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10. Les Vignes qui fe cultivent dans les jardins, fe plantent en contre-efpalier ou en planches, pour être attachées à des échalas. Nous venons d'expofer leur taille & leur conduite. Les ceps doivent être plantés à trois pieds au moins de diftance l'un de l'autre, afin que chacun trouve une nourriture suffifante & jouiffe librement de l'air & du soleil.

Elles fe plantent auffi en efpalier, ou en contre-efpalier garni de treillages, & fe placent à de grandes distances ( vingt-cinq ou trente pieds ). On forme fur chaque côté du cep une branche principale que l'on dispose horizontalement à fix ou huit pouces au deffus de la plate bande d'année en année on alonge ces branches, en taillant leur bourgeon terminal à une longueur de deux ou trois pieds, fuivant fa force. Environ de deux en deux pieds on conferve un œil fupérieur (on éborgne tous les autres) dont il naît un bourgeon, qui fe multiplie dans la fuite par la taille; de forte que ces noeuds garnis de bourgeons, peuvent être confidérés, taillés & traités comme autant de ceps; mais on paliffe les bourgeons le plus horizontalement qu'il eft poffible. On forme & on fait courir fur le mur autant de ces branches-meres parallèles, que fa hauteur

191 le permet, à une distance de trois pieds au moins entr'elles; ainfi un contre-efpalier pourra en porter une dans le bas & une autre dans le haut; un mur de huit pieds en portera trois, &c. L'ufage de planter la Vigne dans les ef paliers entre d'autres arbres & de la faire courir fous le chaperon, eft fort nuifible aux arbres, qu'elle domine, qu'elle étiole, qu'elle prive des pluies & des rofées.

CHAPITRE XX.

MALADIES DES ARBRES.

LES Es végétaux font, comme les animaux, fujets aux maladies & aux accidens; expofés au pillage & aux infultes des animaux; attaqués par une multitude d'infectes conjurés contre leur fécondité, leur fanté & leur vie.

1. LA JAUNISSE eft une maladie commune à tous les arbres, qui rend jaunes les feuilles, le liber & la moële des bourgeons.

Ses effets font la chûte des feuilles avant le tems, le defféchement des fommités des bourgeons; la maigreur, la roideur & la fra

gilité du bois; la petiteffe & prefque l'avor tement des yeux; la tenfion, l'aridité & la ténuité de l'écorce; l'infipidité des fruits; l'altération de la feve & des humeurs ; la langueur & le dépériffement de l'arbre, & enfin fa mort, s'il n'eft fécouru à tems.'

Ses principales caufes font une terre maigre, ufée, affadie, fans fond, trop féche, trop humide, trop froide, scellée & impénétrable aux pluies; l'argile, le tuf, la glaise contigus aux racines; des fourmis qui les éventent & les échauffent; des taupes & des mulots qui les mettent à l'air; des chancres aux racines ou au corps de l'arbre; les greffes enterrées; les arbres plantés trop bas.

La caufe étant connue, le reméde eft facile. Si elle ne fe trouve point dans le corps de l'arbre, il faut la chercher dans les racines; & fi cet examen fe fait pendant la feve, il faut découvrir les racines, les vifiter, les traiter, les regarnir de terre ( & la plomber à l'eau) l'une après l'autre. Si le mal provient du terrein, on emploie, fuivant les cas, les arrofemens, les labours, les binages, les tranchées pour tirer & faire écouler les eaux, les engrais, les terres de bonne qualité, &c.

II. LA ROUILLE répand des taches rouffes, faillantes & graveleuses fur les jeunes bourgeons & fur les feuilles.

Ses effets font l'érofion du parenchyme des feuilles qui laiffe nues & découvertes leurs fibres & leurs arrêtes; le développement des yeux fevrés, avant d'être perfectionnés, de la nourriture que les feuilles leur préparoient & leur fourniffoient; & par conféquent la stérilité de l'arbre l'année fuivante.

Ses causes font quelquefois les mêmes que celles de la jauniffe; quelquefois des pluies continues pendant l'été, ou une alternative de pluies ou de nuits froides dans cette faison, & d'un foleil vif & brûlant : le plus fouvent des infectes qui, ordinairement pendant la nuit, rongent l'épiderme des bourgeons & le parenchyme des feuilles, dont les plaies ne peuvent fe guérir, étant fans ceffe rouvertes par de nouvelles morfures & frappées des rayons du foleil.

La dernière caufe fe peut détruire par la vigilance & l'activité du Jardinier à chercher & détruire ces infectes: il n'eft pas au pouvoir de l'homme de faire ceffer la feconde. Les remèdes indiqués pour la jauniffe feront les mêmes pour la rouille, lorsque les caufes font les mêmes.

III. LA BRULURE, la LEPRE, le BLANC, le MEUNIER, font les noms fynonimes d'une maladie propre au Pêcher, fur-tout aux Madeleines (quelquefois elle attaque auffi l'Abricotier & le Prunier), qui couvre les feuilles, les bourgeons & les fruits d'un duvet blanc, farineux. C'est une espèce de maladie de la peau, qui fe manifefte d'abord fur les dernières feuilles & les extrémités des bourgeons, & s'étend fucceffivement en defcendant jufqu'à leur naiffance.

Ses effets font la chûte anticipée des feuilles; la ruine des yeux privés de nourriture, & attaqués eux-mêmes de la maladie; fouvent la perte de l'extrémité des bourgeons ; & enfin la mort de l'arbre, fi la maladie opiniâtre pendant plufieurs années eft rebelle aux remèdes.

Ses causes font plûtôt foupçonnées que connues. Les uns en accufent l'humeur gommeuse mêlée avec une feve appauvrie, qui a obftrué les conduits & détruit leurs refforts; de forte que, ne pouvant y rentrer, elle flue en dehors par parcelles très-minces, qui achevent de fe corrompre par l'action de l'air & du foleil. D'autres attribuent cette maladie à des pluies froides ou des rofées chargées de mauvaises vapeurs, qui s'introduifant par les pores de la

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