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LA Greffe fert à multiplier & à conferver fans altération les individus des efpeces précieuses, en faifant adopter par un fauvageon une branche ou les rudiments d'une branche d'arbre franc. Elle fe fait en diverfes faifons & de diverfes façons, d'où elle a pris divers noms.

I. Greffe à emporte-piece.

AVEC un emporte-piéce de forme & de grandeur à volonté ( de huit à dix lignes de longueur fur trois ou quatre lignes de largeur), coupez ou incifez fur un bourgeon d'arbre franc bien en feve, tel que AB Pl. I., une piéce d'écorce telle que A, garnie d'un œil bon, fain & bien conditionné, dont vous retrancherez la feuille; mais vous conserverez toute ou la plus grande partie de la queue, qui eft néceffaire pour achever de nourrir & de perfectionner l'œil. Avec un cure-dent, la queue d'un greffoir, ou autrement, décollez

cette pièce d'écorce, de forte que l'œil demeure plein, c'est-à-dire, garni d'un petit filet ligneux, qui eft le germe & le rudiment de la branche qui doit naître de l'œil. Tout œil qui en eft dépourvû, ne fait pas plus de production qu'une femence fans germe. Sur un fujet tel que CD, dans un endroit dont l'écorce foit vive & bien unie, coupez ou incisez, avec le même emporte-piéce, une pièce d'écorce telle que E. Décollez-la, rejetez-la, & fubftituez-y la piéce A, dont les dimensions font parfaitement égales & femblables; liez-la de plufieurs revolutions de laine filée ou de chanvre (qui ne faffent pas une fpirale, mais qui fe croisent fur les deux côtés oppofés, comme un bandage), de forte que toutes les jointures foient exactement couvertes, & qu'il ne refte d'apparent que l'œil.

Aucune Greffe n'a un fuccès plus prompt & plus sûr; parce que l'écorce du fujet n'étant point décollée, la couche ligneufe qui fort de fes bords incifés fe joint, fe foude, & forme bientôt union avec celle de la Greffe. Auffi la Greffe à emporte-piéce convient à tous les arbres (même au Figuier & au Châtaignier) & fe fait tant à la pouffe qu'à œil dormant.

II. Greffe en écuffon à œil dormant.

SUR un endroit bien uni d'un fujet, il faut : 1o. Avec le tranchant du greffoir, faire à l'écorce une incifion horizontale a, dont la longueur foit un peu plus grande que la base de l'écuffon; du milieu de cette incision, en abaisfer une verticale, comme ab, un peu plus longue que l'écuffon : 2o. Inciser sur un bourgeon d'arbre franc bien en feve, tel que AB, une piéce d'écorce large de trois ou quatre lignes, longue de neuf ou dix lignes, taillée en pointe par fon extrémité inférieure, imitant un peu la forme d'un ancien écuffon d'armoiries, telle que F, G, c, d, garnie d'un oil bien conditionné, avec la queue ou partie de la queue de fa feuille : 3°. Décoller, détacher, enlever cette pièce d'écorce; foit avec le bout large d'un cure-dent, ou autre outil très-mince, que l'on infinue entre le bois & l'écorce de l'écusfon, & que l'on fait defcendre jufqu'à l'œil pour couper le filet ligneux; foit avec la queue du greffoir, que l'on gliffe entre le bois & l'écorce de l'écuffon à l'endroit de l'œil; foit en faififfant l'écuffon avec l'index & l'ongle du pouce que l'on place dans l'incifion de l'écorce

vis-à-vis de l'œil, ferrant un peu, & faifant en même tems avec l'autre main tourner le bourgeon; foit de toute autre façon, fuivant l'adreffe & l'ufage du greffeur; le point important étant de lever l'écuffon avec son œil plein, & fans rompre ni endommager le liber de fon écorce. La manière la plus fùre, la plus facile & la plus expéditive, eft de lever, avec la lame du greffoir, l'écuffon avec un peu de bois comme e, qu'on retire enfuite avec la pointe de la lame, l'infinuant entre la piéce d'écorce & ce petit copeau, pour couper le filet ligneux, comme en f. Avec un peu d'adreffe & d'habitude, on leve ainfi les écuffons avec trèspeu de bois; & il fuffit de retirer les zeftes ligneux au deffus & au deffous de l'œil, afin que les écorces intérieures de la majeure partie de l'écuffon foient appliquées immédiatement fur l'aubier du fujet. Quand toute la cavité de l'œil demeureroit remplie de bois, le fuccès de l'écuffon n'en feroit pas moins affuré : toutefois il vaut mieux qu'il ne demeure point du tout de bois, fur-tout aux écuffons des arbres gom-. meux : 4°. Avec l'ongle ou la queue du greffoir, décoller l'écorce du fujet des deux côtés de l'incifion verticale : 5°. Tenant l'écuffon par Fœil, le faire defcendre entre le bois & l'écorce

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du fujet, & le placer de façon que fon écorce intérieure foit exactement appliquée fur la furface ligneufe du fujet, & que fa bafe joigne immédiatement la lèvre fupérieure de l'incifion horizontale, comme on voit en g: 5o. Lier & bander le tout de plufieurs revolutions de chanvre, ou de fil de laine ou de coton, ou d'écorce d'ofier, ou même avec du jonc un peu fané & vuidé de fa moëlle comme la greffe précédente, de forte que toutes les incisions en foient couvertes, & qu'il ne refte de décou vert que l'œil.

Cette greffe convient à tous les arbres fruitiers, excepté au Figuier & au Châtaignier.

Nota. 1°.Les bourgeons fur lesquels on leve les deux greffes précédentes, doivent fe prendre fur des arbres formés & en rapport, sains & d'efpece bien franche; être de force moyenne, ni chifons, ni gourmands; être bien garnis d'yeux & en pleine feve.

2o. Auffi-tôt que l'on a cueilli ces bourgeons, il faut en retrancher l'extrémité tendre, toutes les feuilles jusques ou presque jusqu'à la queue exclufivement, & toutes les productions qui transpirent facilement.

3°. En mettre le gros bout dans l'eau, ou l'enfoncer dans quelque fruit aqueux, comme

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