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plufieurs générations qui les multiplient & les renouvellent plufieurs fois.

VI. LE TIGRE, petit infecte dont les ailes font mouchetées de noir & de blanc, ronge le parenchyme des feuilles de Poiriers en espalier, fur-tout du Bonchrétien d'hyver aux expofitions du midi & du levant; de forte qu'étant réduites à leurs nervures, elles tombent pour la plûpart, & par conféquent le fruit périt ou ne prend ni groffeur ni faveur, & les yeux à fruit avortent, ou font mal conditionnés.

Le feul moyen deftructeur eft de faire paffer au mois de Mai toutes les feuilles entre les doigts, les preffant affez fortement pour écrafer les infectes & leurs œufs.

VII. LES LIMACES & les LIMAÇONS mangent les jeunes feuilles des arbres, les fruits lorfqu'ils font mûrs, & quelquefois la peau tendre des Poires, des Abricots & des Pêches liffes, lorfque ces fruits font encore petits.

Le foin de détruire au printems ces infectes, fur-tout pendant la nuit, lorfqu'ils fortent de leurs retraites, préviendroit leur multiplication; & l'affiduité à les écrafer après les pluies, les rofées, & pendant la nuit, lorsqu'ils font

répandus fur les arbres, eft le feul eft le feul moyen d'en diminuer beaucoup le nombre.

VIII. JE ne ferai qu'un article de la petite Lifette grife couleur de cendre, qui coupe les jeunes bourgeons; de la groffe Lifette tachetée de gris & de brun, qui mange l'embryon des fruits; des perce-oreilles, qui criblent les feuilles & en font un réseau, percent toutes fortes de fruits, les raifins mêmes, pour s'y loger & y vivre à difcrétion; des hannetons, qui mangent les feuilles; des punaifes de bois, qui en rongent le parenchyme & la peau des fruits parfumés; des guêpes & des mouches, qui endommagent les fruits murs.

Il faut chercher pendant la nuit fur les arbres, ou pendant le jour dans leur retraites, ces infectes malfaifants, & prendre les guêpes & les mouches, comme les fourmis, dans des fioles pleines d'eau miellée ou fucrée.

IX. TROIS animaux font fort préjudiciables aux efpaliers Le MULOT, qui fe creufe des retraites fous les racines des arbres: La TAUPE, qui en faifant fes routes fouterraines rompt le chevelu, & quelquefois des racines moyennes; donne, comme le mulot, entrée à l'air,

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au froid & au hâle; dont on ne peut trop défendre cette partie des arbres. Le LOIR, ou

Rat des jardins, qui entame tous les fruits à mefure qu'ils mûriffent, & fait de très-grands dégâts dans les efpaliers.

Dès le mois de Mai, lorfque le Loir, réveillé de fon long fommeil, commence à paroître, il faut lui tendre des piéges de toute efpèce, amorcés de quelques morceaux de fruits. Un moyen plus sûr de le détruire, eft de piler, jusqu'à réduire en poudre, de la noix vomique, de la fricaffer avec de la graiffe, de mettre de cet appas fur des teffons, ou des tuileaux, ou des pierres plates, ou de petites planches, & les placer fur les murs, ou dans le treillage à une hauteur à laquelle les animaux domestiques ne puiffent atteindre : car ce poison, très-dangereux pour tous les animaux à poil, doit être réservé pour les loirs, les rats, les fouris & les mulots. Deux attentions font nécessaires; l'une, de ne toucher à cette drogue qu'avec une spatule ou une cuiller de bois; l'autre, de placer au deffus un tuileau ou quelqu'autre couverture, pour la défendre de la pluie. Si elle a été touchée de la main, ou mouillée, le Loir n'en mange point. Auffi-tôt qu'il commence à mûrir des fruits,

nul appas ne peut le féduire; il faut le furprendre en maraude pendant la nuit, & le tuer à coups de fufil.

Tout le monde fait prendre les taupes.

Pendant toute l'année, il doit y avoir au pied des murs des quatre de chiffres, des affommoirs, des cloches de verre ou des terrines de terre verniffée à moitié remplies d'eau, enterrées à fleur de la plate-bande & amorcées de quelques miettes de pain, pour prendre les mulots, les crapaux, les falamandres, & les loirs mêmes.

Des OISEAUX qui mangent les fruits, furtout les cérifes, les figues & les raifins, on écarte les uns avec des épouventails, on empêche les autres d'approcher avec des filets dont on couvre les arbres.

CHAPITRE

XXII.

MOYENS DE METTRE Les Arbres A FRUIT.

IL

y a des arbres fi vigoureux & fi emportés, ya que la taille la plus alongée ne peut les dompter, la charge la plus forte ne peut les modérer; un Jardinier emploie en vain, pendant

douze ou quinze ans, toutes les reffources

de fon art, pour en obtenir quelques espérances de fécondité. Cependant deux moyens peuvent triompher de cette fougue & de cette indocilité, auxquelles le Poirier greffé fur Franc & le Pêcher greffé fur Amandier font plus fujets que les autres arbres.

&

1o. Déplanter ces arbres avec beaucoup d'attention, fans rompre, meurtrir, ni endommager leurs racines; & les replanter auffi-tôt dans la même place, ou ailleurs. Le nombre des fuçoirs & leur action étant moindres, leur travail étant interrompu, il est évident que la feve, diminuée de volume & de force, au lieu d'ouvrir & alonger les yeux, les formera à fruit.

2o. Découvrir le pied de ces arbres, & s'ils ont des racines très-fortes ou pivotantes, les fcier jufqu'aux deux tiers de leur diamètre non pas à leur naiffance, mais à dix ou onze pouces de leur naiffance. Cette opération, beaucoup moins violente que l'amputation de leurs groffes racines, que prefcrit M. de la Quintinye, rend la feve moins abondante & par conféquent moins rapide dans fa circulation, mieux travaillée & plus propre aux diverses productions des arbres.

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