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Sur ces arbres, dont aujourd'hui on élève très-peu, parce que leur forme les rend fort

fon ébourgeonnement. Je répéterai feulement que nous ébourgeonnons, & que M. D. L. B. taille; & je demande pourquoi il veut que nous faffions dans la faifon où il taille, une opération entièrement différente, & alors impraticable? Ou pourquoi il donne le change à fes lecteurs, pour me faire paroître repréhenfible?

Cependant je ne peux céler deux traits de fa bonté. 10. Après nous avoir tous fort maltraités, il veut bien, par grande confidération pour les célèbres Montreuillois, fe relâcher un peu, en nous accordant de prévenir l'époque de fon foi-difant ébourgeonnement pour les Pêchers attaqués de la cloque; & d'ébourgeonner vers le commencement de Juin les Pêchers dans les terreins & les années où ils pouffent avec une grande force. Comme ce font ces arbres dont les branches peuvent devenir gourmandes, & pouffer de nouveaux bourgeons de tous leurs yeux, fon indulgence peut paffer pour une permiffion tacite d'en ufer de même pour ceux qui, ne pouffant pas avec grande force, ne s'épuiferont point à repouffer une quantité prodigieufe de bourgeons. Ainfi je ne désespére pas d'une conciliation entre lui & nous fur cet objet.

2o. Il daigne nous dire (je dirois nous apprendre; mais fi nous l'ignorions, les enfans de nos villages nous l'apprendroient) une chofe très-importante. Le tems, dit-il, indiqué par la nature comme un indice certain que la feve eft arrêtée dans ces arbres, fe reconnoît, à ne pouvoir s'y tromper, lorsqu'à l'extrémité de toutes les branches terminées auparavant par deux petites feuilles féparées & trèsdiftinctes, il s'eft formé à leur place un bouton fort arrondi en forme de tête; on eft sûr alors, à n'en pouvoir dou

que

incommodes dans les potagers, on ne taille les bourgeons placés dans la direction de leur

ter, que tous les canaux font fermés. Aucun auteur apparemment n'a connu ce figne, faute de pratique & dobservation, puifqu'aucun n'en a rien dit. C'est la caufe de ce qu'on refte dans l'erreur, ou dans les incertitudes d'un demi-fçavoir pernicieux ; c'étoit à nous en tirer qu'il falloit s'appliquer, en ne préfentant que des principes assurés, afin de nous mettre en état d'agir avec fécurité, & de pouvoir rendre en toutes occafions des raisons fenfibles, folides, & fuffifantes de toutes fes opérations.

Que de connoiffances & fpéculatives & pratiques fe tirent en effet de ce principe fimple & fécond! Rendons graces au Ciel, qui a suscité ce grand écrivain pour diffiper nos erreurs, repandre la lumière, &, par une double merveille, nous ouvrir les yeux, & fermer ceux des arbres dès la fin de Juin. Qu'il a bien raison de prendre le ton magiftral, en nous enfeignant que la feve eft en repos lorfqu'elle n'eft plus en mouvement, & que l'indice certain qu'elle n'a plus d'action, c'eft qu'elle ceffe d'agir; & en femonçant ces écrivains demi-fçavants, qui, par respect pour leurs lecteurs, n'ont point publié ces importantes futilités! Cependant combien de connoiffances il refte à acquérir ! Que de découvertes à faire fur la végétation! Que de moyens à inventer d'éluder fes loix, ou même de lui en impofer! Que d'obfervations fur fa marche! Que de fecrets à imaginer pour l'avancer, la retarder, la modérer, l'arrêter, fuivant le befoin! Ce font des objets que nous ofons croire plus dignes de notre étude & de nos recherches, fur lefquels je ne fais fi M. D. L. B. fixera les incertitudes de notre demi-fçavoir, & nous rendra complettement fçavants,

circonférence; & fans égard à la prétendue régularité de la fimple & de la double couronne, la longueur de leur taille se règle fur leur force. Tous ceux qui font angle avec la circonférence fe caffent ou fe retranchent, fuivant l'état de l'arbre.

III. Pour bien tailler un Poirier ou un Pommier, il ne fuffit pas de fçavoir les règles que nous venons d'expofer; car un Poirier de Saint-Germain, ou de Beurré, qui se met promptement & facilement à fruit, ne veut pas être conduit comme un Poirier de Virgouleufe, de Bonchrétien d'hyver, &c. dont la fécondité eft fort tardive. Si ceux-ci, dans leur jeuneffe, ne font pas très-peu taillés, fort alongés, furchargés de petites branches, la plupart laiffées entières, à peine commenceront-ils à douze ou treize ans à porter quelques fruits, & à permettre que fucceffivement on les rapproche on les concentre on leur donne une forme; ce qui ne fe peut faire tant qu'ils s'emportent en bois. Les autres au contraire fe forment dès leurs premières années, & se taillent comme des arbres modérés dans leur végétation. Un Martin-fec touffu, un Rouffelet garni de bourgeons, un Bonchrétien d'été qui en pouffe de très-longs, un Bergamotte de

Pâques qui en produit de très-gros, &c. un Pommier d'Api dont le bois eft fort long, un Gould-Pippin dont il eft fort menu, un Calville rouge dont il est peu nombreux; en un mot, prefque chaque variété ayant un caractère propre, elle exige quelque différence dans le traitement; mais les bornes de cet écrit ne font pas affez étendues pour un détail qui demanderoit un volume, & qui priveroit un Jardinier de la fatisfaction d'avoir acquis luimême ces connoiffances, que quelqu'attention & quelques obfervations pendant deux ou trois ans peuvent lui procurer.

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DE tous les arbres fruitiers qui fe cultivent dans notre climat, le Pêcher eft celui qui a le plus befoin d'être taillé. Planté en espalier, ou élevé en plein vent, sa forme, fa fécondité & la durée de fa vie dépendent également de la taille. Je ne fais fi l'on peut croire que la taille n'abrége point les années d'un Poirier, d'un Cérifier; mais on peut assûrer

qu'elle prolonge beaucoup celles d'un Pêcher. La néceffité de le tailler réfulte de fa manière de végéter, qu'il faut d'abord expofer.

Soit une taille de Pêcher, (PL. VIII, fig. 2), avec fes trois derniers bourgeons. Si ces bourgeons ne font point taillés, on les trouvera l'automne fuivant tels qu'ils font représentés, ayant pouffé de leurs derniers yeux quelques bourgeons affez forts, & des autres yeux (autant qu'il y en a eu de fains, & & que la feve a pu y fuffire) des bourgeons grêles, effilés, dépourvûs de boutons dans le bas, en ayant très-peu de doubles & de triples dans le haut, & la plûpart étant trop foibles, non-feulement pour produire & nourrir d'autres bourgeons, ou pour porter du fruit, mais pour fe foutenir eux-mêmes & furvivre à l'hyver; de forte que l'année suivante ces branches feront nues, ou plûtôt ne feront garnies que de brindilles defféchées : & fi l'arbre eft abandonné à lui-même pendant quelques années, il n'aura plus de vert que les extrémités, & il reffemblera plus à un bouleau mort qu'à cet arbre qui, par sa verdure, fa forme élégante, la beauté & le nombre de fes fleurs, le volume & les couleurs de fes fruits, doit faire le plus riche orne

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