuader que des chofes vraies, néceffaires & folides, n'étoient pas incapables de leur plaire.

TRAITE

DE LA

PRIER E.

SECONDE PARTIE

LIVRE PREMIER.

Des conditions de la Priere
Chrétienne.

CHAPITRE PREMIER.

Que c'est un devoir effentiel à tout Chrétien que celui de s'inftruire de

S

la Priere.

I la caufe générale de la damnation de ceux qui fe perdent après avoir atteint l'âge de raifon, eft qu'ils ne prient pas comme il faut, & fi ceux qui le font ne man

quent jamais d'arriver au falut, il eft bien clair qu'il n'y a rien de fi important que la pratique d'un devoir fi effentiel. Cependant il n'eft pas poffible de douter de ces veritez, pour peu. qu'on faffe de réfléxion fur ces paroles de Jefus Chrift: Demande of it vous fera donné: PETITE & dabitur vobis ; & fur ces autres: Quiconque deEuc. 7. mande reçoit : Omnis qui petit accipit. Car il s'enfuit de-là que quiconque ne reçoit pas ne demande pas,c'eft-à-dire, ne demande pas comme il faut ; & qu'ainfi celui qui n'eft pas converti n'a pas demandé comme il faut fa converfon, celui qui ne perfevere pas n'a pas demandé comme il faut la perfèvesance, & enfin celui qui n'obtient pas le falut n'a pas prié comme il faut pour l'obtenir.

On cherche quelquefois les raifons: de cette corruption effroyable qui est répandue dans tous les états du Chri ftianifme, & de la mort, où de la langueur fpirituelle de la plupart des Chrétiens. Mais cette verité nous en découvre une dont on ne peut pas, douter. Car on peut dire avec afluLance, que la fource de tous ces maux. aft que les Chrétiens ne prient point en.

la maniere qu'il faut prier; puifqu'il eft de foi que s'ils le faifoient, ils feroient auffi remplis des richeffes de la grace & de la plénitude des biens fpirituels, comme parle faint Paul, qu'ils en paroiffent vuides & dépourvûs.

On demande fouvent auffi des moyens de s'avancer dans la pieté, & des voyes & des méthodes de fe corriger de fes défauts. Mais après ce que l'Evangile nous dit de la priere, il eft clair que ces voyes, ces moyens, ces méthodes fe doivent reduire à nous apprendre à prier.

Car il faut remarquer que la priere n'eft pas feulement un moyen utile pour nous procurer tous les biens fpirituels, mais que c'eft un moyen neceffaire & fuffilant tout enfemble pour les obtenir.

C'est un moyen neceffaire, parce que felon les Peres, après la premiere grace, Dieu n'en accorde plus dans l'ordre commun que par la priere: Dien nous vent donner fes biens, dit faint Augustin, mais il ne les donne qu'à ceux qui les lui demandent, de peur de les donner à ceux qui ne les defirent pas. Deus dare vult, fed non dat nifi petenti, ne det non cupienti. Et en un autre en

Aug. droit: Il y a des chofes, dit-il, que Dien Pfal. donne même à ceux qui ne les lui deman

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dent pas, comme le commencement de la foy, mais il y en a qu'il ne donne qu'à ceux

qui les lui demandent, comme la perAug.de feverance: CONSTAT Deum alia dono non orantibus,ficut initium fidei,alia non perfev. 26. nifi orantibus præparaffe,ficut ufque in finem perfeverantiam, dit ce faint Docteur. Et c'eft un moyen fuffifant pour obtenir les autres graces dont nous avons befoin, puifque Jefus-Christ nous affure que quiconque demande reçoit, il s'enfuir que fi on ne reçoit pas, c'eft qu'on n'a rien demandé..

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On doit conclure de là qu'on ne rombe jamais dans aucun des pechez particuliers qui nous font perdre la grace, fans être tombé auparavant dans celui de n'avoir pas prié comme il faut; puifque fi on l'avoit fait on auroit obtenu de Dieu l'effet de la priere que nous lui faisons dans l'Oraifon Dominicale de ne nous laiffer point fuccomber à la tentation. Tous ceux qui y fuccombent ne font donc pas feulement coupables. de l'action criminelle qui leur fait perdre la grace; mais ils le font de plus d'avoir negligé le principal

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