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corps qu'elle ne peut pénétrer s'arrête, & produit pareillement des racines obliques.

D'après cet expofé, on peut juger la pratique des Jardiniers, qui, en transplantant un arbre, coupent, rognent, mutilent des parties d'où dépendent fa vie, fa vigueur & fa durée; des parties fi effentielles, que leur naiffance précéde toujours celle de la plume ou tige des arbres élevés de femences, qui ne fe developpe que lorsque les racines font en état de la nourrir. Moins on retranche des racines d'un arbre que l'on transplante, moins les plaies font grandes & nombreuses, & plus il produit en peu de tems de racines chevelues, c'est-à-dire de pourvoyeuses, qui s'occupent de fa fubfistance; plus auffi on peut lui laiffer de branches, car la proportion eft reciproque entre les branches & les racines. Au lieu qu'en ruinant fes racines, il faut auffi retrancher fes branches; de forte qu'il a à produire en même tems de nouvelles branches & de nouvelles racines, travail fouvent au-dessus de fes forces.

Le Pivor eft un fujet de grande contestation entre les Jardiniers. Les uns le défendent avec paffion & le confervent précieusement; les autres le retranchent & le profcrivent. Prenons la raifon pour juge de ce différend. 1o. Tout

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arbre dont la racine eft pivotante est plus vigoureux, mais plus lent à fe mettre à fruit. 2o. Le pivot ne peut fubfifter dans les terreins qui ont peu de profondeur : auffi-tôt qu'il atteint un banc de tuf ou d'argile qui ne contient aucuns fucs nutritifs, l'arbre s'affoiblit & dépérit. 3o. Un arbre formé, d'âge & de force à être mis en place, ne peut fans danger fouffrir de retranchement confidérable dans fon unique racine: il faut la conferver entière, la plier & lui faire prendre une direction oblique, fi le terrein n'a pas une grande profondeur. 4°. Si l'on éleve de femences des fujets pour des arbres fruitiers (qui ne doivent pas acquérir une fort grande hauteur), il vaut mieux pincer l'extrémité de la radicule des femences germées, ou du pivot du jeune plant d'un ou deux ans, lorfqu'on le met en pépinière, pour lui faire pouffer un empatement de racines obliques, qui rend la transplantation plus facile, la reprise plus sûre & plus prompte, & qui convient mieux dans les terreins peu profonds.

Que ceux qui, arrachant avec effort le petit plant de légumes, en rompent la plupart des racines, ou qui les coupent & les pincent avant de le repiquer, jugent combien cette pratique eft préjudiciable à la reprise, à la vigueur & à la beauté des plantes.

II. LE Tronc d'un arbre eft l'extrémité inférieure de fa tige, de laquelle naiffent les racines. Il eft regardé comme le magafin, le réfervoir où les racines dépofent les fucs qu'elles ont ramaffés dans la terre, & le premier eftomach qui les digère & les diftribue dans les diverfes parties de l'arbre.

Il doit être à fleur de terre, afin que l'air & le foleil lui donnent le reffort & l'action néces

faires pour les fonctions. Les arbres qui s'élevent de femences dans les bois, & ceux qui font plantés dans des terres incultes, qui éle vent leur tronc & même la naiffance de leurs groffes racines au-deffus de la furface du terrein, apprennent aux Jardiniers qu'il vaut beaucoup mieux, fur-tout dans les terres froides ou humides, planter les arbres haut, fauf à les butter, que de les planter trop bas.

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III. LA Tige ou le Corps d'un arbre est lạ partie comprise entre le tronc & fes branches. Elle eft plus ou moins longue, fuivant l'efpece & la forme de l'arbre. L'art peut la réduire à une longueur de quelques pouces ; ce qui montre qu'elle n'a pas de fonctions néceffaires dans le travail & la préparation de la feve & des liqueurs, ou qu'elle peut être fuppléée par les ́ branches,

IV. LES Branches font des parties rameufes qui fe divisent & se sous-divisent en un grand nombre de moindres. Leur difpofition & leur direction varient fuivant l'efpece. C'eft fur elles que naiffent toutes les productions agréables & utiles, feuilles, boutons, fleurs & fruits : il faut donc les multiplier & les entretenir en bon état, & en faire naître de nouvelles fur les arbres qui ne font féconds que fur le jeune bois, tels que le Figuier, le Pêcher, &c.

V. LES Feuilles font des productions minces, dont la difpofition fur les bourgeons, la grandeur, la forme, la confistance, la durée, &c. font différentes fuivant les diverses efpeces.

Les feuilles ne font pas feulement un ornement pour les arbres, ou des enveloppes & des abris pour les jeunes pouffes, les fleurs & les fruits leur utilité eft bien plus étendue. Les parties des arbres qui font hors de terre, ne végétent que pendant qu'elles font garnies de feuilles depuis leur dépouillement jufqu'à la renaiffance de leur feuillage, elles font fans action. Si vous effeuillez un arbre en pleine feve, ou fi les infectes dévorent fes feuilles, fa végétation se rallentit, fouvent s'arrête entièrement; il languit, & quelquefois périt. Si, au lieu d'ôter quelques feuilles pour découvrir les fruits,

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fruits, vous en retranchez un trop grand nombre, les fruits ceffent de profiter; les uns tombent, les autres fe fannent & n'acquiérent ni maturité ni qualité. Si la branche qui porte du fruit ne porte pas auffi des feuilles à côté ou au-delà du fruit, ce fruit tombe fans parvenir à fa groffeur. Si vous arrachez une feuille, le bouton couvert fous l'aiffelle de la queue avorte. Ces faits, & un grand nombre d'autres qu'il eft inutile d'expofer, prouvent des vérités univerfellement reconnues: 1°. Que les feuilles font les organes fecrétoires par lesquels les arbres transpirent: 2°. Qu'elles s'imbibent des pluies, des rofées & des humidités, & par conféquent fourniffent, comme les racines, de la nourriture à l'arbre: 3°. Que les unes reçoivent, affinent, préparent, digèrent les fucs né ceffaires aux fruits; les autres, les liqueurs néceffaires aux boutons.

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Un Jardinier, s'il n'eft dépourvû de connoisfance & d'expérience, peut-il couper, arracher, traiter fans ménagement des parties auffi effentielles à la végétation & aux productions des arbres & des plantes? Ne doit-il pas, au contraire, conferver entières toutes les feuilles faines du plant qu'il repique? Placer au Nord, ou procurer de l'ombre aux plantes qu'il veut Partie I.

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