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ciables aux arbres & une fource intariffable de faux bourgeons.

Dans les années où un Jardinier fume, engraiffe, amende les platebandes des efpaliers, il doit fe fouvenir d'alonger & de charger fes arbres, à moins qu'ils ne foient vieux ou en mauvais état : fans cette attention, ils poufferoient du faux-bois de tous côtés, parce que le volume de la seve, augmenté par l'amélioration du terrein, ne trouveroit pas affez d'iffues.

II. Les branches à fruit tirent leur nom de l'unique propriété qu'elles ont de porter du fruit. On en diftingue plufieurs fortes.

1o. Les petites branches à fruit, qui font fort groffes à proportion de leur longueur (o Pl. VIII, fig. 1.) Leur écorce ridée, & comme formée d'anneaux parallèles, couvre des couches ligneufes, dont les fibres tranfverfales & peut-être spirales épurent, affinent, travaillent, préparent la feve pour la nourriture des fruits, & modèrent fon action d'ailleurs émouffée par leur perpendicularité fur la branche d'où elles naiffent. Leur accroiffement est fi lent, qu'à peine parviennent-elles à un pouce ou un pouce & demi en deux ans. Elles se ramifient par la fuite; durent de fix à dix

ans; & quelquefois fe renouvellent par de très-petits bourgeons x qui naiffent de quel'ques-uns de leurs boutons, fur-tout de ceux des bourfes à fruit (*).

Ces branches ne fe taillent point; mais les mêmes caufes qui produifent les gourmands, peuvent les faire dégénérer. Quelques-unes, après avoir donné du fruit plufieurs années, acquièrent une grande vigueur, ceffent de fructifier, produifent de forts bourgeons, & étendent beaucoup leur empattement fur la branche d'où elles fortent, en affoibliffent & en ruinent la partie ultérieure dont elles arrêtent & dérobent la feve. Il faut retrancher ces branches à fruit dégénérées, qui méritent vraiment le nom de gourmandes; & couvrir la plaie, tant pour empêcher qu'il n'en pullule des bourgeons, que pour faire reprendre à la feve fon cours dans la branche. D'autres dégénèrent dès la premiére, ou les premières années. Si les bourgeons qui en proviennent

(*) On nomme ainfi les extrémités des petites branches à fruit, lorfqu'elles s'enflent & imitent prefque la forme. d'une bourfe. Ce font d'heureux accidents propres au Poirier & au Pommier, des réfervoirs pleins de la feve la plus parfaite & la plus propre à la nutrition des fruits abendans qui en naiffent.

font forts & longs, il faut retrancher ces branches s'ils font gros, courts ƒ, bien garnis de beaux yeux, on les laiffe entiers; tous leurs boutons fe tourneront à fruit. S'ils font maigres r, alongés, on les caffe entre le pouce & le tranchant de la ferpette, au deffous de tout œil enflé & apparent, ou immédiatement, ou un peu au deffus des rides ou anneaux qui font à leur insertion & qui diftinguent toute branche provenue d'un bouton à fruit. En les caffant ainfi, une partie de la feve qui leur étoit deftinée, reflue fur les branches voifines, ou s'évapore par la plaie que les efquilles empêchent de fe cicatrifer; l'autre développe des boutons à fruit entre les rides ou au deffus, & ainfi ces branches font rappellées à leur première destination.

Quelquefois on fait exprès dégénérer ces branches. Lorsqu'un arbre ne donne plus que des branches à fruit, & pourroit en peu de tems devenir victime de fon exceffive fécondité, un nombre convenable de ces branches, taillées à un œil, produira des bourgeons à bois qui retabliront l'arbre. Ainfi, en taillant les branches les plus déterminées à fruit, on les convertit en branches à bois ; & en caffant les branches à bois, comme il va être dit, on les convertit en branches à fruit,

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2o. Les grandes branches à fruit u qui n'ont aucune ride, même à leur infertion. Dès la première année, elles acquiérent toute leur longueur de trois à fix pouces; elles font médiocrement groffes, bien garnies de boutons, mais la plûpart peu renflés. Elles ne différent des précédentes, que par leur plus de longueur & par leur plus grand nombre d'yeux; différence qui ne vient que de leur pofition plus avancée vers l'extrémité de la branche, & plus voifine des bourgeons à bois, où la feve eft plus abondante & plus active. L'angle doit qu'elles font avec la branche dont elles fortent, fans aucune inflexion, ni vers leur base, ni dans toute leur étendue, les diftingue bien de tout bourgeon à bois qui fait un angle aigu ou qui décrit une ligne courbe vers fa naisfance. Ces branches ne fe taillent point; mais les plus longues, lorfqu'elles font placées fur le devant de la branche, fe caffent à une longueur convenable; leurs boutons produisent ¿ de petites branches à fruit.

3o. Les bourgeons courts y, gros, garnis de boutons bien nourris & peu diftants les uns des autres, dont il a été parlé ci-devant, peuvent être regardés comme des branches à fruit, & employés à cet usage. Ils fe paliffent entiers,

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s'ils ne font point confufion; ou ils fe caffent, tant pour être réduits à une moindre longueur, que pour faire ouvrir leurs yeux les plus bas: mais fi l'endroit où ils font placés n'est pas affez garni de bois, on les taille.

4°. Les petits bourgeons e très-menus, effilés, fans corps, fans force, qui fortent de toutes les parties de l'arbre, dans l'ordre, contre l'ordre, ne peuvent être réputés branches à bois, ni branches à fruit, n'étant capables de nourrir ni l'un ni l'autre : leur fort ordinaire eft d'être retranchés. On peut les caffer tout près de leur infertion, pour en faire naître une petite branche à fruit, ou, faute de meilleur bois, les tailler à un œil dans l'espérance d'en obtenir un bon bourgeon. Quelques Poiriers, entr'autres le Colmar, produifent un très-grand nombre de ces petits bourgeons. Au lieu de les caffer à leur insertion, d'où il reffort quelquefois plufieurs brindilles femblables, il vaut mieux les caffer à trois ou quatre yeux, qui donnent ordinairement autant de petites branches à fruit.

5°. Souvent les Poiriers en bon état pouffent des bourgeons forts, dont les yeux s'ouvrant dans la même année produifent des branches à fruit (fig. 5, Pl. IV). Bien loin de fupprimer

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