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3°. Quelques Jardiniers ont une autre pratique, qui ordinairement n'eft pas fans fuccès. Vers la fin de Juin ils taillent, à la longueur marquée ci-devant, tous les bourgeons foibles & moyens des Poiriers & des Pommiers vigoureux. La feconde seve, ouvrant les yeux de ces tailles, fait naître des bourgeons à bois & des branches à fruit, qui ont le tems de s'aoûter. Au printems fuivant, la feve partagée, & distribuée à toutes ces branches que la taille de Juin a fort multipliées, agit avec plus de modération, & les yeux à fruit fe perfectionnent.

CHAPITRE XXIII.

TEMS ET FAÇON D'ÉCLAIRCIR ET DE
DÉCOUVRIR LES FRUITS.

1. LES Fruits qui n'acquiérent point, la grosfeur propre à leur efpece (en terrein convenable), font rarement de bonne qualité. En laiffer fur les arbres un trop grand nombre, c'eft s'expofer à n'en recueillir que de médiocres pour le volume & la bonté, & à en être privé l'année fuivante : car les arbres ne peuvent suffire à cette furcharge', & à former des

yeux à fruit bien conditionnés. En déchargeant les arbres, & préférant la beauté & la bonté au nombre, on gagne beaucoup fur les qualités des fruits; & on ne perd rien ou on perd peu fur la masse, puifque celle d'un nombre médiocre de beaux fruits eft à peu près égale à celle d'un grand nombre de petits.

Si donc les arbres ont retenu trop de fruits, il faut en retrancher, & ne leur laiffer que ce qu'ils en peuvent bien nourrir & perfectionner; & même un peu moins, afin de ne pas les fatiguer ou altérer leur vigueur..

Cette fuppreffion fe fait d'abord fur les Amandiers & les Abricotiers, avant que le noyau de leurs fruits foit devenu dur & ligneux. Ces fruits, que l'on détache aifément en tordant un peu, s'emploient en compotes, qui, quoiqu'elles ne foient pas fort bonnes, font plaifir en cette faifon, & annoncent les premiers fruits de l'année.

Enfuite on éclaircit les Pêches, que l'on détache de la même façon.

Enfin on foulage les Poiriers & les Pommiers, ne laiffant à chaque bouquet fur les branches fortes des arbres vigoureux que deux ou trois fruits, & un ou deux fur les branches foibles ou moyennes. On coupe la queue des fruits qu'on

qu'on retranche, le plus loin qu'on peut de sa naiffance: car on ne doit arracher la queue d'aucun des fruits que l'on fupprime, de peur de faire des playes à côté de ceux que l'on conferve.

On fupprime d'abord tous les fruits mal faits, & ceux qui, ayant moins profité que les autres, ne promettent que des fruits chétifs. Si cette fuppreffion ne décharge pas affez l'arbre, il faut retrancher les fruits placés vers l'extrémité des jeunes branches, & conferver par préférence les plus voisins de leur insertion. Car, s'il est bien reconnu que les fruits des vieux arbres ont plus de qualité que ceux des jeunes, parce que les fucs de ceux-là, paffant par des couloirs étroits, font mieux élaborés & plus affinés, il est facile de juger que les fruits fur la partie des branches la plus tendre, & dont les couloirs font plus ouverts, font nourris de fucs plus groffiers, plus cruds, moins digérés.

Il paroît inutile d'obferver qu'on n'éclaircit point les Cerises, rarement les Prunes & tous les fruits de petites efpeces, comme la Pomme d'Apy, les Poires de petit Mufcat, de Rouffelet, de Bezy de Caiffoy, &c. parce que ces arbres contenant autant de fucs que ceux de groffes efpeces, le grand nombre de leurs pePartie I. Q

tits fruits est rarement équivalent à un petit nombre de Pommès de Rambour, de Poires de Bonchrétien d'hyver, de Colmar, de Virgouleuse, &c. Cette opération n'a point lieu fur les grands arbres en plein vent.

II. IL eft bon d'expofer à l'impreffion immé diate des rayons du foleil, les Abricots, les Pêches, & quelques efpeces de Poires, pour leur procurer le goût, le parfum & les couleurs les plus agréables. Ce foin eft fuperflu & pourroit être nuifible aux fruits qui n'ont pas encore acquis toute leur groffeur; l'ombre eft favorable à leur accroiffement, & fouvent à leur confervation: il faut donc le différer juf qu'à ce que le vert de leur peau s'éclairciffant, annonce leur maturité prochaine. Alors on les tire peu-à-peu de l'obfcurité, en retranchant un jour quelques feuilles, un autre jour quelques autres, & ainfi fucceffivement pendant huit ou dix jours, afin de ne les pas exposer tout-à-coup, mais de les accoutumer par dégrés à l'action du grand air & à la chaleur du foleil.

En retranchant les feuilles qui couvrent le fruit, il faut être fort attentif à ne les pas ar racher; mais les couper à l'extrémité de la queue, ou même ne fupprimer que la partie

qui fait ombrage au fruit: car, je le répéte encore, les feuilles étant deftinées principale ment à fournir & préparer la nourriture des boutons qu'elles couvrent fous leur aiffelle, de l'arrachement d'une feuille s'enfuit néceffaires ment l'avortement & la ruine du bouton.

CHAPITRE XXIV.

RÉCOLTE ET CONSERVATION
DES FRUITS.

1. LEs Figues, les Fruits rouges, tous les Fruits à noyau, ne fe recueillent qu'à leur par faite maturité, & fe confervent peu de jours. On prévient un peu celle des Poires d'été fujettes à mollir ou à cotonner, afin que l'acquérant plus lentement, & fucceffivement dans la Fruiterie, leur jouiffance foit moins courte. Il s'agit donc principalement des Poires & des Pommes tardives & des Raifins.

1o. Il faut laiffer les Poires & les Pommes. le plus long-tems qu'il eft poffible fur les arbres, jufqu'à ce que les gelées de la fin de Septembre ou du commencement d'Octobre obligent de les mettre à couvert. Cueillies trop tôt,

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