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dentes, que l'on peut, avec facilité, exécuter ce qui fe joue fur la Harpe à pédales; elles fe touche de même; elle eft composée de vingt cordes, qui forment dans leur étendue quatorze tons, & cinq femi-tons majeurs, par gradations dans tous les modes, foit majeurs & mineurs, par le moyen de fept dièzes, qui fe font avec le pouce de la main gauche & avec une facilité étonnante, fur fept touches allongées qui fe trouvent à la portée du pouce, que les doigts fe dérangent de leur position fur les cordes: lefquelles touches tiennent lieu de pédales, qui se touchent avec le pied fur la Harpe; & lorfqu'il eft néceffaire de former un des sept dièzes, felon le mode qui l'exige, l'on en touche trois d'un feul coup de pouce, qui font la double octave, en conféquence ces fept dièzes en forment vingt-un.

Les anciennes Lyres étant trop petites, avoient peu d'harmonie ; mais le corps de cette nouvelle a près de quinze pouces de hauteur, fur dix-huit de large; ce qui la rend beaucoup plus fonore, & plus harmonieufe l'ancienne. Les cordes font droites & perpendiculaires, élevées fur un seul

que

chevalet posé diagonalement au-deffus de ce corps harmonique, à environ huit pouces de distance, répondant à un petit corps ou boëte qui contient cinq cens pièces méchaniques en

cuivre.

La Harpe, toute intéreffante qu'elle puiffe paroître, a le défaut d'être très-gênante fur l'épaule d'une Dame, qu'eile cache en partie. La nouvelle Lyre, au contraire, ne pesant que fept livres, donne des graces à celles qui en touchent, la tenant du genou gauche, & l'attachant du haut avec un ruban fur l'épaule.

Enfin, cet inftrument eft des plus folides, & n'exige aucune réparation, avantage que n'ont point les Harpes, dont l'entretien eft très-couteux.

Il s'apprend très-aifément, & les perfonnes qui chantent , peuvent s'accompagner. On peut le voir chez le fieur Cherbourg, où l'on en fera entendre l'effet ; & l'on indiquera ceux qui font en état d'en montrer aux personnes qui souhaiteront apprendre à en toucher.

QUATRIÈME PARTIE.

Danfe.

S. I.

Recherches fur la Danfe ancienne. PLATON dans le feptième livre de ses loix, recommande beaucoup la danse, & la met au nombre des exercices de corps, auxquels il invite fes Concitoyens de fe livrer.

Les Grecs ont toujours eu foin d'élever des monumens aux arts; cette attention de leur part n'a pas peu contribué à leur perfection, & à rendre ce pays dans le temps de fa gloire, le centre de toutes les connoiffances humaines. De toutes les inftitutions qui rendront à jamais la Grece célèbre, il n'en eft guères dont on ait tant effayé de parler, & qu'on connoiffe moins que la danse Pyrrhique. Bien des gens la regardent comme un fimple amusement, & cependant cette danse fameuse n'avoir pour objet, que les évolutions militaires. La Pyrrhique étoit une danse de gens ar

més, vêtus de tuniques d'écarlatte, fur lef quelles ils portoient des ceintures garnies d'acier, d'où pendoient l'épée, & une espèce de courte-lance; les Muficiens, outre cela, avoient le cafque orné d'aigrettes & de plumes. Cette bande étoit précédée par un maître de ballet, qui marquoit les pas & la cadence, & qui donnoit aux Muficiens le ton & le mouvement, dont la vîteffe repréfentoit le ton & la rapidité des combats..... Les auteurs donnent diverfes interprétations de de l'origine du terme pirrhique..... Mais ils ne font pas d'accord entre eux; ce qu'il y a de plus certain, eft que cette danse étoit fort an cienne dans la Grèce, comme Homère le justifie par fa description du bouclier d'Achille. Il y place deux villes, l'une jouiffant d'une profonde paix, l'autre accablée des malheurs de la guerre. Dans la première, qu'il éleve au-deffus de la feconde, & dont il représente l'heureuse destinée, il n'y fait voir que des jours de fête, que nôces & que feftins, fuite naturelle de la prospérité. Il met l'autre dans une fituation toute oppofée. La Danfe pirrhique étoit donc une espèce d'exercicę mili

taire. Les jeunes foldats n'ayant que des ar

mes & des boucliers de bouis, faifoient en danfant plufieurs tours & divers mouvemens qui repréfentoient les différentes évolutions des bataillons. Ils exprimoient auffi par leurs geftes tous les devoirs des foldats dans la guerre, comment il falloit attaquer l'ennemi, manier l'épée dans le combat, lancer un dard, ou tirer une flèche, voilà quel étoit l'objet de la Danfe phirrique. Cependant plufieurs joueurs animoient ces foldats par le fon de leurs flûtes, & réjouiffoient le peuple qui étoit préfent à ce spectacle. Celui qui préfidoit à ces jeux, étoit une personne d'autorité, qui avoit droit de châtier ceux qui manquoient à leur devoir. Quelquefois la pirrhique étoit compofée de deux partis, l'un d'hommes, l'autre de femmes; souvent auffi les enfans nobles fe divertiffoient à ces jeux que l'on appelloit caftrenfes, parce qu'ils fe faifoient ordinairement dans le camp, pour l'exercice & pour le divertiffement des foldats; tels étoient les jeux pirrhiques. Les Lacédémoniens furent ceux qui s'adonnerent le plus àcette Danse; & au rapport d'Athénée, ils y exerçoient leur jeuneffe dès l'âge de cinq ans. Xénophon rapporte qu'on donna

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