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taillé, que

monte pas en moindre quantité dans un arbre dans le même arbre non-taillé, eft fuffifante pour ouvrir tous les ouvrir tous les yeux & les rendre utiles; ce qui eft le point important pour un arbre dont toutes les dimenfions font réduites à une fimple fuperficie.

2o. Les branches à bois ne naiffent ordinairement que des derniers yeux des bourgeons. Lors donc que les bourgeons font fort longs, (comme ils le font dans un arbre d'espalier en bon état), les branches à bois fe trouveroient trop diftantes les unes des autres, & par conféquent laifferoient beaucoup de vuides; ce qui eft un très-grand défaut; car un arbre d'efpalier n'a le double avantage de la beauté & de l'utilité, s'il n'a une grande étendue, & s'il n'eft plein, bien garni, & fécond dans toute fon étendue.

La taille eft donc néceffaire pour faire d'un arbre un tapis régulier, & femer sur toute fa furface des fruits auffi beaux que nombreux. Mais à quelle longueur faut-il tailler fes bourgeons? On a toujours crû que cette question ne pouvoit fe réfoudre en en mot ; & que toute règle là-deffus feroit fujette à beaucoup d'exceptions & d'hypothèses, & dans fon application dépendante de plufieurs cas, circons

tances, rapports, confidérations, &c. Je n'en hazarderai donc aucune: je defire que ce que je dirai fur la Taille foit fuffifant pour guider & déterminer le Jardinier, & le préferver de fautes notables (*).

(*) Je viens de trouver dans l'École des arbres frui

tiers la difficulté réfolue.

Le grand principe, dit M. De la Bretonnerie, ou la jufte mesure de la taille des arbres, à ne s'y pouvoir tromper, que la Quintinye & fes copiftes, ni aucun Auteur ne nous a donné, que nos Jardiniers ignorent entièrement, & qui peut s'appliquer à toute la taille, comme une règle générale par laquelle on peut juger a'abord fi un arbre eft bien taillé, c'est la taille DU FORT AU FOIBLE, ou entre le fort & le foible de chaque branche; c'est-à-dire, de les couper ou tailler toutes précisément ou chacune commence à diminuer de force ou de groffeur, autrement dit, au point milieu entre le fort & le foible de chaque branche, ce qui fe trouve ordinairement depuis un œil pour les plus foibles jufqu'à trois & quatre pieds pour les plus fortes, ou les plus gourmandes. On ne sçauroit s'y tromper, puifque c'eft où la feve commence à diminuer qu'on eft affuré d'avoir pris un jufte milieu entre une taille trop longue qui énerve l'arbre, & une taille trop courte qui le retient, ( taillons donc bien courts les arbres fougueux pour les retenir), ce qui équivaut & revient au détail de tout ce qu'on peut dire fur la taille des branches fortes, demifortes, & foibles. Il n'y a donc qu'une feule bonne méthode de tailler les arbres fruitiers, & beaucoup de mauvaifes pratiques, &c. Le ton décidé, impofant, infultant de l'Auteur, & l'énergie de ces deux mots féconds du fort

CHAPITRE XIII.

TAILLE DU POIRIER ET DU POMMIER.

ON

N diftingue fur le Poirier & fur le Pommier des branches à bois & des branches à fruit.

au foible, & plus encore le defir que j'aurois de connoître une règle sûre & fimple fur cet objet, m'ont fait fur le champ effayer cette jufte mesure, cette règle générale. Mais mes yeux gâtés par la routine se fixoient toujours fur l'en droit des bourgeons où d'anciennes erreurs avoient coutume de les égarer, & ne tomboient jamais fur cet unique point de la feule bonne méthode. De forte que la difficulté d'exécuter à la fimple vûe, l'embarras des calculs avec le compas fphérique, ou la néceffité d'une jauge calculée, &c. me font craindre que le grand principe de M. D. L. B. ne faffe pas une grande fortune; & juger que cette découverte fi pompeufement énoncée n'illuftreroit pas beaucoup la Quintinye & fes copiftes ; & que les Auteurs & les Jardiniers qui l'ignorent, ne font pas privés d'une connoiffance bien importante: de forte que, comme le prédit M. D. L. B. lui-même, je ne ferois pas furpris qu'ils n'y fiffent pas d'attention, comme à un galimatias vain & inutile. Puifqu'il fe rend juftice lui-même, je ne fatiguerai point le lecteur par les obfervations que je pourrois faire; & fes grandes lumières ne m'éclairant pas davantage, je vais, copiste de la Quintinye ou Auteur original, contiauer à expofer ce que je fais fur la Taille.

I. Les branches à bois font ainfi nommées, non parce qu'elles ne produifent que des bourgeons à bois; car elles doivent auffi produire des branches & des boutons à fruit; mais, leur force les rendant capables de remplir cette double destination, on les a diftinguées par un nom qui exprime leur fonction spéciale de multiplier les bourgeons à bois. De ces branches, les unes font fortes, les autres foibles, d'autres moyennes; d'autres venues dans l'ordre de la végétation, d'autres venues contre cet ordre, & fe nomment branches gourmandes, branches de faux bois (*). L'ordre naturel de la végétation étant, comme il a déjà été dit, qu'il ne forte de nouveaux bourgeons à bois que des derniers yeux des branches de la dernière taille, & que la force de ces nouveaux bourgeons foit en proportion inverse de la diftance entre leur infertion & l'extrémité de la branche d'où ils naiffent; fi l'antepénultiéme bourgeon eft plus fort que les deux derniers, s'il en perce un d'un bouton qui devoit donner une branche à fruit,

(*) Quelques Jardiniers diftinguent les branches gourmandes des branches de faux bois, & fous - divisent les branches foibles en chifonnes & en brindilles: ces diftintions font peu importantes.

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s'il s'en developpe fur les anciennes tailles, fi les yeux des branches à fruit s'alongent & dégénerent en bourgeons, ce font des défordres.

Les branches fortes taillées produisent de trois à cinq bourgeons à bois, fuivant le dégré de leur force : les moyennes en produisent deux ou trois, & les foibles un feul (*). De plus, toutes produisent des branches à fruit au deffous de ces bourgeons les plus bas de leurs yeux s'ouvrent rarement, fi elles ont été taillées trop long. Les branches à bois font feules fujettes à la taille, qui procure à leurs productions une nourriture plus abondante, & qui les place plus avantageusement pour la forme & le plein de l'arbre.

1o. Soit la branche taillée, fig. 1, Pl. VII, qui a produit à son extrémité des bourgeons à bois dans l'ordre naturel. Si je ne taille point ces bourgeons, ils feront les productions qui viennent d'être marquées, & telles qu'elles font représentées dans la figure 2.

(*) Ceci n'a lieu que fur les arbres taillés; car ceux des vergers pouffant de tous côtés un grand nombre de branches, le volume de leur feve n'eft pas fuffifant pour développer & nourrir tant de bourgeons fur chaque branche; les plus fortes n'en produisent que deux ou trois, & les autres à proportion,

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