Imágenes de páginas
PDF
EPUB

prompte & plus parfaite, & des couleurs plus brillantes. Ses règles font d'étendre droites toutes les branches, afin qu'elles ne foient ni coudées ni tortueuses; de placer à distance égale entr'elles les principales branches, ayant attention de les rabaiffer d'année en année, fuivant le befoin, pour regarnir le bas, & fournir de l'espace pour incliner celles du haut (supposé que les arbres ne foient pas formés régulièrement, suivant la méthode exposée ci-devant); de difpofer les autres branches de façon qu'elles ne laiffent point de vuides, & que cependant les bourgeons qui en doivent naître puisfent être placés fans confufion; car ce défaut feroit plus préjudiciable aux branches & aux fruits qui s'étioleroient, que les vuides ne font défagréables. Si une branche a pris une mauvaife direction, il faut la corriger. Si elle fait la trompette, c'est-à-dire, fi elle s'éleve à fa naissance perpendiculairement, & enfuite décrit un arc, il faut la rapprocher de la branche d'où elle fort, en les embraffant & les ferrant toutes deux avec un ofier, & rétrécir l'angle qu'elles faifoient. Le refte est moins fufceptible de règles, qu'il n'est une affaire de goût, d'intelligence, de bon fens & de jufteffe dans le coup-d'œil. Ne point ferrer les ofiers; ne les

point faire passer fur les yeux; amener doucement les branches au point où elles doivent être fixées, fans les forcer; n'en point faire croiser fans néceffité, &c. font des avis qui ne regardent que les mal-adroits.

Le paliffage étant fini, on place les abris dont il fera parlé dans la fuite, pour défendre les arbres des intempéries du printems, qui font redoutables dans notre climat jufqu'au premier, quelquefois jufqu'au quinze Mai. Enfuite on laboure les platebandes des espaliers, fi les arbres ne font pas près de fleurir.

[blocks in formation]

A la mi-Mai ou au commencement de Juin, felon que l'année eft plus ou moins avancée, & que les arbres ont plus ou moins fouffert des derniers froids, il faut procéder à l'ébourgeonnement. Cette opération, plus importante que la taille même, & plus décifive de l'état & du fort d'un arbre, demande beaucoup de discernement, & d'autant plus de légèreté & d'adreffe dans la main, qu'elle fe fait sur un fu

jet

jet très-délicat, fur des bourgeons caffants, dont les feuilles tendres fe déchirent & fe détachent aisément, fur des fruits presque naisfants que les moindres fecouffes peuvent faire périr.

Si l'arbre à ébourgeonner eft vieux, ou ne pouffe que foiblement ; il ne faut conferver que les bourgeons les plus forts, les mieux placés, les mieux conditionnés, & retrancher tous les autres; afin que ceux-là, profitant de la feve de ceux-ci, & jouiffant plus librement des bienfaits de l'air, ils fe fortifient davantage.

Si l'arbre eft dans fa première jeuneffe, tout l'objet de l'ébourgeonnement eft de choisir les bourgeons les mieux difpofés & les plus propres à lui affurer une belle forme, & à devenir fes principales branches; ainfi on retranche ceux qui font fuperflus ou mal placés: mais cette fuppreffion eft plus ou moins rigoureuse, fuivant la modération ou l'emportement de ce jeune arbre, auquel il eft quelquefois néceffaire de donner beaucoup de charge, & de laiffer des bourgeons inutiles pour confommer l'excès de la feve qui produiroit de toutes parts de faux bourgeons.

Si l'arbre formé & dans fa force végéte avec une grande vigueur, il faut de même l'ébourPartie I..

L

geonner fobrement; se contenter de le tirer de la confufion, confervant tous les bourgeons qui fe peuvent paliffer, ne retranchant que ceux qui mal placés ou trop nombreux étioleroient les autres, & les gourmands dont évidemment on ne pourra faire ufage. Souvent même il vaut mieux caffer ou couper ceux-ci à-peu-près à la moitié de leur longueur, pour arrêter leur progrès, en forçant la feve à s'ouvrir de nouvelles iffues & à fe partager à plufieurs bourgeons qui naîtront de leurs yeux, & différer leur fuppreffion à un autre tems.

Enfin, fi l'arbre formé eft fage & modéré dans fes productions, & fur-tout s'il a retenu beaucoup de fruit, on ne doit lui laiffer aucun gourmand ni bourgeon inutiles; afin que la feve qu'ils diffipent ferve à la nutrition des fruits, à foutenir & augmenter la force des bourgeons confervés.

Nota. 1°. Si du même nœud il eft forti plufieurs bourgeons, il faut les réduire à un seul, le plus beau & le mieux placé. 2o. Ne conferver aucun bourgeon malade ou défectueux. 3°. Si quelque œil d'une branche ou d'une bourse à fruit a dégénéré en bourgeon, le laisfer intact, fur-tout lorsqu'il a arrêté du fruit fur cette branche ou bourse. 4°. Si depuis la

taille il a péri quelque branche, en remettre le retranchement à la taille fuivante, & difpofer le bourgeon qui se présente le mieux pour le remplacer. 5°. Ne se pas occuper seulement du befoin actuel; mais ménager de bons bourgeons dans tous les endroits de l'arbre où l'on prévoit qu'il y aura l'année suivante des branches épuisées à remplacer. 6°. Le paliffage doit accompagner l'ébourgeonnement: je fuis même dans l'ufage de paliffer tous les bourgeons que je conferve, avant que de retrancher les autres; afin que, que fi quelqu'un fe caffe, fe décole, ne fait pas un bon effet au paliffage, je ne me trouve pas fans reffource. 7°. En palissant, il faut étendre les bourgeons de toute leur longueur, fans les croifer ni leur laiffer prendre aucun mauvais pli, aucun contour gêné; les efpacer de façon qu'ils ne fe dérobent pas entiérement l'air & le foleil, & que les fruits, fans être privés de l'un, foient à couvert des rayons trop vifs de l'autre. 8°. Par ébourgeonnement, on ne doit entendre que la fuppresfion des bourgeons furnuméraires, nuifibles aux arbres foibles incapables d'en nourrir un grand nombre, ou aux arbres vigoureux qu'ils rendent confus, & non pas une fuppreffion rigoureuse de tous les bourgeons qui feront inu

« AnteriorContinuar »