Imágenes de páginas
PDF
EPUB

il faut l'étendre & l'alonger. Nul arbre n'eft auffi docile & ne forme fur le mur un tapis plus régulier & plus agréable, lorfqu'il eft conduit par une main habile.

Depuis que le Cérifier entre en fleurs jufqu'à ce que fon fruit ait acquis environ le tiers de fa groffeur, il eft bon & même néceffaire dans les printems fecs, de jetter de tems en tems au pied une voie d'eau.

Si un Cérifier pouffe des bourgeons trop nombreux qui le rendent confus, & qui exigent un ébourgeonnement, il faut différer cette opération jufqu'en Septembre; & au lieu de retrancher les bourgeons fuperflus, il faut les tailler à deux ou trois yeux, qui ne produiront que de petites branches à fruit. Par cette pratique, on tire l'arbre de la confufion & on rend utile ce qui étoit fuperflu ou nuifible.

Le Cérifier craint les fumiers. Les gazons pourris & les feuilles d'arbres bien consommées font les feuls engrais qui lui conviennent.

III. LE caractère de l'Abricotier participe de celui du Pêcher & de celui du Prunier. Comme le premier, il forme des boutons à fruit en une feule feve; il a des yeux fimples, doubles, triples, multiples ou raffemblés par

grouppe ds quatre jufqu'à plus de vingt fur un même nœud (dont la plûpart font avortés); fes fleurs font folitaires, chaque œil n'en contenant qu'une; vers le milieu ou à l'extrémité de fes bourgeons forts, fouvent il naît pendant la dernière feve un grand nombre ( neuf ou dix) de petites brindilles; quelquefois il naît auffi vers le bas quelques bourgeons que l'on conferve à l'ébourgeonnement, lorsqu'ils font bien placés & bien conditionnés, & que l'on pourra tailler au mois de Février. Ses bourgeons moyens, & fouvent les plus forts mêmes, portent depuis une extrémité jufqu'à l'autre des yeux à fruit & des yeux à bois.

&

Mais de plus il a des branches à fruit proprement dites, qui fe forment dans le même espace de tems, dans le même ordre & la même direction que celles du Prunier; elles s'alongent davantage (de deux à dix pouces, fuivant que l'arbre eft plus ou moins vigoureux, taillé plus ou moins long), fe garnissent dans toute leur étendue d'un fort grand nombre d'yeux à fruit, entremêlés ou accompagnés d'yeux à bois (quelques-unes des plus petites n'ont qu'un bouquet de boutons à fruit à leur extrémité, avec un œil à bois); elles se ramifient & s'étendent. Mais comme l'arbre fe fur

charge de productions auxquelles il ne peut fuffire, fouvent il arrive qu'une partie de ces branches à fruit, qui n'a pu se fortifier & s'aoû→ ter, périt pendant l'hyver. Au refte, l'Abricotier eft auffi immodéré & plus inégal dans fa végétation que le Pêcher, tantôt confus en bourgeons, quelquefois produifant à peine ce qu'il en faut pour ne pas être dégarni.

Ses bourgeons fe taillent, comme ceux du Pêcher, à une longueur proportionnée à leur force. De fes branches à fruit, on fupprime celles qui font trop faillantes fur le devant ou fur le derrière, & on ne conserve que celles qui font placées fur les côtés. De celles-ci, les plus fortes fe taillent longues pour fruit; les autres à trois ou quatre yeux pour donner des branches à fruit pour l'année fuivante; les plus courtes demeurent entières fur toutes les faces de la branche. Mais il vaut beaucoup mieux, dès l'ébourgeonnement (opération la plus importante de cet arbre) fupprimer tout ce qui évidemment fera inutile à la taille, & qui ne pourra alors fe retrancher fans occafionner des plaies, dont les fuites fâcheufes rendent l'Abricotier difficile à traiter : car il ne peut fubfifter long-tems & en bon état, même en plein vent, fans être taillé; & cependant on ne peut lui

faire prefqu'aucune plaie, fans que la gomme y paroiffe. Si toutes les parties attaquées ne font fecourues promptement, elles font bientôt cariées ; & cette gangrene fait un progrès fi rapide, qu'il eft très-commun de voir des branches d'Abricotier bien garnies de feuilles, & chargées de fruits parvenus à leur groffeur, périr du matin au foir; ce qui fait que rarement on trouve un Abricotier fans aucun vuide.

Il est vrai que nul arbre ne reperce du vieux bois avec autant de facilité. Rapprochez les plus groffes branches, elles en produiront de nouvelles; ravalez l'arbre fur fa tige, il fe renouvellera; enfin fciez la tige jufqu'auprès de la greffe, il en fortira des bourgeons vigoureux qui rajeuniront ou plûtôt reproduiront l'Abricotier. Mais ces reffources, quelqu'avantageufes qu'elles foient, font cependant attendre du fruit jufqu'à ce que l'arbre foit formé de nouveau, & en état d'en donner: ainfi on ne doit rien négliger pour éviter, ou du moins différer, la néceffité d'y avoir recours. Une grande exactitude dans l'ébourgeonnement; l'attention de ne faire à la taille que les plaies inévitables; le foin de couvrir toutes celles qui font grandes, de vifiter fouvent l'arbre pour nettoyer celles où la gomme fe montre; retran

cher jufqu'au vif tout ce qui n'est pas sain; y appliquer de la terre pêtrie avec de la bouze de vache, &c.; font des moyens de conferver en bon état cet arbre très-vivace dans les terreins qui lui conviennent, & d'entretenir fa fécondité fans interruption. Mais un point trèsimportant, eft de prévenir, pour le tailler, le premier mouvement de la feve.

[blocks in formation]

TAILLE DE LA VIGNE.

1o. DES ÈS que la feve d'un cep de Vigne taillé fe met en mouvement, le progrès de fa végé tation eft d'autant plus rapide, que la maffe totale de la feve n'a à travailler que fur un très-petit nombre d'yeux. Si donc il eft taillé trop tôt, il prend trop d'avance, & il court rifque d'être ruiné par les gelées tardives & les mauvais vents.

Dès que la feve d'un cep de Vigne est en mouvement, fi on lui fait des plaies, il pleure, & fa végétation eft retardée. Si donc fa taille eft trop différée, la grande perte de feve qu'il fouffre l'affoiblit quelquefois tellement, qu'il

ne

« AnteriorContinuar »