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ne peut ni nouer ni bien nourrir fon fruit. Ainfi ces deux extrêmes lui font préjudiciables. La qualité du fol, le progrès de l'année, l'expofition, décident le tems de la taille, qui doit toujours prévenir le premier mouvement de la feve. Communément les Vignes en efpalier au midi fe peuvent tailler à la fin de Février, ou au commencement de Mars; celles des autres expofitions, & des contre-efpaliers, vers la mi-Mars, fouvent plus tôt.

2o. Tailler court & décharger un cep qui eft dans fa force, qui pouffe vigoureusement, qui. eft planté dans un bon terrein, humide, profond; c'eft fe priver de beaucoup de fruit, & fatiguer la Vigne à produire du faux bois & des gourmands. On peut y choifir jufqu'à cinq ou fix bourgeons les plus beaux & les plus francs; tailler le plus fort en long bois, c'eftà-dire à trois ou quatre pieds; un ou deux à quatre ou cinq yeux; autant à deux ou trois yeux; & les plus foibles, à un œil de forte qu'il y ait au total fur le cep douze à quinze bons yeux, outre ceux du long bois. Le furplus des bourgeons fe retranche.

Au contraire, un cep foible, vieux, planté en fol maigre, fec, peu profond; ou dont le bois eft effilé & mal nourri, parce que l'anPartie I.

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née précédente a été féche; ou dont les bourgeons font nombreux & forts, mais tendres & mal aoûtés, parce que l'année précédente a été trop pluvieufe; ou dont ils ont été gélés & endommagés par un hyver trop rigoureux un tel cep doit être déchargé, & taillé fort court fur un petit nombre de fes meilleurs yeux,

Lorfqu'il arrive après la taille, en Avril ou Mai, des gelées qui ruinent la Vigne, il faut ravaler les tailles fur les yeux qui ont échappé, ou, fi tous ont été gelés, jufque fur les fous-yeux. L'année fuivante, on taillera les meilleurs bourgeons provenus de ces fousyeux, ou fortis du vieux bois.

3o. En taillant, il faut laiffer un onglet de quatre ou cinq lignes au deffus de l'oeil fur lequel on taille, de peur qu'en approchant davantage la coupe, l'oeil ne foit éventé ou endommagé. La coupe doit être faite un peu s'il couen talus oppofé à l'œil; afin que, loit quelques pleurs, l'œil n'en foit pas mouillé; ce qui lui feroit fort nuifible, fur-tout s'il furvenoit des gelées.

4°. Lorfque les nouveaux bourgeons ont acquis une longueur d'environ deux pieds, il est tems d'attacher tous ceux qui portent

du fruit, & ceux qui feront néceffaires pour la taille fuivante; & d'ébourgeonner tous les autres. Un ébourgeonnement trop hâté peut faire couler la fleur; trop différé, il devient embarraffant. En attachant, ou en paliffant, il faut avoir attention de ne pas priver les grappes de la jouiffance de l'air, & de ne pas tellement approcher les bourgeons les uns des autres, que l'ombre du feuillage puiffe les attendrir, les étioler, les empêcher de s'aoûter.

5°. L'ébourgeonnement de la Vigne fupprime (en coupant) tous les bourgeons foibles, tous les furnuméraires, tous ceux de faux bois, à moins que quelqu'un ne foit meilleur que les vrais bourgeons, ou néceffaire pour ravaler le vieux bois deffus; les plus foibles des bourgeons, doubles ou triples, fortant d'un même noud; quelques-uns des bourgeons même qui portent du fruit, lorfque le cep en eft furchargé, & incapable d'en bien nourrir une grande abondance fans danger de s'épuifer; les bourgeons gourmands qui naissent du pied, à moins qu'ils ne foient néceffaires pour rajeunir le cep; tous les bourgeons chiffons qui naiffent tant à côté des yeux des nouveaux bourgeons qu'ailleurs; toutes les vrilles, qui deviennent inutiles aux

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Vignes paliffées & attachées; en un mot, le choix fait des meilleurs bourgeons qui font néceffaires tant pour la récolte de l'année, que pour la taille de l'année fuivante, on retranche tous les autres, & tout ce qui naît de fuperflu fur ceux que l'on conserve, afin qu'ils profitent de toute la feve : & comme, jufqu'à ce qu'ils aient acquis affez de force & de longueur pour la confommer, il ne ceffe de repulluler de nouveaux bourgeons inutiles, il faut tous les quinze jours faire un nouvel ébourgeonnement.

6°. Lorsque les bourgeons deviennent par leur longueur incommodes à paliffer ou à attacher, on peut les rogner; les plus forts d'une Vigne jeune & vigoureuse à environ quatre pieds, les autres à proportion. Le point important eft qu'ils ne foient pas trop raccourcis, de peur de faire ouvrir les yeux qui font néceffaires pour la taille fuivante.

7°. Pendant tout le tems de la fleur de la Vigne, il ne faut ni l'ébourgeonner, ni rogner ses bourgeons, ni lui faire aucun retranchement confidérable, de peur que le trouble & le dérangement qu'on mettroit dans fa végétation, ne faffe couler la fleur.

8°. Le raifin étant parvenu à fa groffeur,

s'il eft néceffaire de le découvrir pour avancer fa maturité, il ne faut point arracher les feuilles; mais les couper à l'extrémité de leur queue, qui doit être confervée entière ; & fans une néceffité abfolue, il ne faut point retrancher les feuilles qui nourriffent les yeux qui garniront les tailles de l'année fuivante. 9°. Nul arbre n'a autant befoin que la Vigne d'être concentré & rapproché. Autant fon jeune bois eft tendre, autant fon vieux bois eft dur & imperméable à la feve, fur-tout lorsqu'il eft rempli de nœuds, de chicots, d'onglets, de cicatrices; par conféquent le progrès de la Vigne, qui dans nos climats ne peut être trop facile & trop prompt, eft embarraffé & retardé fi la feve eft obligée de paffer par une grande longueur de ces vieux bois pour parvenir aux nouvelles tailles. Ainfi il faut, à la taille fuivante, fupprimer les longs bois de l'année précédente; ravaler les tailles qui ont produit plufieurs bourgeons, fur le plus bas ou fur les deux plus bas de leurs bourgeons, & tailler ces bourgeons à une longueur convenable à leur force; lorfqu'au deffous des anciennes tailles il naît de beaux bourgeons gourmands ou de faux bois, ravaler deffus le vieux bois, & les employer pour rajeunir la Vigne.

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