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CHAPITRE XVIII.

TAILLE DU PRUNIER, DU CERISIER,
ET DE L'ABRICOTIER.

CONNOISSANT le caractère propre des arbres fuivans, il eft aifé d'appercevoir le peu d'attentions particulières que demande leur taille.

I. SUR les bourgeons du Prunier on remarque trois fortes d'yeux. 1o. Ceux du bas, qui se font formés la même année, fleurissent au printems fuivant, donnent du fruit & ne laiffent fur la branche que la marque de l'infertion du fupport commun de leur bouquet de fleurs. Quelquefois ils font doubles ou triples, ce qui eft plus ou moins fréquent fuivant les variétés de Prunier ; & alors il s'y trouve un œil à bois qui donne une branche à fruit pour l'année fuivante. Souvent cette première espèce d'yeux manque aux bourgeons forts. 2°. Ceux de l'extrémité, qui produifent des bourgeons au nombre d'un à fix, fuivant la force du bourgeon. 3°. Ceux qui font compris entre les premiers & les feconds, qui produisent au

printems fuivant des branches à fruit. Ces branches fort nombreuses (un bourgeon long de deux pieds en porte jufqu'à quarante ) font longues de fix lignes à deux pouces ; les unes, n'ayant que des boutons à fruit, périffent après une récolte; les autres ont au deffus des yeux à fruit un ou plufieurs yeux à bois, qui donnent autant de branches à fruit, & ainfi fucceffivement d'année en année jufqu'à ce qu'enfin elles foient épuifées.

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Cette description indique une grande affinité de végétation entre le Poirier & le Prunier; celui-ci a l'avantage de former en deux feves ou une feule année des yeux à fruit, qui ne fe forment quelquefois fur le Poirier qu'en fix feves, affez fouvent en quatre ou cinq très-rarement en une feule année. La taille l'ébourgeonnement & les autres opérations fubféquentes font donc les mêmes : feulement nous obferverons: 1°. Que la longueur de la taille du Prunier fe règle autant fur la distance à laquelle doit être placé le nouvel étage de branches, que fur la force des bourgeons; car à quelque longueur qu'ils foient taillés, aucune partie n'en demeurera nue; il n'y aura aucun œil fain qui ne s'ouvre, & ne produise des branches à fruit, ou des bourgeons à

bois. Si l'on raccourcit un peu la taille, le nombre des bourgeons ne s'augmentera pas de beaucoup; mais les branches à fruit s'alongent davantage. Sur le Prunier, comme fur tout autre arbre, on doit éviter une taille trop courte, qui y mettroit le défordre par les gourmands, le faux bois, la dégénérafcence des branches à fruit, &c. 2°. Qu'il ne faut jamais tailler fur un oeil à fruit fimple; parce que fa destination étant marquée & conftamment décidée, il ne dégénéreroit point en bourgeon, & très-rarement il en reperceroit un de fon fupport; car le Prunier eft un des arbres de l'écorce defquels il reperce plus difficilement des bourgeons: 3°. Qu'en conféquence il faut être très-attentif à profiter des branches à fruit qui dégénèrent, & de toutes les reffources qui se présentent pour remplir les vuides que laiffent les branches à fruit en périffant 4°. Que les branches à fruit du Prunier s'alongeant & fe ramifiant d'année en année, elles rendent l'arbre d'autant plus hériffé, touffu, défagréable, qu'elles ne font pas rangées feulement fur deux côtés des branches, mais difpofées en bâton de Perroquet, s'élevant presque perpendiculairement fur les côtés, le devant & le derrière des branches. Il

faut donc retrancher celles qui font placées fur le devant & fur le derrière (pour facrifier moins de fruit, on peut ne les fupprimer qu'après en avoir retiré une première récolte; elles n'ont pas encore acquis affez de longueur pour défigurer l'arbre ). Les branches latérales recevant plus de feve s'alongeront & se fortifieront davantage; celles qui auront vers leur extrémité cinq ou fix yeux à bois, ou plus, fe tailleront tant pour entretenir leur force & prolonger leur durée, que pour la régularité de l'arbre: 5°. Que, quoique le Prunier foit un arbre gommeux, fes bourgeons furnuméraires fouffrent d'être caffés ; mais plus loin de leur naiffance que ceux du Poirier à trois ou quatre yeux.

II. LE Cérifier ne différe du Prunier, que par la forme de fes productions. On trouve fur fes bourgeons les trois mêmes fortes d'yeux. Ses branches à fruit font placées dans le même ordre; mais au lieu de porter des boutons à fruit dans toute leur longueur, elles en ont à leur extrémité un grouppe, au milieu duquel eft un œil à bois qui produit un pareil grouppe pour l'année fuivante. Elles s'alongent fi peu, que jamais elles ne rendent l'arbre épais ni

confus; par conféquent aucune ne se retranche, quelle que foit fa direction. Comme il est très-rare que quelqu'une dégénère en bourgeon, les vuides qu'elles laiffent en périffant se rempliffent par de petits bourgeons qui fortent ordinairement en affez grand nombre du vieux bois, & dont on conferve, tant à l'ébourgeonnement qu'à la taille, autant qu'on peut en paliffer. Si quelque partie fe dégarnit, en la rapprochant, il repouffe des bourgeons.

Cette facilité avec laquelle il naît des bourgeons des vieilles branches, même les plus baffes, vient fans doute de ce que le Cérifier fait dans toutes fes parties une diftribution de feve plus égale que ne font les autres arbres. Auffi exige-t-il moins d'attention dans la direction de fes principales branches, qu'on peut ranger dans l'ordre le plus régulier & le plus fymmétrifé, fans craindre que les plus hautes & les plus verticales prennent trop de force au préjudice des plus baffes & des plus obliques.

Les vuides étant donc rares, ou faciles à remplir fur le Cérifier, il fe taille long; feulement pour entretenir fon plein & fa vigueur, & pour que fes bourgeons naiffent dans une difpofition avantageufe. Loin de le concentrer par des ravalements & des rapprochements,

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