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bois de deux ans, comme oooo Pl. II. On peut ne les cueillir que dans le moment où l'on veut les employer, ou dès le mois de Janvier,

Mars. 20. Les greffes, fi elles font bonnes, bien inférées & bien garnies, n'ont point le tems de fecher fur l'étuu, fuffentelles faites dès la fin de Janvier, dès le mois de Décembre, dès le mois de Novembre même ; j'en ai des preuves inconteftables dans des greffes de Poirier faites dès le commencement de Novembre. Car une greffe bien faite, & enveloppée d'une marotte, ne fouffre pas plus fur la tête d'un fujet, que fi elle étoit jettée dans une cave, ou fichée en terre : j'ajoute qu'elle n'y fouffre pas plus que la branche naturelle de ce sujet, puifqu'il eft certain que la première action de la feve du fujer fe porte fur la playe qu'il a reçue, & par conféquent fur la greffe inférée dans cette playe, &, par conféquent encore, auffi-tôt fur la greffe que fur les branches naturelles du sujet. Il n'y a que les greffes faites maladroitement qui se defféchent & périffent, non parce qu'elles ont été faites en Février ou Mars, mais parce qu'elles ne peuvent s'unir avec le fujet; ou des greffes faites avec des bourgeons trop avancés, dont les yeux prefque developpés ont épuifé la feve: car les greffes, en quelque faifon qu'elles foient faites, ne recevant point de fecours du fujet avant dix ou douze jours, le foleil, fur-tout en Avril & Mai, defléche celles-ci avant ce terme. Greffer plus tôt ou plus tard, pourvû qu'on ne décolle point les écorces, il importe peu: la difficulté eft de retarder le progrès des bourgeons, & de les conferver en bon état. Écoutons la-dessus M. D. L. B., après que nous aurons cité quelques mots de fon texte.

On repéte donc qu'on peut planter & greffer ces arbres en même tems & même année. Quoi? La feve n'eft point arrêtée

pourvû qu'on les pique en terre à l'expofition

du Nord.

2o. Il faut fcier horizontalement le fujet n;

dans des arbres qu'on plante, les greffes peuvent s'y coller, & elles n'ont point le tems de fecher; & des sujets plantés depuis plufieurs années n'ont pas les mêmes avantages? M. D. L. B. nous le perfuadera difficilement, & s'accordera avec lui-même, s'il le peut.

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On peut, dit-il, faire sa provision de rameaux, ou bonnes branches à greffer, depuis la chûte des feuilles, quand on commence à tailler les arbres, jufqu'en Mars, long-tems avant de s'en fervir.... Lorfqu'on veut feulement les garder pour fon ufage on met ces paquets fans autre façon debout fur terre dans quelque coin de la cave éloigné des foupiraux & de la porte, pour les garantir de l'air qui pourroit les deffécher avant de s'en fervir. On ne coupera fes rameaux qu'en Février; ils s'en conferveront mieux, en féjournant moins à la cave ..... L'ufage le plus commode & le plus général, eft de les mettre à la cave.

(Ceux qui n'ont point de cave font privés des avantages de la nouvelle découverte. Conferver des rameaux de Prunier depuis le commencement d'Octobre; de Poirier, de Pommier, de Cerifier, depuis Novembre jufqu'au 20 Mai; c'est-à-dire, fept ou huit mois, fans qu'ils s'altérent ou en se defféchant, ou en pouffant; & dans une cave! Les conferver même depuis Février jusqu'au 20 Mai, au moins trois mois, dans une cave! Les Plantes & les Légumes dans l'air tempéré d'une cave font en peu de tems des pouffes longues & étiolées ; on y met l'Ofier, afin de le faire entrer en feve, pour le blanchir; on craint le féjour d'une cave pour les Plantes d'Orangerie, parce qu'elles s'y mettent en feve avant le tems, &ç.

unir la coupe, fur-tout aux endroits où l'on doit placer les greffes. Avec une ferpette ou autre inftrument, dont on pofe le tranchant

Par quelle vertu occulte, les bourgeons des arbres fruitiers y demeurent-ils fans action & fans altération jusque vers la fin du Printems? Nous fommes bien fimples d'obiner nos arbres, au lieu de les mettre à la cave jusqu'à ce que nous ayons la commodité de les planter. Cette découverte eft plus nouvelle que la précédente. Car, il faut le déclarer à M. D. L. B. fa nouveauté fur la faifon de greffer en fente eft un antique connu de tous les cultivateurs, qui, hors quelques cas, comme des envois de greffes retardés, des fujets plantés vers la fin de l'hyver dans lesquels la feve eft lente à monter; de fortes gelées continues jusqu'en Avril, comme en cette année 1785, &c. n'en font jamais ufage, à moins qu'ils ne veuillent effayer leur adreffe: c'eft une pratique qui n'offre que des difficultés, fans avantages fur l'ufage général. Si les Auteurs routiniers l'avoient crue mériter seulement une courte note, ils auroient épargné à M. D. L. B. la peine de la repéter fastidieusement en beaucoup d'endroits de fon Livre. Mais comme des faits particuliers, néceffités par les circonftances, ou des pratiques locales telles que celle de la Vallée de Montmorenci (que M. D. L. B. avoue ne fçavoir que fur le recit d'autrui, & fes expériences dont il eft permis de fe défier) ne font pas une loi générale, puisqu'elles n'en font que des exceptions, ils n'ont point ameuté le public pour lui prôner cette merveille.

J'abandonne le refte de la greffe en fente, dont le détail me mencroit trop loin ; & j'abandonnerois toutes les autres greffes, fans un reproche qu'il me fait fur la greffe à emporte piece, & fans une greffe très-nouvelle & fingulière qu'il ex

fur le diametre de la coupe, & fur le dos duquel on frappe avec un maillet, faire une fente verticale, longue d'un pouce & demi ou deux;

pofe en ces termes : La greffe entre le bois & l'écorce proprement dite, n'eft qu'un rameau qu'on infére dans l'écorce en y faifant, dans un endroit vuide où l'on veut ajouter une branche, une entaille avec un petit cifeau de menuifier, qu'ils appellent un Bec-d'âne, pour y inférer le rameau taillé en bec-de-flûte.

( Une greffe entre le bois & l'écorce, ou dans l'écorce; taillée en bec-de-flûte; pour laquelle il faut un bec-d'âne! C'est ici mon dernier mot fur les greffes de M. D. L. B. Pour peu que j'ajoutaffe, le lecteur croiroit que j'ai pris à tâche de prouver qu'il n'a jamais greffé, jamais vû greffer, jamais fçu ce que c'eft qu'une greffe. Mais je prends la liberté de lui confeiller de lire, avant la feconde édition de fon Livre, ce que de fçavants Phyficiens ont écrit fur la greffe, & de faire enfuite quelques campagnes fous Chriftophe, Pépiniérifte des Chartreux, ou quelqu'autre habile greffeur. Alors il pourra parler pertinemment de la greffe, & ne pas envoyer tous les greffeurs & les auteurs à l'école de Montmorenci. Le ton d'Ariftarque, les phrafes tranchantes, les détails minutieux & puériles, ne lui tiendront point lieu de connoiffances ; & il n'établira point fa reputation & fa célé brité fur le dépris d'autrui.

Voici fon reproche fur la greffe à emporte-piece. Il falloit peut-être dire ce que c'eft qu'un emporte-piéce; (Qui eft-ce qui ne le fçait pas ?) donner la defcription & la mesure (J'ai donné la mesure) de cet inftrument, ou renvoyer cette explication à un Chapitre d'Inftruments & Outils, qui manque. Puifque M. D, L.. B. m'en donne l'occafion, je vais lui

tenir la fente entr'ouverte par le moyen d'un coin ou d'un inftrument T, que les Greffeurs nomment zéde, qui porte un coin à chaque

rendre raifon de toutes les omiffions qu'il me reproche en plufieurs endroits.

10. Je n'ai point compofé ce petit Ouvrage pour les fçavants Amateurs, ni pour les Jardiniers inftruits. Ils auroient raison de méprifer mes leçons; je recevrois les leurs avec reconnoiffance. Je n'ai eu dessein que de rediger un livret (malgré moi il eft devenu un Livre) à l'ufage des Jardiniers de Province qui ne font pas à portée de fe former fous d'ha biles maîtres, & des Particuliers qui defirent s'amufer d'un Jardin bourgeois. Dans cette vûe, j'ai préféré à l'ornement & à l'élégance du difcours, un ftile ferré, concis, & même fec. J'ai évité les redites, fupprimé les détails inutiles, omis ce qui eft vulgairement connu; parce que la plûpart des Jar-, diniers n'étant ni opulents, ni grands lecteurs, les gros volumes ne leur conviennent pas. Ainfi, je n'ai ni décrit ni deffiné l'Emporte -piéce, parce que, ayant feulement dit à un Serrurier de village l'ufage que je voulois faire de cet outil, il m'en fit plusieurs très-bons. Ainsi je n'ai point, fait de Chapitre d'Outils, parce que chaque Province, & même chaque canton ayant fes outils & l'habitude de s'en. fervir, on n'adoptera pas les miens d'ailleurs il n'y a point de mauvais outils dans des mains adroites; dans d'autres, les meilleurs ne valent rien ce Chapitre étoit donc inutile. Ainfi je me suis contenté d'indiquer un moyen de détruire les Loirs, qui dans une feule nuit peut faire périr plus de Loirs & de Bêtereaux que ne pourroient en une année tous les piéges de M. D. L. B. & ceux qu'il a omis, ou qu'il ne connoît pas. Ainfi je n'ai point enfeigné

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