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action fur les parties en-deçà de ces obftacles qui réfiftent à fon cours. 2°. La courbure d'une branche, qui par la tenfion & la preffion de l'écorce contre le bois fur le côté fupérieur, & fes rides & fon froncement fur le côté inférieur, rétrécit le canal de la feve, la force de s'ouvrir des iffues vers le fommet de la courbure. C'est un expédient dont on ufe quelquefois pour faire naître des bourgeons forts dans les endroits où ils font néceffaires. 3°. Un mauvais paliffage, qui incline plus l'extrémité d'une branche que fon milieu, produit prefque le même effet que la courbure, & détermine l'action de la feve fur les yeux les plus élevés : car, je le répéte, la loi générale de fon mouvement porte toujours fa principale action fur les parties les plus élevées; de forte que fi l'on taille une branche difpofée horizontalement fur un œil placé endeffous, quoique terminal, il produira un bourgeon moins fort que l'avant-dernier œil placé en-dessus, & par conféquent plus élevé.

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TEMS ET FAÇON DE TAILLER.

1. L'ESPECE & l'état des arbres déterminent le tems de leur taille.

: 1o. Le Poirier & le Pommier, dont la moëlle eft compacte, & le bois à l'épreuve des gelées de notre climat, fe peuvent tailler depuis le commencement de la chûte de leurs feuilles, jufqu'au premier mouvement de leur feve au mois de Mars. Cependant, dans les mois rigoureux de l'hyver, il faut obferver de ne point tailler pendant les fortes gelées, ni par la pluie, qui peut être auffi-tôt convertie en glace ou en verglas; de peur que ces intempéries faififfant tout-à-coup les plaies récentes, l'œil terminal de la taille ne foit ruiné, ou affez endommagé pour ne produire qu'un bourgeon foible.

2o. Tous les autres arbres, dont le bois eft tendre, & la moëlle large & fpongieufe, ne peuvent fe tailler fans préjudice ou fans danger, que depuis la mi-Février, lorsque le tems des fortes gelées eft paffé, jusqu'à la fin de

Mars. Les vieux, les foibles, les malades fe taillent les premiers, avant que la feve commence à travailler à l'extrémité de leurs bourgeons, parce qu'ils ne font pas en état de fupporter des pertes. Quelques Jardiniers attendent pour tailler les Abricotiers, & les Pêchers qu'ils foient en fleur foient en fleur, ou près de fleurir, afin de diftinguer sûrement les bons yeux de ceux que l'hyver a endommagés ou fait périr. Des travaux plus urgents ou plus intéreffants, & l'impoffibilité de faire autrement, peuvent excufer ce délai presque toujours préjudiciable aux arbres, même les plus vigoureux : car on peut foupçonner, & même affurer, que fouvent la coulure & l'avortement des fleurs, & plufieurs maladies, font occafionnées par la perte de la grande quantité de feve qui étoit montée dans les extrémités qu'on retranche à la taille; par le défordre que cette taille met dans la végétation des arbres qui, dépourvûs & incapables de fuffire en même tems à la guérifon de leurs plaies & à la nourriture de leurs fruits, tombent néceffairement dans la langueur & l'épuisement, s'ils retiennent leurs fruits; à joindre que leurs yeux ouverts ou prêts à s'ouvrir, redoutent les moindres fecouffes, qui peuvent les dé

tacher, & exigent beaucoup d'adreffe & de légéreté dans la main du Jardinier.

II. LA coupe doit être nette, fans éclats du bois, fans déchirement de l'écorce. Pour que la pluie ne s'arrête point fur l'aire de la coupe, & que la plaie fe recouvre plus promptement, on fait la coupe un peu oblique, ou en talus oppofé à l'œil, la prenant un peu plus haut que le fupport de l'œil, & la finiffant à une ou une ligne & demie au deffus de l'œil. Si elle eft prife trop bas, l'œil est éventé & périt, ou ne produit qu'un bourgeon foible; fi elle fe termine trop haut, il reste un onglet qui empêche la plaie de fe recouvrir, & qui fait faire au bourgeon terminal la trompette ou un coude défagréable.

Toute coupe faite avec la fcie doit être enfuite parée & unie avec la ferpette. Toute grande plaie doit être couverte de terre franche, ou de terre pêtrie avec de la bouze de vache.

CHAPITRE

XII.

NECESSITÉ DE LA TAILLE.

LES

Es arbres produifant d'eux-mêmes, & fans le fecours de l'art, toutes les branches à bois nécessaires à leur agrandiffement, & les branches à fruit, fources de leur fécondité, pourquoi tailler un arbre en espalier? Ne fuffiroit

il

pas d'en fupprimer les branches trop nombreuses qui feroient confusion, & celles dont la direction eft mauvaise; d'étendre les autres fur le mur, de toute leur longueur, & de les y paliffer avec ordre & fymmétrie, fans les raccourcir?

1o. Il est bien rare que tous les yeux d'une branche non-taillée s'ouvrent ; ceux qui font placés vers fon infertion, demeurent ordinairement fermés. Ainfi une portion de chaque branche, & au total une partie confidérable de l'arbre, feroit nue & inutile, & par conféquent le coup d'oeil de cet arbre feroit peu agréable & fon produit modique: au lieu qu'en raccourciffant les branches on diminue le nombre de leurs yeux; & la feve, qui ne

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